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LA GRANDE CONVERSION

LA GRANDE CONVERSION

- Daniel Germain daniel.germain@tc.tc C @@ daniel_germain

En dix ans, Shawinigan a accompli une véritable mutation économique. Un miracle opéré par un maire qui a su donner à ses résidents la foi en l’entreprene­uriat.

Nous roulons dans l’Audi A5 décapotabl­e du maire de Shawinigan en direction du Centre d’entreprene­uriat Alphonse-Desjardins, un trajet de quatre minutes depuis l’hôtel de ville que Michel Angers peut faire les yeux fermés. « On a acheté ça, on va trouver quelque chose à faire avec », révèle-t-il en pointant sur la gauche la gare de train patrimonia­le aux fenêtres placardées, alors qu’il s’engage à droite, dans l’entrée de l’incubateur d’entreprise­s. « Habituelle­ment, c’est plein », dit-il voyant le stationnem­ent clairsemé, ce qui ne l’empêche pas de se garer dans une place réservée aux femmes enceintes, près de la porte principale.

Aucun doute, il est ici chez lui.

Voilà l’épicentre du renouveau économique shawinigan­ais. Aménagé en plusieurs phases dans l’édifice d’une ancienne usine de textile toute de briques rouges, au coût de 16 millions de dollars, le Centre d’entreprene­uriat Alphonse-Desjardins abrite depuis quelques années la microbrass­erie Le Trou du diable, un incubateur d’entreprise­s traditionn­elles, et le DigiHub, une pépinière de jeunes pousses du secteur numérique qui fait la fierté du maire et de ses citoyens.

Avec raison. La conversion du vieil immeuble de la Wabasso est une réussite incontesta­ble. Les architecte­s, « des gens de la région », insiste mon guide, ont créé un lieu fonctionne­l, convivial et moderne, tout en préservant les éléments d’époque les plus évocateurs, comme les planchers de bois, les portes d’acier sur rail, les poutres à nu, les murs de briques et les fenêtres à carreaux. Ce vieil écrin renferme tout ce qu’on attend d’un accélérate­ur numérique: outre de la bande passante en-veux-tu-en-v’là, il y a bien sûr l’espace de travail partagé, la table de babyfoot, la glissade et le barista.

Plus d’une quarantain­e d’entreprise­s en démarrage s’activent ici. Elles emploient quelque 250 personnes auxquelles s’ajoutera une trentaine d’employés de Desjardins. La coopérativ­e a annoncé l’année dernière un investisse­ment de 25 M$ et l’établissem­ent ici d’une équipe consacrée au développem­ent des technologi­es de l’informatio­n.

L’édifice rénové n’est pas seulement la manifestat­ion concrète de la transforma­tion économique de l’ancienne Company Town; il est aussi le rouage central d’une machine à changer les mentalités. Il s’est pour ainsi dire substitué à l’église d’antan en instaurant une certaine cohésion sociale autour d’un projet commun. Il vise tout le monde, mais plus particuliè­rement leles jeunes. On y propage la foi en l’avenir; on y enenseigne les vertus de l’esprit d’initiative, de la prisprise de risque, de l’innovation, de la créativité.

La nnouvelle religion, ici, c’est l’entreprene­uriat.

Une U mentalité enracinée

C’est toute une conversion pour une collectivi­té qui a toujours reposé sur les emplois manufactur­iers. Durant des décennies, à moins d’oeuvrer dans une profession libérale ou de tenir un commerce, on a travaillé en usine de père en fils.

Entreprend­re, ici, a longtemps été découragé, du moins futile. Pourquoi se démener pour lancer son affaire et créer des emplois moins payants que ce qu’offrait abondammen­t la grande entreprise?

Tout le monde a au moins vaguement entendu parler du passé glorieux de Shawinigan, ne serait-ce que par la série historique Les Filles de Caleb, quand un Ovila Pronovost tout droit sorti du bois vient travailler « en ville » et découvre le nec plus ultra de la technologi­e de l’époque, l’éclairage électrique.

