PHILIPPE HYNES, PRÉSIDENT ET GESTIONNAIRE DE PORTEFEUILLE CHEZ TONUS CAPITAL
Sur les entreprises familiales
« La plus grande différence que je vois entre les entreprises familiales et les autres sociétés est l’horizon de temps dans la vision de la direction. Les entreprises familiales voient à beaucoup plus long terme », souligne Philippe Hynes. Il croit que si l’équipe de direction est capable d’investir les capitaux judicieusement et de générer de bons rendements à long terme, cela en fera des entreprises fantastiques. « En revanche, si la gouvernance est déficiente ou que les capitaux sont moins bien investis, ou pas du tout cela peut donner des entreprises qui font du surplace, qui sont moins performantes et moins attrayantes. »
Dollarama (Tor., DOL.TO, 51,44$) Capitalisation boursière: 15,97 G$ Rendement du dividende: 0,34%
M. Hynes aime tout particulièrement le titre de Dollarama, de la famille Rossy, qui détient toujours 7% des actions. « Le fils du fondateur a pris la relève, il y a deux ans, et la transition s’est bien faite », précise-t-il. Il signale que c’est un modèle d’entreprise où il y a un avantage concurrentiel à être plus gros. Selon lui, les aspects positifs sont, entre autres, la qualité des acheteurs de produits et les emplacements stratégiques des Dollarama (plus de 1200 magasins au Canada) qui en font une enseigne difficile à concurrencer dans le secteur des détaillants à bas prix. « Si on les compare à d’autres entreprises publiques américaines, on constate qu’ils affichent de meilleures marges brutes. » Leur ratio de profitabilité est supérieur et cela s’explique, selon M. Hynes, par le fait qu’il y a moins de concurrence ici et que leur offre de produits est plus intéressante. « La direction table sur une croissance de 65 magasins par année, soit environ 5%. La question est de savoir si l’entreprise pourra maintenir la cadence sur le plan de ses marges bénéficiaires. » Le président de Tonus Capital souligne que l’entreprise a récemment conclu une entente de partenariat avec Dollar City afin d’ouvrir des magasins en Amérique latine (El Salvador, Guatemala, Colombie).
Rogers Communication (Tor., RCI.B, 64,86$) Capitalisation boursière: 35,60 G$ Rendement du dividende: 3,08%
Rogers, contrôlée par la famille Rogers, qui détient environ 28% des actions en circulation, a bien su s’adapter aux changements survenus dans l’industrie des télécommunications, croit M. Hynes « Le secteur des télécommunications au Canada est un oligopole. Mais c’est néanmoins un secteur changeant et Rogers a su bien adapter son modèle d’affaires au cours des vingt dernières années. » Il note que des changements ont eu lieu dans chacun des trois axes de développement: la câblodistribution, le cellulaire et les médias. « Ils ont crû de façon exceptionnelle en trouvant d’autres vecteurs de croissance dans ces mêmes secteurs. De nos jours, un peu plus de 50% des revenus proviennent du cellulaire. » Le gestionnaire de portefeuille juge intéressant ce qui se passe actuellement avec la baisse du prix des forfaits de téléphone cellulaire, encore élevé par rapport aux prix des États-Unis, et l’introduction de forfaits illimités. « Cela risque d’inciter les gens à utiliser davantage leur téléphone. Avec le développement de leur réseau 5G dans les grandes villes, cela pourrait aussi signifier une croissance importante de la consommation de données, ce qui pourrait être profitable aux plus gros acteurs de l’industrie du cellulaire. » Il note également que le segment « câble » a subi une importante transition, d’un service presque exclusivement axé sur la télévision à un modèle d’affaires axé sur Internet. « Une partie grandissante de leurs revenus provient de l’Internet à domicile. Les gens consomment davantage via différents appareils et applications comme Netflix; ils ont besoin de plus de vitesse et de données. »