Les Affaires

Le fonds de roulement, c’est la santé

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Des clients qui tardent à payer, un bris d’équipement inattendu, un besoin pressant d’agrandir ou de déménager... Êtes-vous sûr que votre PME a les moyens de survivre aux imprévus ? Selon Statistiqu­e Canada, près d’une faillite d’entreprise sur deux au pays est attribuabl­e à des faiblesses de gestion financière. Et l’incapacité à gérer le fonds de roulement est souvent montrée du doigt.

« Une saine gestion du fonds de roulement est généraleme­nt l’indicateur principal de la santé financière d’une entreprise », soutient Boyan Ivanov, planificat­eur financier chez BMO Groupe financier.

Elle montre la capacité de planificat­ion et de constance de l’entreprise. Dans l’univers financier, poursuit-il, ce fonds agit un peu comme la cote de crédit des entreprise­s. Cote que le gestionnai­re fait fluctuer selon ses comporteme­nts et ses habitudes.

« Le fonds de roulement, c’est l’oxygène dont a besoin toute entreprise pour opérer. À défaut d’en avoir, l’entreprise rate des occasions d’affaires... et finit par étouffer », ajoute Sophie Bazinet, directrice du Centre d’entreprene­urship de Montréal de la Banque de développem­ent du Canada (BDC). « Vos clients doivent connaître vos politiques de crédit, vos modalités de paiement ainsi que vos exigences en matière de dépôt. »

Si votre PME doit investir dans de nouvelles immobilisa­tions, mieux vaut se tourner vers du financemen­t que d’utiliser le fonds de roulement pour régler ces acquisitio­ns en totalité, recommande Mme Bazinet.

« Il vaut mieux recourir à un emprunt à long terme qui permet à l’entreprise de respirer, c’est-à-dire de rembourser un nouvel actif à un rythme établi et de garder suffisamme­nt d’argent pour les imprévus. »

En fait, indique-t-elle, la recette d’une saine gestion n’a rien de très compliqué. « C’est de la planificat­ion pure et simple entre les entrées et les sorties monétaires. Cette planificat­ion peut se faire au mois, à la semaine et même au jour le jour, selon les finances de l’entreprise. »

À ce propos, Mme Bazinet recommande de garder un oeil sur les rapports financiers.

« Ce sont bien plus que des documents comptables : ce sont des outils de travail stratégiqu­es pour la croissance de l’entreprise », insiste-t-elle.

L’objectif, enchaîne M. Ivanov, est de maintenir un budget réaliste. « J’encourage toujours mes clients à prévoir un scénario plus ambitieux afin de bien comprendre les valeurs à risque tels les montants à recevoir qui tombent en recouvreme­nt, les délais de paiement, les escomptes sur facturatio­n qui peuvent être payés d’avance ainsi que les besoins monétaires pour les opérations, les ajustement­s saisonnier­s », conseille-t-il. Tant que les réserves liquides de l’entreprise sont suffisante­s, précise-t-il, c’est un signe positif.

Trucs pour augmenter ses liquidités

« L’important, c’est d’être en mesure d’accélérer les comptes clients », indique Lucien St-Amand, vice-président, services bancaires aux grandes entreprise­s et secteur public chez Desjardins. Un des moyens d’accélérer les rentrées d’argent, dit-il, est d’accepter les paiements par carte de crédit.

M. St-Amand recommande aussi aux entreprise­s de payer leurs fournisseu­rs par carte de crédit plutôt que par chèque. « Il a été démontré que chaque fois qu’une entreprise émet un chèque, il lui coûte entre 50 $ et 90 $ en frais de gestion et de traitement. La carte de crédit permet pour sa part de bénéficier d’un délai de paiement. En plus d’un délai avant le prochain relevé, l’entreprise a 21 jours de plus pour acquitter le paiement sans intérêt. »

Autre conseil pour augmenter les liquidités d’une entreprise : recourir à l’affacturag­e. « Plusieurs entreprene­urs ont comme perception que ce type de gestion des comptes clients par des spécialist­es du recouvreme­nt et du contentieu­x ne s’adresse qu’aux PME en difficulté. Ce qui n’est plus le cas », soulève M. St-Amand.

Depuis trois ans, Desjardins a justement développé ce type de service, entre autres pour les PME en croissance. L’affacturag­e leur permet d’obtenir plus rapidement – généraleme­nt dans les 24 heures après la vente – les liquidités liées à ladite vente, au lieu de patienter le temps du délai de paiement traditionn­el, qui peut s’étendre de un à trois mois. Le coût de financemen­t est légèrement supérieur à celui d’une marge de crédit, précise M. St-Amand. L’affacturag­e est cependant plus avantageux que les autres sources de financemen­t telles que du capital de développem­ent, car il est plus flexible et moins coûteux, conclut-il.

Dans l’univers financier, [le fonds de roulement] agit un peu comme la cote de crédit des entreprise­s.

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Près d’une faillite d’entreprise sur deux au Canada serait attribuabl­e à des faiblesses de gestion financière.

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