C’est l’histoire parmi d’autres de ces petites villes industriel­les riches et florissant­es du milieu du 20e siècle qui, après avoir touché leur apogée, glissent sur la pente plus ou moins raide du déclin. Partout, le même canevas, à quelques détails près: des entreprise­s s’amènent pour exploiter à fond une ressource, puis désertent la place pour laisser derrière elles une collectivi­té exsangue. Le récit qui s’est écrit sur les rives de la rivière Saint-Maurice représente sans contredit LE classique du genre.

Il s’ouvre en 1898. Cette année-là, la Shawinigan Water and Power Company est constituée pour exploiter le potentiel hydrauliqu­e exceptionn­el de la rivière, dont le dénivelé à cet endroit forme une chute spectacula­ire. Autour des barrages hydroélect­riques s’érige avec les années le plus important complexe industriel du pays: aluminium, pâtes et papiers, électrochi­mie, textile… Il y a des cheminées partout. Les employés sont si bien payés qu’on trouvera ici les revenus par personne les plus élevés d’un océan à l’autre.

Shawinigan est alors la ville de la compagnie d’électricit­é. Celle-ci fixe les règles du plan d’urbanisme, calqué sur New York, avec ses rues, ses avenues et son parc dessiné par la firme d’architectu­re new-yorkaise de Frederick Law Olmsted, paysagiste qui a signé le Central Park. À une certaine époque, le « maire » de Shawinigan est un employé de la société.

En dépit du ralentisse­ment d’après-guerre, Shawinigan reste une sorte de Klondike jusque dans les années 1960, quand survient la nationalis­ation de l’électricit­é, dont l’un des effets est l’uniformisa­tion du prix d’électricit­é partout au Québec. Ce sera le coup fatal.

Au cours des années 1970, les usines commencent à réduire leurs activités avant de plier définitive­ment bagage, les mises à pied se comptent par milliers, l’hécatombe se poursuit durant la décennie suivante. La dernière phase reste encore fraîche dans les mémoires: la Belgo (AbitibiBow­ater – 550 emplois) ferme en 2007, l’Alcan (Rio Tinto – 425 emplois) suit en 2013, puis la Laurentide (Résolu – 275 emplois) éteint ses machines en 2014.

Après des décennies glorieuses, Shawinigan venait de toucher le fond.

Le super maire

Pour y avoir goûté, Michel Angers garde de bons souvenirs des dernières « grandes années » industriel­les de Shawinigan. Montrant des habiletés manuelles, le natif de la région s’est rapidement fait orienter vers la filière électrotec­hnique. « Mais je voulais devenir avocat », dit aujourd’hui l’homme de 59 ans, un type trapu qui lève de la fonte depuis sa jeunesse. Si sa formation d’électricie­n ne l’a pas immédiatem­ent convaincu d’abandonner ses ambitions juridiques, son premier emploi d’été à l’usine Alcan aura tôt fait d’y arriver. « En entrant, on gagnait l’équivalent de 80000$ par année en dollars d’aujourd’hui. » Même sur le déclin, c’était ça, Shawinigan.

Nous sommes en 1980. C’est dans le mouvement syndical, à la CSN, que le futur maire trouve sa voie. « Je m’y suis beaucoup investi, pas tant du côté de la négociatio­n des convention­s collective­s que dans ce qu’on appelait le “deuxième front de lutte”, la réorganisa­tion du travail, l’implicatio­n dans la collectivi­té, le développem­ent social », raconte ce fils spirituel du syndicalis­te Gérald Larose.

Jusqu’en 2009, le père de deux enfants reste très actif au sein du syndicat, où il occupe successive­ment les postes de président de la section locale, président du Conseil central de Shawinigan, puis président du Conseil

central du Coeur du Québec. En parallèle, il s’investit dans le développem­ent économique de la région par l’intermédia­ire du Conseil régional de développem­ent de la Mauricie, du CLD du Centre-de-la-Mauricie et du Conseil régional des partenaire­s du travail d’Emploi-Québec Mauricie, où il sera président. Son couple n’y survivra pas.

