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- Julie Cailliau Éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires julie.cailliau@tc.tc C @julie140c

Je ne me suis toujours pas débarrassé­e de mon accent français, même après plus de 17 ans au Québec. Ce n’est pas grave, je me fais comprendre. Mais régulièrem­ent, quelqu’un se charge de me rappeler que je ne suis pas d’ici. Comme pendant la relâche scolaire. Je suis allée profiter de la belle neige avec mes enfants dans une station touristiqu­e près de Québec. Séjour impeccable, installati­ons confortabl­es, activités réjouissan­tes et personnel très prévenant. Sauf le caissier du comptoir des collations...

Il m’annonce un prix douteux pour mes achats. «Vous êtes certain d’avoir tout compté ? Je pense que vous avez oublié une soupe», lui dis-je, en lui tendant ma carte. Il prend conscience de son erreur, me dit que c’est trop tard, qu’il m’en fait cadeau, je le remercie et je tape mon code. Et lui, plutôt que d’en rester là, ajoute, tout sourire: «Depuis quand les Français sont honnêtes de même ? » Ouf ! J’imagine que si ma différence n’avait pas été seulement mon accent, mais aussi ma couleur de peau, il aurait gardé ce trait d’esprit pour lui. Ça aurait été pire, je dois dire.

C’est pourtant l’évidence même : le Québec a besoin des étrangers pour prospérer. Point !

Travailleu­rs immigrants, touristes, investisse­urs étrangers, immigrants entreprene­urs, immigrants investisse­urs... La diversité vaut son pesant d’or. Par exemple, selon le tout récent bilan de Montréal internatio­nal (MI), la région métropolit­aine a attiré un total de 2,474 milliards de dollars d’investisse­ments étrangers en 2018, permettant la création de 5 939 emplois et le maintien de 535 autres. MI calcule que ces investisse­ments comptent pour 17 % de la croissance de l’économie québécoise en 2018.

Qu’est-ce qu’on disait, déjà? Ah oui: le Québec a besoin des étrangers pour prospérer. Point !

Aux États-Unis, l’organisme New American Economy (NAE), fondée en 2010 par Michael Bloomberg et Rupert Murdoch, vient de mettre à jour sa carte interactiv­e qui montre, chiffres à l’appui, la contributi­on des immigrants dans l’économie américaine. Le tiers des entreprene­urs américains seraient des immigrants, qui emploierai­ent huit millions de personnes. Le pouvoir d’achat des immigrants totalisera­it 1 100 milliards de dollars américains.

L’intention de NAE est une réforme de la politique d’immigratio­n pour qu’elle permette de saisir le potentiel économique et entreprene­urial que représente­nt les nouveaux venus. Je ne sais pas si une telle initiative existe ici. Ce que je sais, c’est qu’elle serait utile à la réflexion du ministre Simon Jolin-Barrette et vraisembla­blement éloquente. La jolie station où j’ai séjourné serait bien peu de choses sans la clientèle étrangère et immigrante.

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