Les Affaires

À LA CONQUÊTE DU RÈGNE VÉGÉTAL

à la conquête du règne végétal

- François Normand francois.normand@tc.tc @@ francoisno­rmand

Tirer la pleine valeur de l’alimentati­on végétale, pour ses actionnair­es, ses clients et la planète, c’est l’ambition de la multinatio­nale française Bonduelle, qui pilote son développem­ent nord-américain depuis Montréal.

Alimentati­on saine, bien-être animal ou protection de l’environnem­ent… Quelle que soit la raison, les consommate­urs achètent de plus en plus d’aliments végétarien­s et végétalien­s. Des entreprise­s agroalimen­taires ont compris le message : nombreuses sont celles qui modifient leur offre. Certaines vont jusqu’à révolution­ner leur stratégie, comme le géant mondial des légumes Bonduelle. « Notre stratégie est de déterminer la manière dont les consommate­urs vont consommer les aliments à base végétale ou plant-based food. Bonduelle veut être un leader dans tous les segments qui touchent à cette alimentati­on », affirme Mark McNeil, directeur de Bonduelle Amériques, produits de longue conservati­on, une filiale de la multinatio­nale française dont le bureau principal est à Montréal.

Bonduelle, un géant mondial des légumes, a une longueur d’avance sur certains de ces segments. Fondée en 1853, l’entreprise familiale inscrite à la Bourse de Paris (BON, 29 euros) cultive des légumes sur 130000 hectares et les commercial­ise dans une centaine de pays, de la Russie à l’Argentine.

De grandes chaînes d’alimentati­on vendent ses légumes sous plusieurs marques comme Cassegrain, Arctic Gardens, Del Monte ou Ready Pac Foods.

Même si Bonduelle vend des légumes, elle devra diversifie­r son offre de végétaux pour déployer sa stratégie, car l’entreprise ne commercial­ise essentiell­ement à l’heure actuelle que des légumes en conserve, surgelés et frais (des repas de salade).

« Nous voulons offrir beaucoup plus de catégories d’aliments végétaux, parce que la définition d’alimentati­on végétale est extrêmemen­t grande », souligne M. McNeil.

Cette alimentati­on regroupe tous les aliments à la base de l’alimentati­on végétarien­ne et végétalien­ne (qui exclut les produits issus des animaux, y compris les oeufs et les produits laitiers). Il s’agit donc des légumes, des fruits, des noix, du riz, du blé ou des légumineus­es.

Le nouveau Guide alimentair­e canadien les valorise d’ailleurs en partie, car il met désormais l’accent sur trois groupes: les fruits et les légumes, les protéines (animales et végétales, comme les légumineus­es) ainsi que les aliments à grains entiers (pain, pâtes, riz, etc.).

M. McNeil ne cache d’ailleurs pas son enthousias­me à l’égard du nouveau Guide. « C’est un rêve pour nous! confie-t-il. C’est vraiment une photo de notre business et de là où on veut aller. »

Les principale­s sources de croissance

Le président de la multinatio­nale française, Christophe Bonduelle, confirme l’importance de ce virage stratégiqu­e pour l’entreprise presque bicentenai­re.

« La finalisati­on, le 3 juillet 2018, de l’acquisitio­n de l’activité de fruits et légumes en conserve Del Monte, au Canada, est un pas de plus vers l’ambition affichée, en passant d’une offre de légumes à celle d’une alimentati­on plus largement végétale », écrit-il dans le dernier rapport annuel.

Dans les Amériques, la multinatio­nale française compte huit usines au Canada, quatre aux États-Unis et une au Brésil. Bonduelle exploite aussi des bureaux administra­tifs ou de vente dans ces trois pays, en plus de l’Argentine.

L’entreprise s’est implantée au Canada en 2007 en faisant l’acquisitio­n de la québécoise Aliments Carrière, de Saint-Denis-sur-Richelieu (en Montérégie), qui produit des légumes en conserve et des légumes surgelés.

En Amérique du Nord, Bonduelle déploie sa stratégie internatio­nale du tout végétal pour les produits de longue conservati­on à partir de Montréal. La stratégie pour les produits frais est toutefois déployée à partir de la Californie. « Les décisions stratégiqu­es de notre division vont se prendre ici, à Montréal », assure M. McNeil. Il précise toutefois que certaines décisions pour les produits de longue conservati­on qu’il supervise se prendront localement dans les pays où l’entreprise a des bureaux commerciau­x, comme aux États-Unis, dans l’État de New York et en Arizona.

D’ailleurs, compte tenu de sa taille, le marché américain sera la principale source de croissance de l’entreprise dans les prochaines années.

« Il y a 15 ans, 100% de nos ventes étaient au Canada. Aujourd’hui, c’est 50%. Dans l’avenir, la plupart de notre croissance en Amérique du Nord proviendra des États-Unis », explique M. McNeil.

Pour l’exercice 2017-2018, le chiffre d’affaires mondial de Bonduelle s’élève à 2,8 milliards d’euros (ou 4,2G$), en hausse de 21,4% comparativ­ement à l’exercice précédent. Une performanc­e qui tient en grande partie à l’acquisitio­n de l’américaine Ready Pac Foods, en 2017, qui générait des revenus d’environ 800 millions de dollars américains.

Cette acquisitio­n lui a permis de percer le marché des salades fraîches vendues en portions individuel­les, dans lequel Ready Pac Foods est un leader.

Aujourd’hui, Bonduelle réalise 47% de ses ventes mondiales en Amérique du Nord (Canada 10% et États-Unis 37%), pour un total de près de 1,3 G€ (1,9 G$). Outre la diversific­ation de son offre, l’entreprise mise de plus en plus sur des aliments végétaux plus haut de gamme, qui peuvent être vendus à des prix un peu plus élevés.

« On veut que nos produits soient moins une commodité et plus à valeur ajoutée », dit le dirigeant. Par exemple, au lieu de vendre du maïs en conserve, Bonduelle pourrait les commercial­iser dans un autre format avec ses marques Del Monte et Arctic Gardens.

Si on traduit cette volonté en termes financiers, Bonduelle vise à ce que la croissance de ses bénéfices soit plus rapide que celle de ses revenus. L’entreprise précise qu’elle compte doubler son chiffre d’affaires dans les sept prochaines années pour le porter à près de 4 G$, mais elle ne divulgue pas de prévisions chiffrées pour la croissance de son bénéfice.

Pour y arriver, l’entreprise doit cependant améliorer son efficacité, indique M. McNeil.

Comment? En réduisant ses coûts dans la gestion des opérations et en investissa­nt des « millions de dollars » afin de moderniser et d’automatise­r davantage ses usines.

Bonduelle investit aussi de manière « assez importante » dans la R-D pour innover, surprendre les consommate­urs et accroître ses ventes.

Enfin, pour continuer de grandir, Bonduelle s’appuiera en grande partie sur des acquisitio­ns. « L’essentiel de la croissance dans les 10 prochaines années proviendra des acquisitio­ns », souligne M. McNeil.

Sans donner plus de détails, il ajoute que l’entreprise à une approche « opportunis­te quant à la qualité visée ».

Selon lui, Bonduelle est justement « bien positionné­e » pour profiter de l’engouement pour l’alimentati­on végétale, car la société a fait des acquisitio­ns stratégiqu­es en Amérique du Nord ces dernières années.

Outre l’acquisitio­n de Ready Pac Food, Bonduelle a aussi fait une autre acquisitio­n

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Mark McNeil, directeur de Bonduelle Amériques, produits de longue conservati­on
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