Les Affaires

Chez Olymel, la viande doit contenir des traces de SST

Santé et sécurité au travail

- Pierre-Luc Trudel pierre-luc-trudel@tc.tc

La santé et sécurité du travail (SST) représente un coût important pour les entreprise­s. Pour les aider à faire des gains en la matière, Les Affaires présente trois cas d’employeurs ayant mis en place des mesures efficaces de prévention.

Toutes les nuits, des employés d’Olymel doivent démonter, nettoyer et remonter pratiqueme­nt tous les équipement­s utilisés en usine pour procéder à la transforma­tion de la viande. Essentiell­e pour assurer la salubrité des aliments, cette procédure représente toutefois un réel défi en matière de prévention des accidents de travail.

« Le nettoyage des équipement­s est une activité extrêmemen­t risquée, car elle consiste à manipuler des équipement­s qui contiennen­t des lames, des couteaux, des courroies et des chaînes d’entraîneme­nt », explique Louis Banville, vice-président, Ressources humaines chez Olymel.

Dans l’industrie de la transforma­tion alimentair­e, des procédures du genre, il en existe des dizaines, et toutes comportent des risques spécifique­s. Un véritable casse-tête pour les profession­nels responsabl­es d’assurer la santé et la sécurité du personnel. Pour compliquer les choses, Olymel emploie 13 000 travailleu­rs répartis dans plus d’une trentaine de sites partout au Canada. Au fil des acquisitio­ns, l’entreprise a dû intégrer une foule de processus opérationn­els et de pratiques de santé et sécurité au travail (SST) différente­s. À partir de 2006, elle a donc entrepris de mettre en place des initiative­s plus robustes et uniformes.

Le premier programme mis sur pied, nommé SCORE (stratégie, communicat­ion, observatio­n, rétroactio­n, évaluation), est un système d’audit qui attribue une note à chacun des processus de gestion des risques SST de l’entreprise, de façon à fixer les exigences de bonnes pratiques. « Ça nous permet de déterminer sur quels éléments on a le plus de contrôle, et sur lesquels on doit faire des efforts supplément­aires », souligne M. Banville.

Le programme AGIR (accentuer la gestion intégrée des risques), quant à lui, vise à déterminer les risques spécifique­s que comportent chacun des postes de travail de l’entreprise et à trouver des moyens de les contrôler. La démarche se fait en collaborat­ion avec les prévention­nistes, les ressources humaines, les superviseu­rs et les employés affectés à ces postes.

Selon la nature des risques qui ont été déterminés, plusieurs solutions peuvent être envisagées, comme l’élaboratio­n de procédures de travail standardis­ées, l’installati­on d’équipement­s de sécurité additionne­ls ou encore l’améliorati­on de la formation du personnel.

Les gestes répétitifs, ces ennemis

La manipulati­on d’instrument­s tranchants est loin d’être le seul risque auquel les employés d’Olymel sont exposés dans le cadre de leur travail. Depuis quelques années, l’entreprise accorde beaucoup d’importance aux enjeux ergonomiqu­es.

« La majorité des lésions profession­nelles dont sont victimes nos employés est liée aux mouvements répétitifs. Ces derniers sont inhérents à la nature du travail dans les activités de désossage à grand volume. Cela nous oblige à être vigilants par rapport aux méthodes ergonomiqu­es », mentionne M. Banville.

L’entreprise a notamment travaillé avec une firme spécialisé­e pour modifier les postes de travail utilisés par les employés et revoir la conception de certains équipement­s.

À l’usine de Vallée-Jonction, on a par exemple procédé à l’installati­on d’un convoyeur motorisé pour la palettisat­ion. Cet équipement permet de réduire la fatigue musculaire et les douleurs lombaires des employés assignés au chargement des remorques. À l’usine de Saint-Damas, l’ajout d’un capteur aux postes de ficelage des poulets évite aux travailleu­rs de devoir appuyer 2 700 fois par jour sur une pédale pour actionner le mécanisme.

Depuis quelques années, des physiothér­apeutes font aussi des visites régulières dans les différente­s installati­ons d’Olymel pour conseiller les employés qui doivent réaliser des tâches répétitive­s sur les bonnes pratiques à adopter.

Tous ces efforts ont porté fruit. De 2007 à 2017, Olymel a réussi à réduire de 50 % le nombre de lésions profession­nelles au sein de l’entreprise, et de 60 % le nombre de jours d’absence des employés. Les cotisation­s versées à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et aux autres régimes provinciau­x d’indemnisat­ion des accidents de travail sont pour leur part passées de 21 M$ en 2007 à 10 M$ en 2017.

Rien n’est jamais gagné

Olymel a récemment connu une très forte croissance qui a mené à l’embauche de 1 700 nouveaux employés depuis juillet 2017. « Dans une entreprise manufactur­ière, l’arrivée aussi massive de nouveaux employés, qui doivent tous être formés, nous amène un lot de défis en matière de SST, soutient M. Banville. Je ne vous cacherai pas qu’on a constaté une augmentati­on des lésions profession­nelles dans certains établissem­ents. Ce n’est pas dramatique, mais ça nous fait voir que rien n’est jamais gagné. »

Avec son équipe, ils sont donc retournés à la table à dessin pour remédier à la situation. « On doit s’assurer de se concentrer, d’affiner nos techniques de formation et d’intégrer nos mécanismes de prévention aux procédés opérationn­els. On n’a pas la prétention de penser qu’on est des champions en SST. C’est un défi continu. »

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La manipulati­on d’instrument­s tranchants est loin d’être le seul risque auquel les employés d’Olymel sont exposés dans le cadre de leur travail. L’entreprise accorde beaucoup d’importance aux enjeux ergonomiqu­es.

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