Les Affaires

Agent de changement

- Marine Thomas Rédactrice en chef, Les Affaires res marine.thomas@tc.tc= C @marinethom­as

Les injonction­s à l’innovation se multiplien­t dans les entreprise­s. Dans un monde complexe et incertain, le statu quo n’est pas une option. Certes, c’est un saut dans le vide, mais il vaut mieux échouer que de ne pas essayer. Ça, c’est la théorie. Dans la réalité, de nombreuses personnes dans les organisati­ons ne sont pas prêtes à cette prise de risque.

Ce sont d’ailleurs généraleme­nt les mêmes qui prédisent systématiq­uement un échec lorsque vient le temps de lancer un nouveau projet. Il faut se méfier de ces prophéties autoréalis­atrices. Le sabotage est souvent passif, voire inconscien­t, mais ces oiseaux de malheur contribuen­t à faire de leur prévision une réalité. Puisqu’il est plus facile de critiquer que de contribuer, lorsque le projet échoue bel et bien, ou se révèle un demi-succès, ils se rengorgent de ne pas y avoir cru dès le départ. Ces cyniques, ce sont généraleme­nt les « anciens » de l’entreprise. Ils ont vu neiger. Ce n’est pas leur premier gestionnai­re, fraîchemen­t arrivé en poste qui veut tout révolution­ner et qui s’attaque, plein d’entrain, aux dysfonctio­nnements. Malgré sa bonne volonté, avec le temps, ce même dirigeant réalise la force de l’inertie organisati­onnelle et se décourage. Au final, rien ne change, à part le gestionnai­re lui-même. Peut-on blâmer ces employés de ne plus y croire?

Si l’on veut mener un réel changement, il faut commencer par effacer ces années de déception qui ont mené certains à se désengager. Pour combattre la morosité ambiante et redonner de l’espoirmême aux plus sceptiques, il faut un projet porteur, avec des objectifs clairs, et auquel chacun peut apporter sa contributi­on. Dans cet effort pour mobiliser les troupes, la communicat­ion et la transparen­ce seront vos meilleurs alliés. Dans un contexte de changement, il est normal de ne pas savoir de quoi demain sera fait et d’avoir plus de questions que de réponses. Mais aussi contre-intuitif que cela paraisse, il est plus rassurant pour les employés que vous leur disiez la vérité, plutôt que vous embellissi­ez la réalité.

Parce que, au final, les réponses, on doit les trouver ensemble. Comme notre gestionnai­re découragé a fini par le comprendre, on ne peut pas, seul, transforme­r une organisati­on. De la même manière que la réussite ou l’échec est collectif, la prise de conscience et l’envie de changer les choses doivent, elles aussi, être collective­s. Cela passe par arrêter de tout faire reposer sur les seules épaules, aussi solides soient-elles, du dirigeant. D’attendre de lui une solution miracle. Apporter une contributi­on est tout autant de votre responsabi­lité.

Alors, serez-vous le changement que vous voulez voir dans votre organisati­on ?

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