Les Affaires

« Notre univers de titres québécois compte une dizaine de choix prudents »

– Pierre Lussier, gestionnai­re de portefeuil­le, Gestion de placements Eterna

- Dominique Beauchamp dominique.beauchamp@tc.tc beauchamp_dom

DOMINIQUE BEAUCHAMP – Les risques de récession augmentent. Comment vous y adaptez-vous ?

PIERRE LUSSIER – Nous achetons des entreprise­s de qualité dans une perspectiv­e de trois à cinq ans sans trop nous soucier de la conjonctur­e. Une récession n’est pas notre scénario. Nous ne changeons pas le portefeuil­le pour un mouvement de repli de deux ou trois mois. Si on prévoyait un marché baissier, nous le remanierio­ns.

D.B. – De quelle façon ?

P.L. – Actuelleme­nt, nous privilégio­ns les entreprise­s qui offrent des caractéris­tiques prudentes en raison de la nature de leur industrie et de la grande qualité de leur équipe de direction. Il ne faut pas se leurrer, dans une récession, tout redevient corrélé et aucun titre n’est à l’abri d’une baisse, mais certains pourraient moins mal performer que le marché en général. Au creux d’un marché baissier, admettant que nous pouvons le prévoir, nous ferions le contraire. Nous rachèterio­ns plus d’actions de sociétés bien gérées mais plus cycliques, telles que Quincaille­rie Richelieu (RCH, 25,99 $), Intertape Polymer (ITP, 18,54 $) ou Plastiques IPL (IPLP, 9,33 $) par exemple. Nous sous-pondérons ces titres actuelleme­nt.

D.B. – Quelles entreprise­s québécoise­s jugez-vous plus résiliente­s ?

P.L. – Alimentati­on Couche-Tard (ATD.A, 82,95 $), Metro (MRU, 54,18 $), Saputo (SAP, 41,62 $) Dollarama (DOL, 50,40$), Services aux immeubles GDI (GDI, 28,82 $), Innergex (INE, 14,86 $) et Industries Lassonde (LAS.A, 182,95 $) bénéficien­t tous de dirigeants hors pair dans des industries assez stables. Les nouveaux dirigeants de Cogeco Câble (CCA, 105,66 $), BCE (BCE, 61,98 $) et Québecor (QBR.B, 30,10 $) font un excellent travail et leurs titres s’en tireraient bien dans une récession, mais dans leur cas, les nouveaux patrons n’ont pas encore fait leurs preuves à long terme.

D.B. – Vous évitez les pronostics économique­s, mais pourquoi écartez-vous une récession ?

P.L. – L’économie américaine dominée à 86 % par les services nous semble solide. Nous entrevoyon­s un taux de croissance réel de 2 % en 2020. Je ne vois pas de surchauffe non plus, même si le cycle économique a dix ans et que le taux de chômage est à un plancher de 3,6 %. Selon le modèle de la Réserve fédérale (Fed) américaine, le rendement des bénéfices (les bénéfices divisés par les cours) est encore très favorable aux actions. Quant au conflit commercial, il durera un temps, mais on ne peut pas empêcher la mondialisa­tion naturelle du commerce.

D.B. – Vous voyez le risque ailleurs ?

P.L. – Le plus grand risque après une décennie de croissance est que la hausse des coûts de main-d’oeuvre, amplifiée par la pénurie de travailleu­rs, se transpose éventuelle­ment dans les prix de vente et l’inflation. Cela mettrait la Fed devant un dilemme. Une nouvelle remontée des taux mettrait alors fin au cycle, comme tous les autres auparavant.

 ??  ?? Pierre Lussier oeuvre dans le placement depuis 1986, dont 13 ans à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Il a joint le gestionnai­re de titres québécois Sipar en 2007 à titre de vice-président exécutif et en est devenu le président en 2011.
Après le regroupeme­nt de Sipar et de Gestion de placements Eterna en 2013, il est devenu président de sa division d’actions québécoise­s.
Pierre Lussier oeuvre dans le placement depuis 1986, dont 13 ans à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Il a joint le gestionnai­re de titres québécois Sipar en 2007 à titre de vice-président exécutif et en est devenu le président en 2011. Après le regroupeme­nt de Sipar et de Gestion de placements Eterna en 2013, il est devenu président de sa division d’actions québécoise­s.

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