MARC GAGNON, VICE-PRÉSIDENT ET GESTIONNAIRE DE PORTEFEUILLE PRINCIPAL, ACTIONS NORD-AMÉRICAINES, INDUSTRIELLE ALLIANCE
Sur les entreprises familiales
Comme ses confrères, Marc Gagnon voit à la fois des avantages et des inconvénients à investir dans des entreprises sous contrôle familial. « Il y a un désavantage en ce qui concerne la succession d’un dirigeant fondateur. Il y a toujours un flottement lorsqu’un fondateur quitte ses fonctions et désigne le successeur. Cela peut entraîner une perte de valeur pendant un certain temps. » Il déplore aussi le système d’actions à droit de vote multiple, qui vient amoindrir l’importance du vote des autres actionnaires. « Les entreprises familiales utilisent souvent cette façon de faire pour garder le contrôle. C’est un phénomène bien canadien. On voit moins cela aux États-Unis. » Par contre, les entrepreneurs à la tête de ces sociétés sont généralement des visionnaires passionnés, qui ont bâti leur entreprise à la sueur de leur front.
Alimentation Couche-Tard (Tor., ATD.B, 81,95$) Capitalisation boursière: 46,95 G$ Rendement du dividende: 0,61%
Le gestionnaire de portefeuille se tourne d’ailleurs vers l’une de ces entreprises fondées par un des grands bâtisseurs du Québec inc. « Couche-Tard a réellement su créer de la valeur au fil du temps, principalement par des acquisitions. L’entreprise a une bonne diversification géographique avec des points de service à la fois en Amérique du Nord et en Europe. » Il fait remarquer que le cours du titre est bien évalué. « Ce n’est pas une aubaine par rapport au ratio cours-bénéfice, mais c’est une entreprise d’une grande efficacité opérationnelle, comme on l’a vu par le passé. Elle a justement ramené son bilan et son ratio d’endettement à un niveau où elle pourrait réaliser de nouvelles acquisitions. Il a été question de l’Australie, comme plateforme éventuelle pour accéder à l’Asie. Ça reste à voir. » En raison de sa stratégie éprouvée, c’est un titre que l’on peut acheter et conserver pendant longtemps dans ses placements, selon M. Gagnon.
Bombardier (Tor., BBD.D, 1,67$) Capitalisation boursière: 4,03 G$ Rendement du dividende: aucun dividende
« C’est évidemment un titre dont le rendement potentiel est supérieur, mais qui comporte également un risque supérieur », soupèse d’entrée de jeu le gestionnaire de portefeuille chez Industrielle Alliance. Il avoue que ce n’est pas chose facile de recommander le titre de l’entreprise fondée par Joseph-Armand Bombardier dans les années 1930. « Bombardier a vendu récemment ses activités de jets régionaux (CRJ). Elle a eu des problèmes d’exécution et divers contrats problématiques dans sa division Transport. Ils ont récemment nommé un nouveau dirigeant à cette division. Bref, c’est une société qui est en transformation. » Il juge cependant que le titre est sous-évalué. « Sa division Avion vient d’élargir sa gamme d’affaires avec le Global 7500. Un avion très intéressant qu’elle est en train de commencer à produire. Elle doit en livrer de 15 à 20 en 2019 et de 30 à 40 en 2020. Cela pourrait dégager des marges intéressantes si les choses se passent comme prévu. » Il insiste sur le mot « si », mais mentionne du même souffle que le titre de Bombardier se négocie à escompte par rapport à la moyenne de ses pairs, les sociétés d’aéronautique et de transport. « Selon les attentes des analystes, en 2021, on serait à 6 fois les bénéfices de 2021. »