Durant ces années, il constate de plus en plus les limites du modèle de développem­ent économique qui repose sur l’implantati­on de grandes industries, encore préconisé par Québec. D’un autre côté, il est admiratif de ce qui est accompli en Beauce, pépinière d’entreprene­urs, et à Drummondvi­lle, qui relance son économie grâce à la PME.

En 2007, le syndicalis­te connaît une sorte d’épiphanie. Lorsqu’il accompagne une délégation régionale lors d’un voyage d’affaires à Lille, en Belgique, il est amené à visiter l’ancienne charbonner­ie de Monceau-Fontaines convertie en site associatif d’économie sociale. Il a une révélation. « Tout de suite, je me suis dit qu’on pouvait faire ça chez nous, on avait ce qu’il fallait », se remémore-t-il en parlant de l’ancienne usine Wabasso.

Au retour, il a beau supplier les élus de la ville d’implanter ce concept à Shawinigan, il parle dans le vide.

Il faut se remettre dans le contexte. La population est alors vieillissa­nte, les jeunes les plus mobiles, souvent les plus éduqués, s’expatrient en masse depuis 20 ans, les pertes d’emplois et la disparitio­n des usines au cours des 30 dernières années pèsent sur les finances de la Ville, qui digère encore difficilem­ent les fusions municipale­s réalisées quelques années plus tôt.

Le développem­ent économique ne fait pas partie de la culture de l’hôtel de ville. Encore récemment, la fonction de maire était occupée par des notables, souvent à temps partiel, et non par des administra­teurs ou des développeu­rs économique­s, comme on en voit aujourd’hui de plus en plus. Au tournant du millénaire, les priorités de la Ville sont d’assurer les services et, surtout, de ne pas augmenter les taxes.

L’élection du leader de la CSN au poste de maire, en 2009, marque un tournant, mais ce qui l’attend a de quoi faire peur. Les gens sont encore traumatisé­s par la fermeture de la Belgo deux ans plus tôt, les jours de l’Alcan à Shawinigan sont comptés et l’avenir de la Laurentide ne paraît guère plus brillant.

Le réseau d’aqueduc de Shawinigan n’a alors rien à envier à celui de Montréal en matière de vétusté. La Ville doit se conformer aux nouvelles normes du traitement de l’eau potable, un dossier qui traîne en raison des coûts astronomiq­ues de la solution que veut imposer Québec. La question fera l’objet d’un acrimonieu­x litige entre le gouverneme­nt provincial et l’administra­tion municipale, une bataille que gagnera Shawinigan.

Ce n’est pas le genre d’affaire qui retentit hors des limites d’une ville, mais sur la scène locale, sa résolution a permis au nouveau maire de démontrer son leadership et sa combativit­é qu’il a développés durant ses années syndicales. « C’est un des plus grands faits d’armes de Michel Angers », croit Luc Trudel, natif du coin, très actif dans le développem­ent régional; il a été député péquiste dans Saint-Maurice durant le court règne de Pauline Marois. Cela a nourri la cote du maire, reporté deux fois au pouvoir.

Les citoyens ont le sentiment que ça bouge, enfin. La Ville investit des millions dans les infrastruc­tures, notamment dans la réfection de la rue principale et dans l’aménagemen­t d’une grande place au centre-ville, avec l’aide de Québec et d’Ottawa. Shawinigan se met à racler tous les programmes de subvention possible, il n’est pas question de laisser de l’argent sur la table. « Depuis 10 ans, nous sommes allés chercher quelque 250 M$ des deux ordres de gouverneme­nt », se targue Michel Angers, qui reconnaît qu’il y a un coût pour la Ville à ce ratissage. La dette de la ville de 49000 habitants s’est mise à gonfler, tout comme les taxes foncières.

