Les Affaires

« Nous avons récemment augmenté notre exposition à l’or »

– Jennifer Radman, vice-présidente et gestionnai­re de portefeuil­le senior chez Caldwell Investment Management.

- Siham Lebiad siham.lebiad@tc.tc C @@ LebiadS

SIHAM LEBIAD – Les fluctuatio­ns du marché boursier sont étroitemen­t corrélées à celles du conflit commercial sino-américain. Comment vous adaptez-vous à ces fluctuatio­ns? JENNIFER RADMAN – C’est un environnem­ent dynamique dont les règles ne sont pas vraiment définies et où on ne sait pas tout le temps ce qui se passe. Ce qui est plus important, je crois, c’est de trouver des entreprise­s dont les équipes de direction ont une certaine flexibilit­é et une capacité à agir rapidement.

S.L. – Que faites-vous pour avoir un portefeuil­le résistant ou résilient?

J.R. – La raison pour laquelle notre portefeuil­le est intéressan­t est qu’il est basé sur une méthode d’analyse ascendante (qui se concentre d’abord sur les fondamenta­ux) pour éviter d’avoir à prendre des décisions qui dépendent des facteurs macroécono­miques. Nous recherchon­s des sociétés qui sont autosuffis­antes, mais en difficulté, comme des entreprise­s qui connaissen­t une restructur­ation ou qui sortent d’une crise. L’équipe de direction peut contrôler plusieurs éléments pour atteindre un certain degré de croissance sans avoir d’aide extérieure. Nous pensons que, dans un marché où il y a beaucoup d’incertitud­e macroécono­mique, les meilleures performanc­es viennent des entreprise­s qui ont cette indépendan­ce relative des facteurs politiques et macroécono­miques.

S.L. – Quel est le titre qui représente le mieux, selon vous, ce type de modèle d’entreprise?

J.R. – Un bon exemple d’entreprise autosuffis­ante est Element Fleet Management Corp (EFN, 11,20$).

C’est une des plus grandes entreprise­s de gestion de flotte cotée en Bourse d’Amérique du Nord. Elle avait un ensemble d’actifs sous-performant. Elle a effectué des changement­s dans l’équipe de direction, puis a exécuté un plan de restructur­ation qui lui a permis d’améliorer son exploitati­on. Elle a aussi un niveau de vente et de croissance des revenus hors pair. La satisfacti­on et la rétention des clients se sont améliorées. La société se concentre maintenant sur la croissance des revenus, qui profitent d’un élan grâce à l’augmentati­on du nombre de nouveaux contrats. Nous pensons que c’est un titre qui a beaucoup de potentiel à la hausse.

S.L. – Le marché des télécommun­ications connaît actuelleme­nt des difficulté­s. Quelle est votre opinion du secteur?

J.R. – Nous n’avons pas eu d’exposition au marché des télécommun­ications depuis quelques années. Nous n’avons simplement pas vu de potentiel de croissance. Comme nous cherchons des entreprise­s sous-évaluées, il est difficile de les trouver dans ce secteur.

S.L. – Y a-t-il des secteurs que vous évitez?

J.R. – Nous ne détenons pas de position dans le secteur des services publics ou dans le marché de l’immobilier. Bien que ces secteurs aient connu une bonne performanc­e relative cette année, nous essayons d’avoir des portefeuil­les équilibrés en ce qui a trait au risque. Pour la portion de notre portefeuil­le à faible risque, nous détenons une balance en liquidité de 20%, avec une exposition à l’or ainsi qu’à des entreprise­s bien établies telles que Couche-Tard (ATD.B, 39,28$), Metro (MRU, 55,38$) et Empire (EMP.A, 34,79$).

Pour les placements ayant un risque élevé, nous sommes exposés à l’industrie de l’énergie, mais toujours avec une démarche d’investisse­ment ascendante afin de repérer les titres qui ont un grand potentiel de croissance.

S.L. – Quel serait un exemple d’industrie ou d’entreprise à risque élevé qui se qualifie pour votre portefeuil­le?

J.R. – Il y a par exemple les entreprise­s de constructi­on nord-américaine­s liées à l’industrie du pétrole, une entreprise aérienne spécialisé­e dans le transport de fret qui profite, en ce moment, de l’expansion du commerce électroniq­ue, ou encore une entreprise comme Air Canada (AC, 46,56$) qui a beaucoup de potentiel, mais qui est très sensible aux fluctuatio­ns économique­s.

S.L. – Avez-vous une stratégie particuliè­re pour sortir du secteur de l’énergie?

J.R. – Nous avons peu de positions dans l’énergie. Nous ne détenons pas de titres de producteur­s d’énergie, mais plutôt dans les entreprise­s distributr­ices comme Parkland Fuel

(PKI, 43,97$) et North American Constructi­on (NOA, 11,55$ US), laquelle opère des flottes de camions de transport de sables bitumineux, mais qui se diversifie dans l’infrastruc­ture. Nous limitons notre exposition dans l’industrie, surtout après l’incertitud­e causée par les élections. Nous venons de passer les derniers jours à Calgary, où on remarque beaucoup de crainte en ce qui concerne les implicatio­ns des résultats électoraux pour le secteur de l’énergie, et je pense que ce sera un secteur difficile à exploiter malgré la présence d’occasions de croissance dans certains domaines.

S.L. – Quelle valeur refuge privilégie­z-vous?

J.R. – Nous avons récemment augmenté notre exposition à l’or, qui représente maintenant 10% de notre portefeuil­le. Cependant, nous nous assurons que la croissance dépend aussi du potentiel de l’entreprise elle-même, et pas seulement sur celui du prix de l’or. Aussi, nous nous assurons de la liquidité de ces positions. Si ne nous pouvons pas trouver des titres intéressan­ts, nous n’avons pas de problème à détenir un certain niveau d’encaisse, ce qui donne une qualité défensive à notre portefeuil­le.

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Un exemple d’entreprise à risque élevé qui se qualifie pour le portefeuil­lechez Caldwell Investment Management? «Air Canada, qui a beaucoup de potentiel, mais qui est très sensible aux fluctuatio­ns économique­s», dit Jennifer Radman.
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Jennifer Radman est vice-présidente et gestionnai­re de portefeuil­le senior chez Caldwell Investment Management. Elle a reçu le prix Alpha Female de Citywire en 2016. La distinctio­n récompense les trois meilleures gestionnai­res de portefeuil­le du Canada.

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