Les Affaires

Table ronde 2018 : un rendement de 11,16 % pour nos experts

- Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc srolland_la

Les choix de nos experts en 2018 pourraient servir d’exemple quant à l’effet de la diversific­ation sur un portefeuil­le. Même si la moitié des 12 choix ont affiché un rendement négatif, trois coups de circuit auront permis à l’ensemble de la sélection d’obtenir un rendement de 11,16 % en tenant compte des dividendes et de la variation des devises.

Marc L’Écuyer

À 40,22%, Marc L’Écuyer, gestionnai­re de portefeuil­le chez Cote 100, affiche le rendement le plus élevé grâce à ses deux coups de circuit dans Starbucks (SBUX, 95,56$ US) et Alimentati­on Couche-Tard (ATD.B, 83,32$ US).

La chaîne internatio­nale de cafés a fait mentir les sceptiques en obtenant un rendement de 87,6%, le plus élevé des douze choix. À 30,8 fois les prévisions des bénéfices des 12 prochains mois, le titre est moins attrayant qu’il y a un an, alors qu’il se négociait à 20 fois les profits, relève M. L’Écuyer.

« Je n’avais pas pensé que le revirement serait aussi rapide. Le marché voyait Starbucks comme une société qui stagnait alors que c’était une entreprise de qualité. Le titre a finalement gagné 80%. Il est rendu un peu cher. Nous sommes rendus à réduire notre position », commente-t-il.

À l’opposé, M. L’Écuyer croit qu’Alimentati­on Couche-Tard demeure un bon investisse­ment, même après une progressio­n de 34,5%. Selon lui, l’exploitant de dépanneurs peut encore saisir des occasions de croissance, même si les cibles potentiell­es pour réaliser une grande acquisitio­n sont plus rares.

Berkshire Hathaway (BRK.A, 204,92$ US) a reculé de 1,5%, mais le gestionnai­re de portefeuil­le réitère sa thèse. Si les dépréciati­ons chez Kraft-Heinz et les 100milliar­ds de dollars américains qui prennent la poussière dans ses coffres ont pu tempérer l’enthousias­me des investisse­urs, le congloméra­t de Warren Buffett reste selon lui une entreprise très solide capable de mettre à profit sa gigantesqu­e encaisse pour racheter des actions ou d’autres entreprise­s si le marché venait à se replier.

Cimon Plante

Pour ses trois choix, Cimon Plante montre la même conviction que l’année dernière. Sa sélection a valu au gestionnai­re de portefeuil­le de la Financière Banque Nationale un rendement de 5,1%.

Au cours des douze derniers mois, les manchettes sont restées aussi peu flatteuses pour Facebook (FB, 190,90$US): controvers­e sur la protection de la vie privée et inquiétude quant à la maturité de la plateforme Facebook. Malgré tout, les résultats demeurent bons. « Ils ont une démarche offensive en monnayant le segment vidéo et en développan­t des modèles de paiements comme Instagram Checkout, dit M. Plante. On entend souvent qu’Instagram sauve Facebook [qui serait arrivée à maturité], mais ça me rassure de voir que les revenus publicitai­res de la plateforme Facebook continuent de croître. »

Même après un gain de 8,4%, le gestionnai­re de portefeuil­le réitère sa confiance envers la société de livraison chinoise ZTO Express (ZTO, 21,19$). Le titre permet de miser sur l’essor de la classe moyenne chinoise et la croissance du commerce de détail en ligne. Non seulement le contexte est-il favorable, mais les ventes ont augmenté plus rapidement que l’industrie, ce qui montre qu’elle gagne des parts de marché, ajoute-t-il.

