VINCENT FOURNIER, GESTIONNAIRE DE PORTEFEUILLE CHEZ CLARET
Sur les entreprises familiales
« Les belles et bonnes entreprises familiales ne sont plus aussi nombreuses qu’autrefois, au Québec à tout le moins, déplore d’emblée Vincent Fournier. Soit elles ont été vendues à des intérêts étrangers, soit le prix de leurs actions est trop cher. » Il reconnaît que ces dernières recèlent des avantages indéniables. « L’objectif ultime de la famille est de maximiser sa valeur nette. Les intérêts des actionnaires minoritaires se trouvent ainsi directement alignés sur ceux des dirigeants. Ils ne sont pas là pour s’auto-escroquer », dit-il à la blague. Il voit néanmoins aussi des désavantages. « Ça ne veut pas dire que les succès de la première génération seront reflétés dans les générations suivantes. C’est documenté que les successeurs ne reproduisent pas toujours les succès d’antan. » Il rappelle aussi que les actionnaires minoritaires peuvent parfois se sentir impuissants devant les mesures, prises ou non par les dirigeants, pour maximiser leur plan d’affaires.
Thérapeutique Knight (Tor., GUD.TO, 7,58$) Capitalisation boursière: 1,04 G$ Rendement du dividende: aucun dividende
Thérapeutique Knight, une société spécialisée dans l’acquisition de produits pharmaceutiques, est un exemple d’entreprise dont l’actionnariat minoritaire s’est senti impuissant. Un actionnaire mécontent avait entrepris une bataille de procurations afin d’imposer un changement de stratégie à la direction et à son PDG, Jonathan Ross Goodman. Malgré les vents contraires qui ont soufflé sur l’industrie pharmaceutique au cours des dernières années, le gestionnaire de portefeuille estime que si quelqu’un peut reproduire un succès passé, c’est bien le fondateur de cette entreprise montréalaise. « C’est l’un des entrepreneurs qui a remporté le plus de succès au cours des années 2000 avec Laboratoire Paladin. L’action de celle-ci avait décuplé entre sa fondation et sa vente en 2013. »
« M. Goodman est un gars patient, il achète seulement quand il est certain d’obtenir un rendement avec l’acquisition ajoute-t-il. Il n’essaie pas de faire des coups de circuit, mais des coups sûrs. Si tu achètes Knight actuellement, tu achètes ni plus ni moins un butin de guerre. Il a beaucoup de liquidités, environ 6 $ par action. »
Industries Lassonde (Tor., LAS-A, 168,81$) Capitalisation boursière: 1,19 G$ Rendement du dividende: 1,41%
Le producteur de jus, établi à Rougemont, au Québec, est un véritable fleuron québécois, selon M. Fournier. « On a toujours trouvé que c’était une entreprise de premier plan. Notre seul problème historiquement était soit le prix de l’action, que nous jugions trop élevé, soit le peu de volume qu’il y avait sur le titre. C’est très peu échangé à la Bourse et ça peut être compliqué de prendre une grosse position. » La hausse du coût des transports et de la résine (pour l’embouteillage) ainsi qu’une concurrence plus grande en provenance des États-Unis ont entraîné, selon lui, une baisse des marges, qui sont encore plus faibles qu’anticipées. « Cette concurrence plus grande n’a pas permis, à court terme, d’augmenter les prix des produits pour revenir au niveau des marges historiques. » Il rappelle que des stratégies sont en place afin de retrouver les marges d’antan dans la deuxième moitié de 2019. « Le résultat est que le titre s’échange aujourd’hui autour de 200$ au lieu de 300 $. Par le passé, il s’échangeait entre 18 et 22 fois les profits. Et actuellement, il est à 15 fois les bénéfices attendus de 2019, ce qui est attrayant. »