Les Affaires

LES ANGLES MORTS DE LA CROISSANCE

- Mia Homsy redactionl­esaffaires@tc.tc

Le Québec et sa métropole ont le vent dans les voiles. La croissance économique des dernières années a été solide et le Québec s’est démarqué à l’échelle canadienne pour ses performanc­es en emploi. Même en ce qui a trait à l’innovation, la situation commence enfin à s’améliorer lorsqu’on compare la performanc­e de Montréal à celle des autres métropoles nord-américaine­s de même envergure. Deux questions se posent toutefois: cette embellie sera-t-elle passagère ou durable? Et quels sont les principaux freins qui retardent encore le développem­ent du potentiel économique du Québec?

Après deux années de croissance annuelle du PIB à 2,8% (2017) et à 2,5% (2018), le Québec se dirige vers une troisième année consécutiv­e de croissance supérieure à 2%, soit bien au-delà du potentiel estimé par les prévisionn­istes, qui oscille entre 1,1% et 1,5%.

Les résultats sont encore plus impression­nants à Montréal: l’économie de la région métropolit­aine a crû de 3,7% en 2017 et de 3,4% en 2018. Montréal se hisse au troisième rang des 15 villes retenues pour la croissance économique, selon le classement réalisé dans le cadre du rapport « Comparer Montréal ».

Les bonnes performanc­es du taux d’emploi, de la création et de la qualité des emplois, du taux de chômage et, plus récemment, de la croissance des salaires sont également encouragea­ntes.

Plusieurs lacunes

Ce portrait favorable, dont il faut évidemment se réjouir, cache toutefois plusieurs lacunes: la croissance de la productivi­té et la qualificat­ion du capital humain demeurent des boulets. Dans un contexte de vieillisse­ment de la population et d’accélérati­on des changement­s technologi­ques, ces carences sont préoccupan­tes, puisque la productivi­té et le capital humain sont les deux principaux leviers de notre croissance à long terme. Dans la mesure où le capital humain est à la fois un déterminan­t important de la croissance et de la productivi­té, c’est là où il faut d’abord concentrer les énergies.

Malgré les améliorati­ons des dernières décennies, c’est au Québec que la diplomatio­n secondaire dans les temps requis demeure la plus faible parmi les provinces canadienne­s. La situation est particuliè­rement critique chez les garçons francophon­es du réseau public, où seulement un garçon sur deux obtient son diplôme en cinq ans.

Le Québec demeure également à la traîne quant à la proportion des personnes âgées de 25 à 64 ans détenant au moins un diplôme d’études secondaire­s et ceux détenant un diplôme universita­ire.

L’autre angle mort, dont on parle moins, mais qui se révèle de plus en plus névralgiqu­e, concerne la formation continue. Dans ce cas-ci, il est difficile de brosser un portrait clair de la situation tant les données sont déficiente­s.

Selon un rapport récemment publié par le Forum des politiques publiques, moins du tiers des Canadiens reçoivent une éducation non formelle liée à leur emploi. Ceux qui en reçoivent n’ont droit qu’à 49heures d’enseigneme­nt par année, ce qui est en deçà de la moyenne de 58 heures dans les pays membres de l’OCDE. Pire encore, les personnes qui ont le plus besoin de formation supplément­aire sont celles qui ont le plus de mal à en recevoir.

Au-delà de ce manque d’informatio­n et des statistiqu­es peu reluisante­s de la diplomatio­n au Québec, le risque que le décrochage scolaire augmente et que la formation continue diminue est encore plus important dans un contexte où le marché de l’emploi est favorable aux travailleu­rs. Il faudra demeurer vigilant pour éviter que l’embellie économique actuelle ne prépare des lendemains pluvieux pour les travailleu­rs.

Moins du tiers des Canadiens reçoivent une éducation non formelle liée à leur emploi. Ceux qui en reçoivent n’ont droit qu’à 49 heures d’enseigneme­nt par année, ce qui est en deçà de la moyenne de 58 heures dans les pays membres de l’OCDE.

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