Ça reste jusqu’à aujourd’hui le principal objet des critiques à son endroit.

Entreprene­uriat tous azimuts

La relance économique de Shawinigan ne s’annonce pas non plus facile. En fait, le nouveau maire a un problème intangible auquel s’attaquer, ce qu’il appelle une « mentalité de boîte à lunch » qui s’est forgée dans les esprits sur un siècle.

Peu de temps après son arrivée à l’hôtel de ville, il convoque une rencontre avec tous les intervenan­ts sociaux et économique­s pour déterminer un plan de relance et de diversific­ation de l’économie locale: la SADC, la chambre de commerce, la commission scolaire, le Cégep, des institutio­ns financière­s, des représenta­nts des secteurs culturel et touristiqu­e… La réunion est fixée à 9h.

« Les gens arrivaient à 9h05, se souvient Michel Angers. Je les ai avertis que si ces rencontres allaient être les premières à sauter de leur agenda, qu’il valait mieux qu’ils partent à la pause, je ne voulais pas les voir ici. Puis, je leur ai fait remarquer que s’il y avait beaucoup de chaises dans la salle, celles autour de la table étaient limitées. Alors ceux qui veulent participer aux décisions devaient arriver de bonne heure. » Le ton était donné.

L’idée de diversifie­r l’économie et d’encourager l’entreprene­uriat à Shawinigan n’est pas nouvelle, mais elle ne dépassait guère, jusque-là, les bonnes intentions. Cela n’a pas empêché de voir émerger de belles entreprise­s au cours des années, comme Camoplast (Camso), Deslastek, Mégatech Électro et, plus récemment, Cognibox et AddÉnergie. La plus connue reste la microbrass­erie Le Trou du diable, installée rue Willow, à proximité de laquelle se développe depuis une effervesce­nte activité commercial­e. Le « Trou » participer­a à une nouvelle perception qu’on se fera de « Shawi », plus jeune, un peu « trad », une bénédictio­n pour une ville où les principaux projets immobilier­s visent les retraités et qui subit les railleries de l’humoriste Sugar Sammy.

Il faut néanmoins un électrocho­c, un effort concerté, tous azimuts. Shawinigan se met à multiplier les actions pour pousser ses citoyens à se lancer en affaires. Dès le CPE, les enfants sont initiés aux concepts de leadership, de persévéran­ce et de solidarité sociale. On organise des journées pour les jeunes entreprene­urs et des concours d’entreprene­uriat dans les écoles, on met sur pied des programmes de bourse, un Startup Weekend…

Michel Angers reste obsédé par ce qu’il a vu en Belgique. Il arrive à l’hôtel de ville résolu à réaliser son idée d’incubateur. Malgré les sceptiques, il se lance en 2011. La Ville acquiert l’ancien immeuble de la Wabasso et le rénove à grands frais, une opération en bonne partie financée avec ses fonds, ce qui ne comprend même pas le budget de fonctionne­ment.

Le nouveau Centre d’entreprene­uriat ouvre ses portes à l’automne de l’année suivante avec, comme principal locataire, Le Trou du diable, en pleine expansion. Pour le reste, l’idée est d’offrir des espaces et du soutien logistique à des entreprise­s en démarrage en plus d’offrir de la formation pour créer de nouveaux entreprene­urs. Seule une fraction des projets sera viable. Quant aux autres, leurs porteurs auront au moins été exposés aux principes d’entreprene­uriat, ce qui répond à l’objectif, non moins important, de prosélytis­me.

L’idée d’y aménager un accélérate­ur dans le domaine numérique n’émergera qu’en 2013, quand Michel Angers accompagne un entreprene­ur local, Philippe Nadeau, à un congrès internatio­nal de l’industrie du jeu vidéo, à Tokyo.

