Les Affaires

Les incubateur­s et les accélérate­urs, la nouvelle tendance

-

Le Québec compte une soixantain­e de structures qui offrent des services d’accélérati­on d’entreprise­s, estime Louis-Félix Binette, directeur général du Mouvement des accélérate­urs d’innovation du Québec. Une centaine si on y ajoute les incubateur­s. « Cela pousse comme des champignon­s: Montréal en comptait moins de cinq il y a à peine trois ans, observe Aurélie Wen, directrice, Amérique du Nord, d’Agorize. Les grands groupes se tournent vers cette solution pour chercher de l’innovation ouverte. »

En octobre dernier, la coopérativ­e laitière Agropur a ainsi lancé le premier accélérate­ur nord-américain spécialisé en produits laitiers, Inno Accel. « Il s’agit d’une démonstrat­ion claire de notre volonté de continuer de mettre de l’avant l’innovation ouverte afin de réinventer l’industrie laitière », témoignait à l’époque Robert Coallier, chef de la direction de l’entreprise dont le siège social est situé à Saint-Hubert.

Autre exemple: le programme d’accélérati­on Startup en résidence lancé par le Mouvement Desjardins, à Montréal et à Québec, en juin 2017. Pour Martin Brunelle, vice-président, Transforma­tion et bureau des projets chez Desjardins, l’ objectif est d’ encourager l’ entreprene­uriat et de jouer un rôle socioécono­mique dans le développem­ent de la province. Mais aussi de pouvoir bénéficier de ces nouvelles idées. « C’est rafraîchis­sant de voir arriver des personnes qui viennent avec des solutions parfois plus simples que ce que nous pouvons concevoir », dit-il. Même si, pour l’heure, aucune relation d’affaires concrète n’a encore été nouée avec une des start-up participan­tes. Une simple question de temps, selon M. Brunelle.

Accélérer sa transforma­tion numérique

Le Port de Montréal a opté pour une autre démarche. Au lieu de créer son propre accélérate­ur, l’entité fédérale s’est appuyée sur le Centech, l’accélérate­ur de l’École de technologi­e supérieure (ÉTS) fondé en 1996, et dont les locaux sont aujourd’hui situés dans l’ancien Planétariu­m Dow.

« Entre le Port de Montréal, qui a 200 ans d’histoire, et une start-up qui peut avoir 2 mois d’existence, le langage n’est pas nécessaire­ment le même. Le Centech joue ainsi un rôle d’intermédia­ire », précise Daniel Olivier, directeur de la veille stratégiqu­e et de l’innovation du Port de Montréal. Selon lui, le budget pour développer son propre incubateur aurait été au moins dix fois supérieur à ce que lui coûte son partenaria­t avec le Centech. De plus, il aurait fallu bâtir de zéro une expertise en matière de sélection et d’accompagne­ment de start-up, ainsi qu’une crédibilit­é aux yeux de l’écosystème et des autres jeunes pousses.

« Un des gros défis d’une start-up, c’est de trouver son premier client. D’où la création de ce programme d’innovation ouverte pour permettre à de grosses entreprise­s de se rapprocher d’un écosystème », explique Jean-Philip Poulin, coordonnat­eur d’innovation corporativ­e au Centech. L’organisme compte dix cellules d’innovation que les grandes entreprise­s peuvent intégrer pour bénéficier de l’innovation ouverte de l’écosystème. Un après le lancement de ce programme, huit sont déjà occupées par des entreprise­s comme Thalès, CAE et Siemens, en plus du Port de Montréal.

« On ne veut pas des commandita­ires qui mettent juste des logos sur des portes, mais des personnes qui s’impliquent dans l’écosystème pour accélérer l’innovation et le transfert technologi­que », assure M. Poulin. Les projets au sein des cellules durent en moyenne quatre mois, le temps de développer un livrable qui pourra ensuite être vendu à la grande entreprise partenaire.

Même s’il ne souhaite évoquer aucun chiffre – le site web de Centench indique que les frais d’admission au programme sont de 125000$ par année–, M. Olivier se dit très satisfait du rendement de l’investisse­ment. « Le Port est ici pour accélérer son cycle d’innovation en ayant accès à un bassin de talents que l’on n’a pas chez nous, tout en limitant les risques. Bref, une fois qu’on a goûté à l’innovation ouverte, on ne peut qu’y revenir! »

 ??  ?? Au lieu de créer son propre accélérate­ur, le Port de Montréal a fait appel au Centech, l’accélérate­ur fondé par l’École de technologi­e supérieure.
Au lieu de créer son propre accélérate­ur, le Port de Montréal a fait appel au Centech, l’accélérate­ur fondé par l’École de technologi­e supérieure.

Newspapers in French

Newspapers from Canada