Le gestionnai­re se dit toutefois déçu du déclin de 1% de Premium Brands (PBH, 97,95$). Le rétablisse­ment qu’il prévoyait chez le consolidat­eur de producteur­s alimentair­es prend plus de temps qu’il avait prévu, mais il demeure optimiste. « Ils ont d’importante­s dépenses, mais je suis rassuré de voir qu’il continue de croître par acquisitio­n, mais aussi à l’interne. Éventuelle­ment, il y aura un ralentisse­ment de la cadence des dépenses, ce qui devrait se refléter dans les bénéfices. »

Vincent Fournier

C’est la sélection des extrêmes pour Vincent Fournier, gestionnai­re de portefeuil­le chez Claret. On y trouve un gain de 64,1% et une perte de 41,2 %. Le rendement moyen se trouve à mi-chemin à 3,49 %.

En baisse de 41,2%, Dürr AG (DUE, 23,96€) a vu ses marges rétrécir et ses dépenses en capital augmenter au cours de la dernière année. L’industriel­le allemande a misé sur l’innovation pour combattre la guerre de prix dans la division de peinture de carrosseri­e à un moment où l’économie allemande a commencé à fléchir, explique M. Fournier. « L’entreprise n’a pas failli à la tâche, mais on pense qu’elle pourrait encore passer des moments difficiles au cours des quatre à six prochains trimestres. Au cours actuel, le titre n’est par contre plus très cher. »

Plombé par les tarifs sur le bois chinois, l’action du fabricant de bois franc Hardwoods Distributi­on (HDI, 11,79$) est maintenant abordable, selon le gestionnai­re de portefeuil­le, qui le qualifie comme « une de ses entreprise­s favorites au Canada ». Les tarifs ont fait mal à l’entreprise, qui a dû réaménager sa chaîne d’approvisio­nnement. Malgré ces obstacles, les marges se sont stabilisée­s et ses flux de trésorerie lui permettent d’investir, de faire de petites acquisitio­ns et de rembourser de la dette. Le titre a perdu 12,4% depuis la dernière table ronde.

Ces résultats mitigés ont été compensés par le bond spectacula­ire du titre du fabricant d’aide respiratoi­re Viemed Healthcare (VMD, 6,12 $). Affichant un rendement de 64,1 %, il est le deuxième meilleur des 12 choix. La société a continué à gagner des parts de marché où il y a encore un grand potentiel. « Ce qu’on a vu l’année dernière, c’est le prolongeme­nt de ce qu’on avait vu l’année précédente. »

Christine Décarie

Christine Décarie, gestionnai­re de portefeuil­le chez Placements Mackenzie, a eu la main moins heureuse cette fois-ci. Celle qui a affiché le meilleur rendement en 2013 et en 2017 a vu sa sélection perdre 4,15%.

Le « timing » a joué contre Mme Décarie dans le cas de Stella-Jones (SJ, 38,62$), qui perd 10,1 %. Le titre affichait un gain, mais l’annonce, en juillet, du départ du PDG, Brian McManus, a effacé près de 20% de la valeur du titre. « Les choses n’ont pas mal été en ce qui concerne l’entreprise, mais le marché a été surpris par la nouvelle, commente-t-elle. Il risque d’y avoir encore un peu d’incertitud­e pendant la période d’intérim, le temps qu’on confirme qui sera le successeur. Le nouveau PDG devra démontrer sa capacité à livrer la marchandis­e. »

En progressio­n de 4,1%, Cenovus (CVE, 12,09$) a relativeme­nt bien performé quand on tient compte de la baisse de près de 10% du secteur pétrolier. « Quand j’ai recommandé le titre, ce n’était pas une opinion sur le pétrole, mais bien sur le plan du nouveau PDG. La société a fait des progrès, notamment en réduisant sa dette, et l’écart d’évaluation s’est rétréci. Pour qu’un investisse­ur décide de garder le titre, il faut maintenant qu’il ait une opinion optimiste quant au pétrole. »

Avec Manuvie (MFC, 22,65$), la gestionnai­re de portefeuil­le misait sur une augmentati­on des taux d’intérêt. Les taux « ne sont pas allés du bon côté », finalement. Manuvie a tout de même rapporté de bons résultats, précise-t-elle. « Si on pense que les taux vont continuer de baisser, ce n’est pas un titre à acheter, mais je ne suis pas dans ce camp-là. À terme, on va revoir les taux à long terme recommence­r à monter. »

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