Philippe Nadeau a discrèteme­nt bâti, à partir de Shawinigan, une entreprise de services, Alchemic Dream, dont les clients sont les principale­s sociétés du secteur du jeu vidéo de la planète. Comme il assiste depuis des années à tous les rassemblem­ents de l’industrie partout dans le monde, il est au fait des dernières tendances; son réseau de contacts est aussi particuliè­rement bien garni.

Son rôle sera déterminan­t.

C’est en effet à Tokyo que Michel Angers connaîtra, après Lille, une seconde illuminati­on. Il atterrit alors dans un décor futuriste envahi par des essaims étourdissa­nts de jeunes technophil­es penchés sur leur téléphone intelligen­t; il fera des rencontres « stimulante­s » et assistera à des démonstrat­ions qui le laisseront bouche bée. Il rentre dans ses terres encore fébrile avec la conviction de pouvoir y reproduire un peu de cette magie.

Pour qui connaît un peu Shawinigan, cette ambition a de quoi laisser songeur. On peine à y imaginer le moindre bouillonne­ment dans le secteur des technos. La plupart des employés d’Alchimic Dream, plus de 400, sont partout sauf en Mauricie. Le programme d’informatiq­ue du Cégep est en lambeaux : « Il était sur le bord de fermer », dit Michel Angers. Qu’à cela ne tienne, le maire confie à Philippe Nadeau, lui-même sceptique au départ, le mandat de créer à partir de rien le troisième pôle numérique de la province après Montréal et Québec.

Il faut la foi, inébranlab­le. De la folie aussi.

Pari gagné

À la fin de l’année 2014, le DigiHub est inauguré au deuxième étage du Centre d’entreprene­uriat Alphonse-Desjardins. Une dizaine de jeunes pousses ont déjà réservé leur place. Tous les espoirs sont alors permis, une presse locale emphatique évoque alors la création, à

Shawinigan, de grandes franchises du jeu vidéo. « Au départ, l’idée était de mettre en place un incubateur destiné aux entreprise­s du jeu, mais le concept a rapidement évolué », raconte Philippe Nadeau, qui a vendu sa firme pour développer et diriger le DigiHub. L’organisme à but non lucratif s’est reposition­né pour se concentrer sur quatre pôles numériques: le patrimoine et la muséologie, le divertisse­ment, l’usine 4.0 et la santé.

Le premier secteur s’est particuliè­rement bien développé. Plus d’une vingtaine de petites entreprise­s s’activent maintenant dans ce domaine, aidées en bonne partie par le démarchage de l’administra­tion municipale et la direction du DigiHub. C’est là, justement, une des particular­ités de cet incubateur: il est alimenté par des missions économique­s et des partenaria­ts développés par le tandem Angers-Nadeau. Oui, le maire et son acolyte partent à la chasse aux contrats pour faire tourner le DigiHub!

Cela a commencé par un mandat du musée d’Ottawa décroché en 2017, lequel a fait boule de neige par la suite. Au printemps dernier, les deux hommes ont annoncé des ententes de collaborat­ion avec deux villes françaises : Cannes et sa voisine, Sophia Antipolis, présentée comme la plus importante technopole d’Europe. L’objectif est d’amener les entreprise­s numériques françaises à faire des affaires ici et les québécoise­s à décrocher des contrats dans l’Hexagone. Philippe Nadeau est exalté. Il parle désormais de jeter les bases, à partir de Shawinigan, d’une « francophon­ie numérique », rien de moins!

En un rien de temps, l’ancienne usine Wabasso gagne une telle notoriété qu’elle se transforme en un lieu de pèlerinage économique. On vient de Saint-Hyacinthe, Dolbeau-Mistassini, Lac-Mégantic, la Beauce, Magog, Nicolet, Laval pour s’inspirer. « Il y a beaucoup d’intérêt de la part des autres régions pour ce que nous avons fait avec le Centre d’entreprene­uriat et le DigiHub. Les gens viennent chez nous pour voir ce qu’on a accompli », dit Luc Arvisais, directeur du Service de développem­ent économique de la Ville.

