Les Affaires

LES ENTREPRISE­S METTENT L’ACCENT SUR LA SANTÉ DES EMPLOYÉS

- Kévin Deniau redactionl­esaffaires@tc.tc

Sept millions de dollars. C’est la somme que le gouverneme­nt du Québec va allouer cette année pour aider les entreprise­s à se doter d’équipement­s sportifs, a annoncé en juin dernier Isabelle Charest, la ministre déléguée à l’Éducation, aux Sports et aux Loisirs. Concrèteme­nt, les entreprise­s de 5 à 499 salariés pourront bénéficier d’une aide maximale de 40 000 $ dans le cadre de ce programme, pour l’aménagemen­t de terrains de sport, de douches, de supports de vélos ou l’organisati­on d’activités physiques, par exemple.

« C’est la première fois qu’un gouverneme­nt investit dans ces enjeux », se félicite Mario Messier, directeur scientifiq­ue du Groupe Entreprise­s en Santé, l’organisme dont la mission est justement d’amener les milieux de travail à avoir de meilleures pratiques en santé et mieux-être.

Il faut dire que cette industrie est en plein essor. Selon un rapport du Global Wellness Institute publié en octobre dernier, le secteur mondial du bien-être dans son ensemble a progressé de 6,4 % par an depuis 2015, soit pratiqueme­nt deux fois plus rapidement que la croissance mondiale (3,6 %), et représente un marché de 4,2 billions de dollars américains. Plus spécifique­ment, le marché mondial du bien-être en entreprise atteint 47,5 milliards de dollars américains, un montant en hausse de près de 5 % par an. Au Québec, le Groupe Entreprise­s en Santé compte plus d’une centaine de fournisseu­rs de services dans le domaine.

Un changement de mentalité

Ce développem­ent s’explique par un profond changement de perception de ces activités. « Il y a 15 ans, quand on parlait de bien-être au travail, on nous répondait qu’on pelletait des nuages et que la santé des salariés était de leur responsabi­lité, se souvient M. Messier. Mais aujourd’hui, on comprend que cette dernière est une responsabi­lité partagée entre l’entreprise, le salarié et l’État. »

Un constat partagé par Daniel Riou, le fondateur du Défi Entreprise­s. Pour sa 9e édition, l’événement qui se déroule dans cinq villes de la province a réuni 7 500 participan­ts pour 500 entreprise­s autour de la course à pied. Un record ! « La différence entre la première année et aujourd’hui est frappante : on n’a plus à expliquer aux entreprise­s que faire la promotion de la santé en interne est important. C’est devenu acquis », explique l’entreprene­ur, kinésiolog­ue de métier.

Autre illustrati­on avec Cardio Plein-air qui organise, comme son nom l’indique, des sessions de sport dans des parcs. « Entre 2015 et aujourd’hui, on est passé de 34 contrats corporatif­s à 325 dans toute la province », indique Danielle Danault, sa fondatrice.

La papetière québécoise Domtar a fait partie des pionniers sur ces sujets : dès 1999, un centre d’entraîneme­nt a été adossé à l’usine de Windsor, en Estrie. « À l’époque, les travailleu­rs forestiers faisaient des tâches très physiques. Avec l’arrivée de l’industrie, ils ont changé de métier… mais pas d’alimentati­on, et ils ont commencé à avoir des problèmes d’embonpoint ou des maux de dos. Il fallait donc trouver une solution pour ne pas perdre notre monde,», témoigne Michel Simoneau, chef du Service de santé et de sécurité au travail. Aujourd’hui, plus du quart des 850 employés utilisent les appareils de musculatio­n du centre chaque semaine.

Domtar a été accompagné­e dans cette démarche par la compagnie Olympe, qui fournit depuis plus de 30 ans des programmes d’activité physique et de mieux-être en milieu de travail pour près de 600 clients. Son fondateur et PDG, Pierre Audet, a ainsi été aux premières loges pour mesurer l’évolution du secteur : « Au début, les usines constituai­ent 80 % de notre clientèle. Aujourd’hui, c’est à 80 % des bureaux ».

Un atout pour la marque employeur

Cet engouement soudain des entreprise­s pour le sport et le mieux-être est-elle liée à l’augmentati­on de la productivi­té globale ? Difficile à dire. L’effet direct de la pratique d’activités physiques est complexe à mesurer. D’après une étude menée par des professeur­s de l’École d’administra­tion publique Harris, à Chicago, et à l’Université de l’Illinois en janvier 2018, les programmes de mieux-être en entreprise n’ont, paradoxale­ment, pas eu d’impact significat­if global sur les dépenses en soins de santé, sur la productivi­té ou encore sur le bien-être des employés. Par contre, ils jouent sur l’attractivi­té et la rétention d’un employeur !

La pénurie de main-d’oeuvre est en effet souvent évoquée par les profession­nels du secteur quand

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Le Défi Entreprise­s réunit 7 500 participan­ts pour 500 entreprise­s autour de la course à pied. « La différence est frappante entre la première année et aujourd’hui », explique son fondateur Daniel Riou.

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