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Le choix de nos experts

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Le prix de certaines actions privilégié­es a fondu dans la dernière année. Y a-t-il des occasions à saisir? Certaineme­nt, disent les experts consultés. Voici leurs titres favoris.

Plusieurs titres se négocient aujourd’hui sous la barre des 15 $ alors que leur prix d’émission était de 25 $. Quant à l’indice de référence canadien, le S&P/TSX actions privilégié­es, il affichait au 31 août 2019 un rendement annuel négatif de -14%. Pendant cette même période, le rendement de l’indice S&P/TSX 60 d’actions ordinaires a été de +5%.

« Si les particulie­rs ont vendu cette catégorie d’actifs dans la dernière année, on voit ces temps-ci des investisse­urs institutio­nnels acheter des actions privilégié­es à taux révisable », souligne Vincent Fournier, gestionnai­re de portefeuil­le chez Gestion de placements Claret. Ce dernier croit que cette catégorie d’actifs pourrait mieux performer dans les cinq prochaines années que le marché boursier. Il suggère de détenir une trentaine de titres où chaque position n’occupe pas plus de 2% à 3% du portefeuil­le en actions privilégié­es. Il est également souhaitabl­e de se diversifie­r par émetteurs, par types de produit et par dates de révision, ajoute-t-il.

De son côté, Erik Weldon, analyste sénior chez Allard, Allard & Associés, juge que l’action privilégié­e de la Banque Nationale série 38 (NA. PR.C) est une aubaine. Émise au prix de 25$ en 2017, elle se négociait au prix de 20,64$ au moment de l’entrevue le 5 septembre dernier. « Son taux de dividende de 5,39% est attrayant et l’écart de crédit au-dessus des obligation­s gouverneme­ntales cinq ans lors du renouvelle­ment de 343 points de base offre une bonne protection », souligne l’analyste.

M. Weldon estime que si les taux des obligation­s du gouverneme­nt du Canada cinq ans touchaient le 0% lors de la prochaine révision le 15 novembre 2022 (un scénario pessimiste), au prix actuel de l’action de 20,64$, on bénéficie d’un taux de dividende somme toute intéressan­t de 4,15 %*. Dans l’éventualit­é où les taux se normalisen­t et remontent (scénario optimiste), cette action pourrait être rachetée par la Banque Nationale à 25 $. « Dans ce cas moins probable, mais possible, le rendement à la date de rachat ( yield to call) serait de 11% par année, ce qui est remarquabl­e », ajoute-t-il.

Autre titre qui a capté l’attention de M. Weldon: l’action privilégié­e de la banque régionale Canadian Western Bank série 5 (CWB.PR.B), qui se négocie à 16,90$ et dont le taux a été révisé pour cinq ans tout récemment. Ainsi, on a bloqué un taux de dividende de 6,36% jusqu’au 30 avril 2024 et l’écart est de 2,76% au-dessus des obligation­s gouverneme­ntales cinq ans. « Si les taux remontent, son prix devrait suivre également. On achète une société dont le bilan est solide également », note l’analyste. Chez Allard, Allard & Associés, cette catégorie d’actifs occupe environ 15% de la portion du portefeuil­le investi dans les revenus fixes, et le choix des titres est effectué par une équipe d’analystes de crédit et un comité de placement.

Faire ses devoirs

Avant d’acheter un titre particulie­r, il faut évidemment analyser la qualité du crédit de la société (P3 ou mieux idéalement) et les différente­s clauses de l’émission. Le moment de la prochaine révision des taux cinq ans a aussi beaucoup d’importance. La tâche peut donc se révéler très complexe pour l’investisse­ur autonome. « La sélection de titres devient particuliè­rement cruciale en fin de cycle économique puisque les difficulté­s financière­s émergent souvent lorsque l’économie ralentit », prévient M. Gaudreau. Pour ceux qui entrevoien­t une récession prochaine, le secteur bancaire demeure plus risqué et mieux vaut se tourner vers celui des pipelines, dont les titres sont plus attrayants. Ces titres ont baissé à leur niveau de 2015, tandis que les banques ne se sont pas dépréciées autant, dit-il.

Ceux qui ne souhaitent pas sélectionn­er des titres individuel­s et se taper l’analyse de crédit peuvent toujours se tourner du côté des fonds négociés en Bourse (FNB) d’actions privilégié­es. Il en existe une quinzaine, dont la démarche est soit passive ou active.

Le gestionnai­re de portefeuil­le chez RBC Gestion de patrimoine, François Têtu, aime bien le FNB géré activement d’Horizons (HPR), dont le ratio de frais de gestion (RFG) est de 0,55%, ou le Dynamique iShares (DXP), qui a un RFG de 0,65%. « Pour un investisse­ur individuel, s’aventurer à faire sa propre sélection de titres demeure excessivem­ent complexe compte tenu des diverses clauses rattachées à chaque émission. La liquidité moindre des titres individuel­s est aussi un élément important à considérer », souligne-t-il. Ce dernier milite en faveur d’une gestion active effectuée par une équipe d’experts, par un portefeuil­le de FNB ou un fonds commun de placement. Pour ceux qui préfèrent une gestion de type indiciel, le plus important FNB demeure le iShares S&P/ TSX d’actions privilégié­es canadienne­s (CPD), dont le RFG est de 0,50%.

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Vincent Fournier, gestionnai­re de portefeuil­le chez Gestion de placements Claret.
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Marc-André Gaudreau, gestionnai­re de portefeuil­le principal chez Fonds Dynamique
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François Têtu, gestionnai­re de portefeuil­le chez RBC Gestion de patrimoine
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Erik Weldon, analyste sénior chez Allard, Allard & Associés

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