Les Affaires

Un légume à la fois

- Julie Cailliau Éditrice adjointe et rédactrice trice en chef, Groupe Les Affaires res julie.cailliau@tc.tc C @julie140c

Depuis tout ce temps que je participe à la célébratio­n des succès d’affaires, je n’avais jamais été à une soirée de la Chambre de commerce et d’industrie française au Canada (CCI France Canada). J’ai pu combler cette lacune le mois dernier, en assistant au gala de remise des Prix de Reconnaiss­ance 2019. Sous l’impulsion de sa directrice générale Sandrine Perreault et de son conseil d’administra­tion, la Chambre a décidé cette année de se renouveler et d’ajouter aux simples mondanités, quoique plaisantes, une dimension de maillage économique plus forte, avec des catégories de prix soulignant les réussites françaises au Canada, les réussites canadienne­s en France, et les partenaria­ts public-privé. À la une de votre journal, c’est justement d’une de ces réussites transatlan­tiques qu’il est question.

La multinatio­nale française Bonduelle s’est faite remarquer au fil des années par sa stratégie de croissance par acquisitio­ns. Ce qui est intéressan­t dans cette histoire de croissance, c’est le contexte et l’intention qui la sous-tendent.

Le contexte, d’abord. Près de 10 % des Canadiens disent pratiquer le végétarism­e ou le végétalism­e et les Canadiens de moins de 35 ans sont trois fois plus susceptibl­es de choisir une de ces options que ceux de plus de 49 ans, selon des chiffres de l’Université Dalhousie. Autrement dit, le marché de l’alimentati­on végétale promet d’enfler.

L’intention, ensuite. Bonduelle veut dominer ce marché de l’alimentati­on végétale parce qu’elle est convaincue que c’est bon pour elle, mais aussi pour la planète, que la consommati­on de quantités de viande s’épuise.

Bonduelle a des assises fortes pour atteindre son objectif, mais elle fera face à une concurrenc­e épicée. Selon la firme Nielsen, les ventes de produits innovants dans le créneau de l’alimentati­on végétale, comme les substituts à la viande ou au fromage, connaissen­t des croissance­s à deux chiffres, voire à trois chiffres (+ 115% pour les nouilles végétalien­nes). De quoi attirer les plus convaincus des investisse­urs carnivores. En avril 2018, le géant américain de la transforma­tion de viande Tyson Foods achetait une participat­ion dans la jeune entreprise américaine Beyond Meat, qui produit un steak haché végétalien « qui goûte comme la viande » et qui, accessoire­ment, vient d’annoncer qu’elle se prépare à entrer en Bourse.

Certes, il y a quelques jours, Tyson a revendu sa participat­ion. Désillusio­nné quant à l’avenir du marché des protéines végétales? Bien au contraire! Tyson lâche Beyond Meat parce qu’elle a l’intention de développer sa propre marque de « viande » végétale. Ça promet de saigner dans l’allée des petits pois.

En passant, le palmarès de la CCI France Canada honorait la start-up On mange quoi, la PME Avalanche, ainsi que la Société générale, Boralex et Thales. Bonduelle, elle, était finaliste.

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