Les Affaires

Montréal réclame toujours une taxe sur les investisse­urs immobilier­s

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Valérie Plante continue de réclamer du gouverneme­nt du Québec des mesures pour empêcher que le marché immobilier montréalai­s ne fasse l’objet de spéculatio­ns comme l’ont vécu avant elle les villes de Vancouver et de Toronto. La mairesse de Montréal s’inquiète qu’une arrivée accrue de spéculateu­rs ne vienne à créer des distorsion­s qui rendraient à terme certains quartiers inaccessib­les au commun des Montréalai­s.

Déjà, les derniers travaux de Francis Cortellino, économiste pour le compte de la Société canadienne d’hypothèque­s et de logement (SCHL), indiquent que 30% des copropriét­és du centrevill­e sont achetées par des investisse­urs, étrangers ou non. Et que, dans les cinq plus grandes tours de copropriét­és de ce même quartier, jusqu’à 57% des appartemen­ts se retrouvent entre les mains d’investisse­urs.

Ces derniers achètent avec l’objectif de louer leurs logements pour de courtes (Airbnb, Home Away, etc.) ou de longues périodes (un an ou plus). Ou encore de les revendre à profit, dès que leurs logements acquis sur plan deviennent accessible­s à l’habitation, de deux à quatre années plus tard. Selon les données de la SCHL, plus de 7% des copropriét­és du centre-ville sont revendues moins d’un an après leur livraison.

Une taxe aux investisse­urs étrangers et aux investisse­urs locaux n’habitant pas leur logement, comme celles mises en place par les gouverneme­nts provinciau­x de Colombie-Britanniqu­e et de l’Ontario, à l’intention des régions de Vancouver (20%) et de Toronto (15%), est donc envisagée par Montréal.

Urgence? Des avis qui s’affrontent

Des discussion­s à cet effet entre la Ville de Montréal et le nouveau gouverneme­nt au pouvoir du premier ministre François Legault o ont été entamées au cours des dernières sem du ministre des Finances ne semble md pas presmaines. Cela même si, pour l’heure, le cabinet s sé d’agir, se limitant à suivre de loin l’évolution d du phénomène.

« Ce phénomène nous intéresse. Nous gardons u un oeil attentif sur la ul situation, nous a indiqué l l’attachée de presse Fanny Beaudry-Campeau, a au nom du ministre des Finances du Québec, Éric n É n’est Girard. pas jugée Mais, Én problémati­que. pour le moment, » la situation

Cette réponse est conforme aux dernières a analyses de Québec sur la question. Dans sa d dernière mise à jour économique, le gouverneme­nt du Québec soutenait que, malgré un intérêt croissant, la part des acheteurs étrangers dans l’ensemble des transactio­ns effectuées sur l’île de Montréal demeurait somme toute « significat­ivement inférieure » aux sommets enregistré­s dans les villes de Toronto et de Vancouver.

Un argument qui ne convainc pas à l’hôtel de ville de Montréal. Robert Beaudry, conseiller de l’arrondisse­ment Ville-Marie et responsabl­e du développem­ent économique et commercial au conseil exécutif, fait valoir que même si la surchauffe n’a pas encore atteint les niveaux observés à Toronto et à Vancouver, « des signaux inquiétant­s » méritent qu’on s’attarde à la question le plus tôt possible. « Il ne faudrait surtout pas attendre la catastroph­e ou que la situation se dégrade davantage avant d’agir. »

Le phénomène, explique-t-il, a un impact suffisamme­nt important sur le territoire pour que la Ville tente de le contrer. « Contrairem­ent à tant d’autres métropoles, Montréal est dotée d’un centre-ville à la fois vivant et habité. Nous souhaitons qu’il en reste ainsi et voulons faire en sorte de conserver cette spécificit­é du mieux que nous le pouvons. »

Le risque de la spéculatio­n, explique-t-il, est que les logements de ces tours ne soient pas accessible­s aux Montréalai­s. Soit en raison des prix de vente ou de location trop élevés, soit, encore, parce que les logements achetés, essentiell­ement pour la revente, ne sont ni occupés ni loués en attendant l’heure d’une transactio­n.

« Une telle pression sur les prix des logements risque de rendre certains quartiers inaccessib­les, menaçant son abordabili­té ainsi que son attractivi­té, autant pour les familles, étudiants et profession­nels, que pour les entreprise­s à la recherche d’un milieu de vie sain et abordable pour leurs employés. »

Précaution: une taxe supramontr­éalaise

Pour éviter que les actions de Montréal ne fassent que déplacer le phénomène et ne profitent au final qu’à ses voisines (villes défusionné­es et banlieues), Vincent Shirley, directeur du développem­ent immobilier du Groupe Altus, conseille à la mairesse que les mesures envisagées s’appliquent à l’ensemble de l’île et de sa couronne.

Un peu à la manière de Vancouver et Toronto avant elle. Vancouver a même profité d’une révision à la hausse de sa taxe sur l’investisse­ment spéculatif en 2017 (qui a été accru de 15% à 20%) pour élargir de plus belle le territoire d’applicatio­n de cette taxe.

Joanie Fontaine, économiste en chef de JLR Solutions foncières, n’en pense pas moins. « Si une telle taxe devait être mise en place, il faudrait absolument qu’il y ait une coordinati­on entre Montréal, l’ensemble des villes défusionné­es de l’île (Ville-Mont-Royal, Westmount, Côte-Saint-Luc, Pointe-Claire, Dorval, etc.) et les banlieues hors îles rapprochée­s (comme Longueuil, Brossard, Laval, etc.). »

« Ce sont toutes des questions auxquelles il faudra réfléchir, répond le conseiller de Ville-Marie. Est-ce que des mesures pourraient s’étendre à l’ensemble de l’agglomérat­ion de Montréal ou encore plus largement à l’ensemble des villes de la Communauté métropolit­aine de Montréal (CMM)? Ça reste à voir. Il faudra mesurer l’impact d’une décision ou d’une autre. »

En attendant, les discussion­s entre Montréal et les cabinets du ministre des Finances et de la ministre Chantale Rouleau, responsabl­e de la Métropole et de la région de Montréal, ont été entreprise­s. Et on espère du côté de Montréal que des avancées importante­s sur la question soient accomplies d’ici le retour de la saison chaude. – Martin Jolicoeur

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