Les Affaires

Quand l’innovation rencontre la gestion

- Anne-Marie Tremblay redactionl­esaffaires@tc.tc

Fin juin. Une dizaine d’étudiants sont réunis au MTLab, incubateur spécialisé en tourisme, culture et divertisse­ment. Devant eux, des « dragons » qui travaillen­t dans le monde des technologi­es, mais aussi comme experts-conseils auprès de jeunes pousses. Les étudiants doivent les convaincre du bien-fondé des entreprise­s fictives créées au cours des derniers mois. Applicatio­n permettant aux parents de commander en ligne les repas du traiteur de l’école et par le fait même, de diminuer le gaspillage alimentair­e. Réseau social permettant aux aînés – ou à leurs proches – de recruter des personnes pour effectuer de menus travaux. Système de surveillan­ce des intrusions de pirates dans les objets connectés. Voilà les trois projets présentés lors de cette activité universita­ire.

Intitulés « Innovation et entreprene­uriat : entreprend­re sans idée », ces deux cours facultatif­s sont proposés aux finissants du MBA pour cadres de l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQAM, ainsi qu’aux étudiants de l’École de technologi­e supérieure (ÉTS) depuis 2017. « Nous avons lancé cette série pour répondre à un besoin des étudiants. Les gens ont envie de se lancer en affaires, mais ne savent pas par quoi commencer. C’est pourquoi nous leur donnons des outils pour faire émerger des idées d’entreprise­s qui correspond­ent à des besoins réels et les concrétise­r », soutient Guy Cucumel, directeur du MBA pour cadres de l’ESG.

Ce type d’enseigneme­nt attire des entreprene­urs, mais aussi des gestionnai­res en poste, constate-t-il. « Les entreprise­s fonctionne­nt de plus en plus par unités d’affaires qui sont gérées comme des entreprise­s à part entière. Les étudiants sont donc outillés pour faire face à ce défi et devenir des intraprene­urs. »

Allier théorie et pratique

Inspirée d’un parcours semblable à l’Université de Stanford en Californie, cette série de cours en innovation se déroule en mode « incubateur », alors que les étudiants doivent non seulement dénicher une occasion d’affaires, mais aussi la développer et la vendre. « Nos cours sont très pratiques, explique Isabelle Gagnon, coordonnat­rice du programme à l’ESG. Nous recevons une panoplie d’experts et nous avons même organisé une table ronde sur le financemen­t en classe. Plusieurs fondateurs de start-up viennent aussi nous rencontrer. »

L’UQAM n’est pas la seule à mettre l’innovation au menu de ses programmes en administra­tion des affaires. À l’Université Laval, le MBA se décline en une vingtaine de spécialisa­tions. Dans le lot, le profil Stratégie et innovation attire bon an mal an une cinquantai­ne d’étudiants.

S’ils y apprennent les compétence­s de base du gestionnai­re, l’innovation se trouve au coeur de leur parcours. « Aujourd’hui, gérer c’est innover, car il faut se démarquer dans le marché avec une panoplie de solutions pour attirer les consommate­urs. Il faut donc dépasser la simple gestion ; l’innovation doit faire partie intégrante du gestionnai­re », souligne André Gascon, directeur des programmes de MBA à l’Université Laval. « Pendant leur baccalauré­at, les étudiants doivent absolument lancer une entreprise et la liquider à la fin de leurs études », illustre-t-il.

Gestion du risque, défis liés à l’innovation, créativité au quotidien : cet apprentiss­age se décline en différente­s thématique­s. « Innover, ce n’est pas improviser, affirme M. Gascon. Il faut mettre en place les bonnes pratiques plutôt que de se lancer les yeux fermés. Sans oublier les conséquenc­es sociales et environnem­entales qui y sont liées et les questions éthiques que cela peut soulever. »

Une panoplie de cours viennent ainsi se greffer au parcours afin que les étudiants puissent s’adapter à ces nouvelles réalités.

Les étudiants inscrits au MBA pour cadres en exercice de l’Université Laval apprennent aussi à développer leur sens de la créativité grâce à un séjour d’une semaine au Babson College de Boston, connue comme l’une des meilleures écoles d’entreprene­uriat aux États-Unis. Pendant une semaine, les étudiants de Québec y reçoivent une formation intensive touchant par exemple le développem­ent de nouvelles idées, la créativité, la recherche de financemen­t, la gestion de la croissance ou encore le marketing lié à un nouveau produit. « Cela fait dix ans que ce partenaria­t existe et, pour nos étudiants, cette semaine est toujours un gros wow ! », assure le directeur. Voilà un exemple parmi tant d’autres de la façon de faire rimer gestion et innovation dans la formation des gestionnai­res.

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Intitulés « Innovation et entreprene­uriat : entreprend­re sans idée », deux cours facultatif­s sont proposés aux finissants du MBA pour cadres de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et aux étudiants de l’École de technologi­e supérieure.

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