WASTE MANAGEMENT, L’INDÉTRÔNABLE
Sans qu’on y porte attention, la gestion des déchets est une activité essentielle qui touche le quotidien de chacun. Pourtant, c’est un secteur où les barrières à l’entrée sont élevées et Waste Management (WM., 118,20 $ US) a su s’imposer dans l’industrie grâce à sa stratégie d’innovation et de gestion de coût.
Waste Management profite d’une domination « incomparable » dans la détention de sites d’enfouissement, estime Matthew Young, de Morningstar. Pour les nouveaux acteurs, conclure des partenariats avec la société de Houston est presque un passage obligé afin d’avoir accès à ses différents sites d’enfouissement, sites qui se font de plus en plus rares en raison d’une réglementation de plus en plus stricte à cet égard.
Cette dominance permet à la société d’occuper 21 % des parts de marché. Elle se trouve ainsi dans une position « impossible à répliquer », selon Dereck Spronck, de RBC Marchés des Capitaux. Ce rapport de force et sa taille (15 G$ US de revenus en 2018) lui permettent d’avoir « la flexibilité nécessaire pour investir dans des technologies innovatrices », ajoute l’analyste.
François Têtu, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez RBC Gestion de patrimoine, juge que Waste Management se distingue grâce à la vision de ses dirigeants. « Ils ont beaucoup investi dans différentes technologies et dans des partenariats avec de grandes entreprises en plus de travailler à la conversion de leur parc de camions. D’ici cinq ans, ils seront dotés à 80% de véhicules fonctionnant au gaz naturel. » M. Young aime, lui aussi, l’équipe de direction. « Le management de l’équipe de gestion a été impressionnante durant les cinq dernières années, tandis qu’elle se concentre sur la gestion de la capacité et l’optimisation de la structure de coût de l’entreprise. »
Cette réduction du coût s’illustre cette année par l’acquisition de Advanced Disposal Services (ADSW). Cette acquisition, qui a coûté 4,9 G$ US, devrait créer des synergies de coûts et de dépenses en capital à la hauteur de 100 M$ US, selon Jeffrey Silber, de BMO Marchés des capitaux.
Certains vents contraires
Malgré les atouts majeurs détenus par Waste Management, Marc L’Écuyer, gestionnaire de portefeuille chez Cote 100, reste prudent face au titre. « Ce qui est défavorable, et je dirai que c’est un peu pour ça qu’on ne détient pas le titre, c’est que les volumes de déchets ont tendance à diminuer un peu avec le recyclage qui prend une part de plus en plus importante. »
L’entreprise a effectivement souffert d’une baisse du prix de la tonne de rebuts à 30$ US, alors qu’il variait entre 150 et 185$ US en 2017. Cette baisse de prix résulte des pressions exercées par le resserrement des seuils de contamination de la Chine (qui représentait le plus grand marché pour les déchets américains), et a entraîné une perte de revenu annuel d’environ 200 M$ US.