Mathieu Roy
gestionnaire de portefeuille, Actions nord- américaines, chez Hexavest
METRO ( Tor., MRU, 49,87 $) Capitalisation boursière : 12,72 G$
Le chef de file en alimentation et en pharmacie, Metro (depuis l’acquisition du Groupe Jean Coutu), est un joueur incontournable au Québec, et ses 1 300 magasins et nombreuses enseignes en font une valeur sûre dont la réputation n’est plus à faire, selon M. Roy. « C’est une entreprise qui se spécialise dans un secteur très défensif de notre économie et qui résiste bien aux différents cycles économiques et aux récessions. Des bannières à bas prix comme Super C, par exemple, rendent l’entreprise encore plus défensive. »
Il note que Metro a toujours dégagé une croissance des bénéfices et que, parallèlement, depuis 10 ans, le titre a connu une progression similaire avec une croissance annuelle de 16% en moyenne. Il souligne par ailleurs que si la compétition reste féroce, les joueurs sont aujourd’hui bien établis. « Ils ne sont pas si nombreux: Walmart, Loblaw, IGA (Empire), Metro... et peut-être Costco, dont l’offre est quelque peu différente. En somme, les concurrents sont assez disciplinés et je ne prévois pas trop de pression en ce qui concerne les marges. »
Le bilan financier de Metro en fait selon lui une entreprise avec laquelle on peut bien dormir. « Malgré l’acquisition de Jean Coutu, le bilan reste sain à 2,5 fois la dette sur l’EBITDAR (résultats d’exploitation avant intérêts, impôts, amortissement et loyer) et des flux de trésorerie importants de l’ordre de 750M$ en 2018, dont 268M$ en flux de trésorerie disponible ( free cash-flow).
Ils sont en bonne position pour réinvestir dans leur croissance, dans des acquisitions, ou retourner du capital aux actionnaires par des dividendes ou des rachats d’actions. » Le gestionnaire de portefeuille reconnaît néanmoins que des occasions d’acquisition de la taille de Jean Coutu se feront plutôt rares, mais croit qu’il existe toujours de plus petits joueurs qui pourront venir bonifier l’offre de Metro. « Je pense à des acquisitions passées comme Adonis et Première Moisson, qui offrent un élément de diversification. »
INTACT CORPORATION FINANCIÈRE (Tor., IFC, 117,70 $) Capitalisation boursière : 16,38 G$
Le gestionnaire de chez Hexavest aime le titre d’Intact, l’une des plus importantes compagnies d’assurance – automobile, habitation et commerciale – du Canada, qui compte des parts de marché qui avoisinent les 17 %. « Elle n’est pas dans l’assurance-vie, qui est plus risquée et nécessite de faire davantage d’hypothèses, notamment par rapport à la longévité des individus, explique-t-il. Elle n’a pas besoin de faire cela ; ce sont des contrats d’assurance qui se renouvellent habituellement chaque année. C’est donc moins risqué de ce point de vue. »
Il aime par ailleurs la démarche à la fois prudente et innovatrice de l’équipe de direction, qui peut compter sur du capital excédentaire à la hauteur de 1,3 G$ et un ratio dette/ capital d’environ 20 %. « La valeur comptable de la compagnie n’est pas tellement influencée par les variations des taux d’intérêt ou la volatilité dans les marchés financiers. »
Outre la bonne cote de crédit de la compagnie et la qualité de l’équipe de direction, M. Roy aime l’aspect prudent de son portefeuille d’investissement. « Les compagnies d’assurance réinvestissent dans le marché les primes qu’elles récoltent auprès de leurs clients. Leur portefeuille, géré à Montréal, est à 75% placé dans des titres à revenu fixe, dont 90 % sont cotés A et plus. »
Il rappelle que leur cible de croissance du bénéfice par action est d’environ 10% par année, ce qui reflète leur performance des 10 dernières années. « Ils ne visent pas les étoiles, mais une constance dans leur croissance. »
Il souligne enfin que le risque n’est pas complètement absent, car l’entreprise peut devoir composer avec des désastres naturels – accentués par les changements climatiques – ou des modifications à la réglementation. Il juge toutefois que ces risques sont mitigés par la diversification des activités d’Intact et sa répartition géographique. Au cours actuel, le rendement du dividende annuel de 3,04$ est de 2,69 %.