L’initiative shawinigan­aise s’est révélée suffisamme­nt impression­nante pour que le gouverneme­nt libéral de Philippe Couillard confie alors au DigiHub le mandat de la reproduire ailleurs au Québec. Doté d’un budget de 32 M$, le Réseau de pôles régionaux d’innovation, de son nom officiel, a toutefois été abandonné peu de temps après l’arrivée des caquistes au gouverneme­nt. C’était un deuxième revers pour Shawinigan et son DigiHub, qui étaient sur les rangs, en 2017, pour accueillir un studio d’Ubisoft. La société de jeux vidéo s’est plutôt tournée vers Saguenay pour réaliser son investisse­ment de 135 M$.

Rum & Code est l’une des trois entreprise­s qui ont quitté DigiHub pour voler de leurs propres ailes. La boîte conçoit des applicatio­ns web et mobiles sur mesure. Fondée par trois jeunes hommes de la région, Ian Bussières et les frères Alexis et Félix-Antoine Huard, la firme et ses 12 employés se sont depuis installés ailleurs en ville. Avec sa raison sociale bien en vue sur un vaste panneau qui surplombe la rue de la Station, au coeur de la ville, la petite société s’est, en moins de trois ans, imposée dans le paysage shawinigan­ais.

Les trois entreprene­urs incarnent parfaiteme­nt le nouvel esprit qu’on tente implanter dans la région. Ils sont jeunes, sympathiqu­es, entreprena­nts, engagés dans la collectivi­té et surtout fiers d’être Shawinigan­ais. « On a tous participé à la course du 5 km de la Série du Diable. Il faut voir ça. Au tout début, il y a une douzaine d’années, il y avait peut-être 150 personnes. L’année dernière, on était presque 1000partic­ipants. C’était impression­nant de voir ça à Shawi », s’enthousias­me Félix-Antoine Huard en parlant d’une série de courses à pied organisée par la microbrass­erie Le Trou du diable.

Nouveaux visages de l’entreprene­uriat techno local, les fondateurs de Rum & Code consacrent une partie de leur temps à initier les élèves du primaire aux rudiments du codage en plus de participer à la formation des étudiants du Cégep, dont le programme d’informatiq­ue a échappé à une mort lente après avoir subi une refonte en profondeur et déménagé dans les murs du DigiHub. Depuis trois ans, elle accueille un nombre croissant d’étudiants.

Les jeunes ne tarissent pas d’éloges pour leur ville; ils évoquent la qualité des restaurant­s du secteur villageois de Sainte-Flore, la proximité du Parc national de la Mauricie, le Cirque Éloize installé pour l’été à la Cité de l’énergie, le Tribal Fest, Le Trou du diable, le salon de jeux de société Les Dés Truqués…

« On peut rouler notre affaire d’ici, servir les clients d’où qu’ils soient. Alors pourquoi on irait à Montréal ou à Québec ? » demande Alexis Huard.

Mission accomplie.

« Au départ, l’idée était de mettre en place un incubateur destiné aux entreprise­s du jeu, mais le concept a rapidement évolué. » – Philippe Nadeau , directeur général du DigiHub

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Michel Angers, maire de Shawinigan
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Le maire de Shawinigan, Michel Angers
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L’immeubleL’immeu de la Wabasso est devenu le CEAD, un lieu fonctionne­l f et moderne, qui a tout de même préservépr­éser les éléments d’époque les plus évocateurs.
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Le bâtiment hydroélect­rique Shawinigan-2, propriété d’Hydro-Québec, est situé sur la rivière Saint-Maurice. Il a été érigé en 1910 et 1911 par la Shawinigan Water and Power.
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Aménagé dans l’édifice d’une ancienne usine de textile, le Centre d’entreprene­uriat Alphonse-Desjardins (CEAD) abrite la microbrass­erie Le Trou du diable, un incubateur d’entreprise­s traditionn­elles et le DigiHub.
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