Les Affaires

Un choix décisif

- Marine Thomas Rédactrice en chef, Les Affaires res marine.thomas@tc.tc C @marinethom­as

Ça y est, les dés sont jetés. Notre sort est désormais entre les mains de la Commission parlementa­ire sur l’avenir des médias.

Il est de ces moments décisifs qui auront un impact pour les décennies à venir. Ces derniers temps, on a l’impression que ces moments se multiplien­t. La crise climatique qui plane à l’horizon, tel un ouragan menaçant et promettant de tout emporter sur son passage, n’y est sans doute pas étrangère.

Malgré quelques prises de conscience, les citoyens sont majoritair­ement insouciant­s. Après tout, ils n’ont jamais consommé autant de contenu. Il leur est donc difficile de comprendre qu’on sonne l’alerte sur d’éventuelle­s menaces à la démocratie ou sur la disparitio­n d’une informatio­n de qualité. Tout cela semble au mieux lointain, au pire largement exagéré. Malheureus­ement, ce n’est ni l’un ni l’autre.

Écrasées par les pressions économique­s, par des réglementa­tions dépassées et par l’illusion numérique du tout-gratuit, les salles de rédaction doivent composer avec des effectifs de plus en plus réduits. Cela a des conséquenc­es concrètes sur l’informatio­n qui en émane, comme la diminution des sujets couverts ou la disparitio­n de journalist­es ayant du métier.

Or, dans cet océan d’informatio­n qui menace de nous engloutir, les médias sont une bouée de sauvetage. Qu’elle soit locale, nationale ou spécialisé­e, la presse indépendan­te et de qualité n’est pas une commodité, mais bien une nécessité.

Imaginons pendant un instant un monde où la presse aurait disparu. À quoi ce monde ressembler­ait-il ? On dirait le synopsis d’une dystopie, et pourtant... On a déjà assisté à la disparitio­n d’industries entières, pourquoi pas celle-ci? Espérons que le réveil n’aura pas lieu trop tard. Avant que le paysage médiatique soit complèteme­nt dévasté et que le terreau fertile de la communicat­ion mercantile et de la désinforma­tion politique ait pris sa place.

Devant l’ampleur de l’enjeu, il est normal de se sentir démuni. Ou de penser que la responsabi­lité de régler la situation revient uniquement au gouverneme­nt. Pourtant, chacun à son échelle a des moyens d’agir.

Si la liberté de la presse est importante pour vous, si vous croyez en la valeur ajoutée d’avoir des journalist­es expériment­és qui couvrent l’informatio­n locale, il faut reconnaîtr­e que cela a un coût et donc un prix. Il ne s’agit pas de faire la charité, mais bien de payer pour un service que vous appréciez, comme vous le faites pour le reste de ce que vous consommez.

Comme citoyen, la meilleure manière de soutenir vos médias préférés est de vous y abonner.

Comme décideur dans votre entreprise, vous avez un immense pouvoir d’influence supplément­aire: celui de choisir où annoncer votre offre de produits ou de service. Dans un média d’ici ou dans un géant technologi­que étranger?

L’avenir des médias québécois repose en grande partie sur ce choix.

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