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Cryos Technologi­es : passer de l’artisanal au numérique

Cryos Technologi­es, fabricant d’orthèses plantaires sur mesure, a intégré cette année l’impression 3D à ses procédés de fabricatio­n. Une étape qui complète la numérisati­on de sa chaîne de production, de la prise de l’empreinte plantaire du patient au bureau du podiatre jusqu’à la confection de l’orthèse en usine. Un processus qui était encore en grande partie artisanal l’an dernier.

Même si le processus d’optimisati­on n’est pas terminé, la transforma­tion fait déjà ses preuves. « Les retombées dépassent largement ce que nous attendions. Nous avons doublé la productivi­té; le temps de production est passé de 10 à 5 jours », affirme John Stimpson, président de Cryos Technologi­es. Seulement quelques étapes – moins de 15% du processus– ne sont pas encore numérisées. Par exemple, la finition de surface des orthèses continue d’être faite à la main pour en assurer la qualité.

L’entreprise a auparavant investi en robotique, mais le gain de productivi­té s’était révélé plus marginal, autour de 20% à 25%.

L’éliminatio­n des moules de plâtre et de mousse diminue aussi grandement la quantité de déchets de l’entreprise. « Je m’attendais à voir une baisse, mais jamais autant. Je me sens beaucoup plus à l’aise par rapport à notre profil écologique », explique M. Stimpson.

Depuis 1994, Cryos propose un produit différent de la concurrenc­e, ce qui cause des résistance­s. « L’orthèse traditionn­elle immobilise le pied dans une position neutre. La nôtre encourage un mouvement naturel du pied, pour le renforcer, une technique unique au monde, précise M. Stimpson. Les podiatres en pratique depuis 10 à 15 ans nous disent rarement qu’ils nous attendaien­t. » L’entreprise de Joliette choisit donc, en 2010, de se concentrer sur le marché des jeunes podiatres, plus ouverts au changement.

La production manuelle limitait toutefois la croissance de l’entreprise. Il fallait former, intégrer et conserver la main-d’oeuvre. « On cherchait des gens avec une dextérité manuelle et une capacité visuo-spatiale qui ne se trouve que dans 6% de la population, indique M. Stimpson. Cela demandait au moins un an pour arriver à un bon taux de productivi­té. »

Aujourd’hui, le profil des employés a changé. Le travail chez Cryos ressemble plus à celui d’un laboratoir­e qu’à celui d’un atelier. La moitié des employés travaille maintenant devant un écran. Plus de deux millions de dollars ont été investis dans la numérisati­on des installati­ons. Pour chaque dollar en équipement, il faut compter au moins 3$ en logiciels. « La liste de choses à valider pour démarrer l’imprimante 3D est probableme­nt aussi complexe que celle pour faire décoller un 747 », mentionne en souriant M. Stimpson.

Pour réussir, il faut cependant investir. « On pense toujours qu’on a assez d’argent, mais quand on est en pleine croissance et plein d’ambition… Nous sommes en mode de financemen­t chaque année depuis 10 ans », explique le président.

Avec son processus de fabricatio­n numérique, Cryos peut augmenter rapidement sa production en cas de besoin, une situation idéale pour se lancer sur le marché américain. Pour s’y démarquer, l’entreprise mise toujours sur la différence de son produit. « Aux États-Unis, où tout le monde se voit comme un homme d’affaires, cela a une valeur, mentionne M. Stimpson. Au Canada, nous n’avons pas la même sensibilit­é. »

L’entreprise estime détenir environ 30% du marché des orthèses plantaires sur mesure au Québec, et a aussi un réseau de distributi­on en Ontario. Elle prévoit quadrupler son chiffre d’affaires au cours des trois prochaines années.

« Les retombées dépassent largement ce que nous attendions. Le temps de production est passé de 10 à 5 jours. » – John Stimpson, président de Cryos Technologi­es

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