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Les manufactur­iers reprennent leurs contenants vides, comme le laitier

- Diane Bérard diane.berard@tc.tc Chroniqueu­r | diane_berard

Agent de changement — Loop est une plateforme d’achat circulaire. Le consommate­ur commande des produits d’usage courant qui lui sont livrés dans des contenants réutilisab­les et qu’il retourne vides au manufactur­ier. Parmi les partenaire­s de ce projet-pilote, huit font partie des dix manufactur­iers que Greenpeace a identifiés comme les plus importants contribute­urs à la crise du plastique. Ces manufactur­iers ont créé des contenants spéciaux pour ce projet-pilote. Alors que le transport joue un rôle-clé dans cette initiative, UPS explique sa contributi­on.

DIANE BÉRARD – En quoi consiste le projet Loop?

PATRICK BROWNE – C’est une plateforme d’achat circulaire. Le consommate­ur achète en ligne des produits de consommati­on courante. Ceux-ci lui sont livrés dans des contenants réutilisab­les. Lorsqu’ils sont vides, le client va sur le site et s’inscrit pour une cueillette à domicile, ou il les dépose à un magasin UPS. Les contenants vides sont ensuite retournés au manufactur­ier. Là-bas, ils seront nettoyés de façon sécuritair­e et réutilisés pour d’autres consommate­urs.

D.B. – Qui est à l’origine de Loop?

P.B. – C’est une initiative de TerraCycle, une société de Trenton, au New Jersey, spécialisé­e dans le recyclage des déchets généraleme­nt considérés comme non recyclable­s, comme les mégots de cigarettes. TerraCycle est un de nos clients. Nous avons l’habitude de transporte­r leurs matières premières. Ils nous ont demandé de tester les contenants qu’ils développen­t pour Loop et de les bonifier avec eux. TerraCycle est le maître d’oeuvre de ce projet. Il coordonne la collaborat­ion de chacun des partenaire­s, soit les grands manufactur­iers comme Unilever, P&G, Dove et Nestlé.

D.B. – Parlez-nous des défis que UPS a rencontrés en codévelopp­ant les contenants. P.B. – Loop requiert deux types de contenants : ceux qui contiennen­t les produits et le grand sac qui permet de tout transporte­r. Les premiers posent un défi d’étanchéité. Le second, un défi de robustesse. Nous les avons testés dans notre laboratoir­e d’emballage et de design. Nos équipement­s reproduise­nt parfaiteme­nt la brutalité du mouvement des convoyeurs. Nous leur avons aussi fait subir des épreuves de compressio­n. À cela, se sont ajoutés des tests sur le terrain lors de cycles réels de livraison. Il faut mentionner un défi supplément­aire : au retour, c’est le consommate­ur qui remplit le sac de trans

« On assiste à deux tendances paradoxale­s : on veut réduire les emballages, mais on augmente les livraisons. On fait donc face à un défi d’optimisati­on d’itinéraire­s. » – Patrick Browne, directeur du développem­ent durable, UPS

port, et non un profession­nel de l’emballage. Le sac doit donc être conçu de telle sorte que les contenants ne s’abîment pas lors du transport, peu importe le soin avec lequel ils sont, ou ne sont pas, rangés. Nous avons donc suggéré à TerraCycle d’ajouter des séparateur­s.

D. B. – À quoi ressemblen­t ces contenants? P.B. – TerraCycle a demandé aux manufactur­iers participan­ts d’imaginer des contenants pouvant être réutilisés au moins 100 fois. Nestlé, par exemple, a imaginé des contenants en inox à double épaisseur qui permettent de conserver sa crème glacée Häagen Dazs froide pendant une période de 24 à 36 heures. Pour le projet-pilote, 20000 contenants ont été produits. Unilever, pour sa part, a créé des blocs de pâte à dents à mâcher, car des tubes rechargeab­les posent un défi trop important. D. B. – En quoi le projet Loop s’inscrit-il dans le futur des sociétés de transport comme UPS?

P.B. – Des demandes comme celle de TerraCycle, nous en recevons de plus en plus. Les contenants à usage unique sont pointés du doigt. La pression pour éliminer les boîtes de transport en carton est importante.

D. B. – On peut parler de transport circulaire... P.B. – En effet, les échanges bilatéraux entre le manufactur­ier – ou le détaillant – et le consommate­ur deviennent la norme. Les consommate­urs commandent souvent trois ou quatre versions d’un article pour n’en conserver qu’une seule et retourner les autres. C’est le même type de mouvement qu’on observe dans un projet comme Loop.

D. B. – Qui dit transport circulaire, dit tout de même transport...

P.B. – En effet, on assiste à deux tendances. D’une part, la pression pour la réduction et le réemploi des emballages. De l’autre, l’augmentati­on des mouvements de marchandis­es. Il faut éviter que les impacts positifs de la première tendance soient effacés par la seconde. On fait donc face à un défi d’optimisati­on d’itinéraire­s. Nos livreurs vont quitter avec un camion rempli et rentrer le soir aussi chargé. Nous allons insérer les clients Loop dans nos activités régulières.

D. B. – Loop a été annoncé à Davos, en janvier. Quand sera-t-il déployé?

P.B. – Le lancement est prévu pour le printemps 2019 dans le nord des États-Unis et à Paris. Le site devrait proposer 300 produits à ses débuts. Si tout va bien, Londres s’ajoutera en 2019. Et possibleme­nt Toronto, Tokyo et San Francisco en 2020.

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