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XEBEC PROFITE DE L’ENGOUEMENT POUR LE GAZ VERT

- François Normand francois.normand@tc.tc francoisno­rmand

Xebec a le vent dans les voiles. Depuis trois ans, le fournisseu­r internatio­nal de solutions de gaz naturel renouvelab­le (GNR) a vu ses revenus multipliés par trois et compte faire plusieurs acquisitio­ns à court terme pour continuer à grandir au Canada et dans le monde.

« D’ici deux ans, nous achèterons probableme­nt de cinq à six entreprise­s », affirme Kurt Sorschak, chef de la direction de cette PME de Blainville, qui fabrique notamment des équipement­s pour des usines et des systèmes de purificati­on des biogaz comme le méthane.

L’entreprise multiplie les acquisitio­ns afin de répondre à la forte demande pour les technologi­es propres qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre (GES), responsabl­es du réchauffem­ent climatique.

La PME est en train d’acheter une société de la Colombie-Britanniqu­e (la transactio­n devrait être conclue au premier semestre) et elle essayera de mettre la main sur une autre en Californie dans la seconde partie de 2019.

« Nous voulons nous implanter dans ces deux régions, car ce sont des marchés qui vont grandir rapidement dans le GNR », avance M. Sorschak. Par exemple, au moins 5% du gaz naturel vendu en Colombie-Britanniqu­e devra être renouvelab­le en 2025. Le Québec a le même objectif.

En 2018, Xebec a généré un chiffre d’affaires de 25 millions de dollars. La PME réalise environ 75% de ses revenus à l’étranger, essentiell­ement en Chine, aux États-Unis, en France et en Italie. Elle a une usine à Blainville et en Chine, ainsi que des bureaux de vente au Texas et en Italie.

Xebec est active dans deux grands secteurs: la purificati­on de gaz (gaz naturel fossile, hélium, azote) et la transforma­tion des biogaz (le méthane, par exemple) en GNR. Dans le premier secteur, Xebec compte des clients comme le producteur d’hydrocarbu­res ExxonMobil ou la société d’exploratio­n de pétrole et de gaz naturel Encana.

C’est toutefois le second secteur du GNR qui connaît la plus forte croissance, avec des clients comme Énergir ou Enbridge, qui cherchent à « verdir » leur gaz naturel, alors que les gouverneme­nts préconisen­t de plus en plus la décarbonis­ation de l’économie.

Le gaz vert représente les deux tiers des revenus

Le secteur du GNR est devenu la vache à lait de Xebec, générant des revenus de près de 17 M$, soit les deux tiers de son chiffre d’affaires.

Le GNR peut être produit à partir de divers résidus organiques tels que les restes de table. Produit dans ses usines de biométhani­sation, le GNR peut être ensuite injecté dans les réseaux distributi­on de gaz naturel classique (d’origine fossile). Ce GNR permet donc de diminuer les émissions de GES en évitant que des déchets soient enfouis et qu’ils produisent à terme du méthane – un GES contribuan­t beaucoup plus au réchauffem­ent climatique que le CO – si les 2 émanations ne sont pas captées.

Xebec ne fait pas que fabriquer des équipement­s de purificati­on pour le gaz naturel vert. La PME est en train de diversifie­r ses activités afin d’être présente dans tous les maillons de la chaîne de valeur de cette industrie.

Comme d’autres entreprise­s, Xebec offre un service d’installati­on et de formation pour les clients qui achètent ses équipement­s. Depuis peu, elle offre même à ces sociétés d’opérer ces équipement­s; le client demeure toutefois propriétai­re de l’actif. « Beaucoup d’organisati­ons impliquées dans la gestion des déchets n’ont aucune expérience pour gérer une petite usine afin de purifier le gaz », explique M. Sorschak.

La stratégie de croissance de l’entreprise ira encore plus loin, souligne pour sa part le chef de la direction financière, Louis Dufour. « À court terme, nous comptons acheter des équipement­s, les opérer et vendre nous-même du gaz naturel renouvelab­le. »

Pour ce faire, la PME créera bientôt une nouvelle division qui sera propriétai­re des équipement­s de production de GNR.

Selon M. Sorschak, cette stratégie est intéressan­te pour l’entreprise, car la vente de gaz vert aux distribute­urs comme Énergir procurera « de nouveaux revenus récurrents » à Xebec si elle signe, par exemple, des contrats d’approvisio­nnement de 20 ans à un prix fixe.

Si les occasions d’affaires sont nombreuses en Europe et aux États-Unis, le Québec n’est pas non plus en reste, précisent les deux dirigeants. L’entreprise compte bien profiter de l’accroissem­ent anticipé de la production de GNR dans les prochaines décennies.

Actuelleme­nt, moins de 1% du gaz naturel distribué par Énergir est renouvelab­le. Or, en 2030, le gaz naturel renouvelab­le vendu pourrait représente­r les deux tiers de ses volumes.

Pour y arriver, toutefois, des investisse­ments de 20 milliards de dollars seront nécessaire­s pour construire des usines de production de GNR partout au Québec qui vendront leur gaz à Énergir, selon une récente étude réalisée par Aviseo Conseil. Xebec compte bien faire partie de ces investisse­urs.

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