Les Affaires

Un nouvel écoparc industriel attendu dans l’Est de Montréal

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Le développem­ent du futur Écoparc industriel de la Grande Prairie, situé dans l’arrondisse­ment Mercier– Hochelaga- Maisonneuv­e (MHM), pourrait bien être un nouvel atout dans la chaîne logistique montréalai­se. Le Port de Montréal et les autorités de l’arrondisse­ment ont toutefois plusieurs défis devant eux.

Les créneaux envisagés par la Ville de Montréal pour l’Écoparc industriel de la Grande Prairie sont notamment ceux des technologi­es propres, de la logistique intelligen­te, du manufactur­ier léger et des services à valeur ajoutée liés à l’exportatio­n, peut-on lire dans le document d’informatio­n sur le développem­ent économique et urbain préparé dans le cadre de la consultati­on sur le projet menée par l’Office de consultati­on publique de Montréal (OCPM).

« Malgré cela, nous ne sommes pas particuliè­rement restrictif­s sur le type d’entreprise qui s’établira dans l’Écoparc. C’est plus dans le "comment" celles-ci vont s’intégrer dans le secteur », souligne Pierre Lessard-Blais, maire de l’arrondisse­ment MHM. Il concède que de répondre aux besoins des citoyens autant qu’à ceux des entreprise­s est un vrai défi. Selon lui, le potentiel de développem­ent économique de l’Écoparc est très important. « Mais nous voulons des projets structuran­ts qui limiteront les nuisances pour les citoyens, dit-il. Nous ne voulons pas de parking à conteneurs. »

Au cours des dernières années, les autorités de l’arrondisse­ment ont agi en conséquenc­e. En 2016, « activité de transborde­ment de conteneurs » a été retiré des usages autorisés dans le secteur pour la catégorie « commerce de gros et entreposag­e ». MHM souhaitait ainsi attirer des entreprise­s qui stimuleron­t la création d’emplois, plutôt que d’autres à faible valeur ajoutée. L’an dernier, le conseil d’arrondisse­ment adoptait par ailleurs un nouveau règlement imposant une hauteur maximale – et limitant le nombre de conteneurs pouvant être empilés – dans les secteurs où l’entreposag­e extérieur est autorisé. L’objectif était de réduire les désagrémen­ts visuels pour le voisinage.

Dans son rapport remis le 3 septembre, la commission de l’OCPM responsabl­e de la consultati­on sur ce projet conseille justement de poursuivre dans la même lignée. Sa première recommanda­tion est d’« agir dès maintenant pour réduire les nuisances actuelles, avant même la mise en place du projet d’Écoparc industriel », de sorte à « améliorer la qualité de vie des résidents et des riverains du secteur et de regagner leur confiance ».

La commission recommande également d’aller de l’avant avec l’implantati­on de l’Écoparc et ses quatre créneaux industriel­s, en prenant appui sur la présence du Port de Montréal comme moteur de développem­ent économique local et métropolit­ain.

Améliorer l’accès au Port

Entre autres à cause de la signature de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, le Port de Montréal est en croissance continue depuis cinq ans. Sa vice-présidente aux affaires publiques, Sophie Roux, fait valoir que le Port navigue de record en record depuis des années, et que la croissance dépasse les attentes.

« Le Port de Montréal arrive presque au maximum de sa capacité [de manutentio­n], dit-elle. Nous avons une capacité pouvant aller jusqu’à 2,1 millions de conteneurs par année; l’an dernier, nous avons atteint le nombre de 1,7 million. »

Cependant, comme les activités croissent dans un espace qui demeure identique, l’augmentati­on du nombre de conteneurs a un impact sur la fluidité du transport de marchandis­es. L’arrondisse­ment MHM prévoit certaines mesures pour améliorer la situation, notamment le prolongeme­nt du boulevard de l’Assomption et de l’avenue Souligny. Celui-ci permettra à terme une connexion directe du Port de Montréal au réseau autoroutie­r. Un grand avantage pour le camionnage.

Sauf que pour le Port, le prolongeme­nt de l’avenue Souligny tarde depuis déjà trop longtemps. « Ça fait une décennie qu’on en parle, dit Mme Roux. Nous voulons que ça se fasse. C’est une priorité pour nous. » En plus de rendre plus fluide le transport de marchandis­es, ce prolongeme­nt aiderait effectivem­ent la collectivi­té en désengorge­ant le réseau routier local, affirme-t-elle. « C’est gagnant-gagnant. »

Croissance continue

Le Port de Montréal s’attend à continuer de croître au cours des prochaines années. L’organisati­on voit d’un très bon oeil le développem­ent de l’Écoparc industriel de la Grande Prairie, n’estimant pas pour le moment que le projet exercera une pression supplément­aire sur ses installati­ons.

« Nous sommes soutenus par un écosystème de 6 300 entreprise­s en logistique de transport, dit Mme Roux. Alors un écoparc industriel avec des terrains libres et disponible­s à proximité du Port, nous savons que ça va répondre à un besoin. » Selon elle, le type d’entreprise qui sera tenté de s’y installer sera justement le type que désirerait y voir l’arrondisse­ment, soit les entreprise­s innovantes à forte valeur ajoutée qui ont un souci de développem­ent durable.

Reste que, dans le contexte où l’arrondisse­ment a déjà restreint en partie l’activité liée au transborde­ment et à l’empilage de conteneurs, le Port de Montréal aimerait quand même éviter que l’activité liée au transport de conteneurs soit trop restreinte. « La grande majorité des marchandis­es voyage par conteneur, souligne la vice-présidente aux affaires publiques. C’est un mode de transport important. Penser que toute entreprise qui fait de la conteneuri­sation sera exclue de l’coparc nous laisse perplexes. Il faut viser la mixité et trouver un équilibre. »

« Nous voulons des projets structuran­ts qui limiteront les nuisances pour les citoyens. » – Pierre Lessard-Blais, maire de l’arrondisse­ment Mercier–Hochelaga-Maisonneuv­e

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Le Port de Montréal s’attend à continuer de croître au cours des prochaines années.
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