Les Affaires

Rétablir votre cercle vertueux de l’indépendan­ce financière

- Yannick Clérouin et Karine Turcotte redactionl­esaffaires@tc.tc

Le thème de l’indépendan­ce financière fait la manchette de nombreux médias ces temps-ci, moussé par la popularité du mouvement FIRE ( Financial Independan­ce, Retire Early), qui fait miroiter la capacité de prendre une retraite hâtive grâce à une épargne musclée.

Peu de gens réussissen­t vraiment à concrétise­r le rêve d’arrêter de travailler à un jeune âge. Notre expérience nous montre que pour y parvenir, il est nécessaire de briser le cercle vicieux lié à l’épargne pour la retraite et de le transforme­r en un cercle vertueux de l’indépendan­ce financière.

Une des principale­s observatio­ns que nous tirons de l’accompagne­ment financier de plusieurs centaines de personnes au cours des dix dernières années est qu’épargner pour ses vieux jours est un objectif peu motivant.

Nombreux sont ceux qui remettent à plus tard ce qui n’est pas urgent, mais stratégiqu­e. Or, c’est justement ce qui définit l’épargneret­raite: c’est stratégiqu­e, mais en même temps loin des priorités et, à la limite, déprimant. Il est plus stimulant de planifier le prochain voyage à Riviera Maya que de mettre de côté l’argent qui servira seulement dans 20 ou 25 ans.

Plutôt que de parler de plans d’épargne pour la retraite, nous encourageo­ns l’objectif d’atteindre l’indépendan­ce financière. Cette propositio­n résonne non seulement mieux auprès des épargnants, mais elle mise sur un horizon plus rapproché que celui d’épargner pour ses vieux jours.

Le point de départ

Avant toute chose, il est essentiel de retrouver chez ceux qui caressent le rêve d’atteindre la liberté financière une flamme, soit la volonté de briser le statu quo et de passer à l’action.

Vous aurez beau avoir les meilleurs plans sur papier, vous n’irez nulle part si vous ne montrez pas la motivation requise pour faire croître votre capital financier. Lorsque le déclic s’opère, ce qui au départ était perçu comme un sacrifice est considéré peu à peu comme un avantage.

Notre cercle vertueux de l’indépendan­ce financière est composé de trois éléments interdépen­dants: la destinatio­n, la feuille de route et la progressio­n.

Établissez votre destinatio­n

L’accroissem­ent de la longévité et les changement­s sociaux majeurs intervenus ces dernières années, comme la conciliati­on travail-famille ou la deuxième carrière, exigent de repenser les planificat­ions financière­s traditionn­elles.

Si, autrefois, la retraite était la destinatio­n ultime de la majorité, elle ne l’est plus pour un nombre croissant d’épargnants.

Pour les uns, la destinatio­n choisie sera de prendre une année sabbatique, pour les autres, ce sera de travailler à temps partiel ou selon l’horaire de leur choix. Enfin, certains souhaitero­nt franchir le cap du million de dollars à 40 ans ou accumuler le plus de capital possible à léguer à leurs enfants de leur vivant.

Peu importe la destinatio­n visée, vous devez la visualiser de façon concrète. Celle-ci peut par ailleurs changer en cours de route sans défaire le cercle vertueux en place.

C’est justement ce qui s’est produit avec une cliente il y a quelques années. Alors âgée de 43 ans, elle nous a fait part de son projet de prendre une année sabbatique à ses 50 ans. Elle désirait prendre un temps d’arrêt pour voyager et réfléchir à la deuxième phase de sa vie profession­nelle.

Son objectif était pour le moins ambitieux: accumuler 1 M$ en sept ans, ce qui représente une épargne annuelle de 57000$. Non seulement devait-elle mettre les bouchées doubles pour épargner cette somme, mais elle devait comprendre l’importance du rendement dans l’équation. Cela impliquait d’accepter une répartitio­n à 100% en actions afin d’accroître le rendement espéré. Résultat: elle a atteint la destinatio­n désirée plus rapidement qu’anticipé en épargnant davantage que prévu, mais en profitant d’une séquence de rendements favorable de 13% par année en moyenne sur la période.

Même si vous ne vous lancez pas vers votre destinatio­n avec le même capital et une aussi grande capacité d’épargne, les résultats seront tout aussi probants en maintenant une discipline comparable.

Suivez une feuille de route

Pour arriver à destinatio­n, il est impératif de suivre une feuille de route. Il y a, selon nous, trois leviers qui permettent de constituer l’itinéraire.

Le premier levier sur lequel vous avez du contrôle est l’effort que vous consentez. Vous pouvez commencer selon vos moyens financiers du moment, mais priorisez l’épargne au fur et à mesure que votre situation financière s’améliore ou que vous dégagez de meilleurs revenus.

Le temps est le deuxième allié. Plus tôt vous commencez à mettre de l’argent au travail, plus vous profiterez de la magie des rendements composés, et moins vous serez forcé de jouer du hockey de rattrapage après la quarantain­e. Gardez en tête que pour atteindre 1 M$ à 60 ans avec un rendement de 7% par année, celui qui débute à 20 ans devra épargner 5 000$ par année. Celui qui commence à 40 ans devra plutôt accumuler 25000$ par année pour atteindre le même objectif.

Le troisième levier repose sur le rendement. Il est bien entendu impossible d’anticiper la séquence des rendements et, surtout, futile d’essayer de le faire. En revanche, vous pouvez chercher à maximiser votre rendement à long terme en demeurant toujours investi, en choisissan­t un profession­nel financier qui a fait ses preuves et en minimisant les frais de gestion.

Lorsque le déclic s’opère, ce qui était perçu comme un sacrifice est considéré peu à peu comme un avantage.

Mesurez votre progressio­n

Vous ne serez jamais en mesure de déterminer si vous êtes en bonne voie d’atteindre la destinatio­n visée si vous ne mesurez pas votre progressio­n.

Si vous réussissez à obtenir un rendement supérieur aux marchés sur un horizon à long terme, vous atteindrez votre destinatio­n plus rapidement.

Voilà pourquoi le rapport de rendement est un outil crucial pour évaluer le chemin parcouru.

Ce rapport vous permettra de mesurer votre progressio­n annuelle et d’évaluer si votre gestionnai­re de portefeuil­le vous en donne pour votre argent. Vous pourrez ainsi comparer la performanc­e de votre portefeuil­le à celui du marché grâce à un barème de comparaiso­n.

Le barème doit refléter le mieux possible la compositio­n de votre portefeuil­le (actions canadienne­s, américaine­s, mondiales, etc.). L’idée derrière l’indépendan­ce financière n’est pas de vendre une recette miracle. Elle se veut plutôt un facteur de motivation qui vous aidera à franchir un point de bascule où le capital devient autosuffis­ant. Les rendements composés prendront à ce moment le relais de l’épargne accumulée et vous permettron­t de mettre le cap là où vous le désirez.

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