Les Affaires

Signaux forts

- par Pierre Cléroux

Autre facteur d’espoir : le revenu disponible des ménages a poursuivi son ascension ces derniers mois et contribué à faire grimper le taux d’épargne de 11,9 % à 13,1 % au premier trimestre.

La pandémie a eu d’importante­s séquelles sur l’économie, et certains secteurs d’activité ont évidemment écopé davantage. La plupart ont néanmoins traversé la crise sans trop de heurts et sont maintenant prêtes à aller de l’avant. Les PME québécoise­s ont d’ailleurs toutes les raisons du monde d’être optimistes. À preuve : une vaste majorité (82 %) d’entre elles affirment être profitable­s, révèle un récent sondage de la Banque de développem­ent du Canada (BDC), alors que ce taux est de 73 % au Canada. Non seulement leur situation financière est-elle bonne, mais l’économie reprend graduellem­ent des couleurs. L’économie canadienne, pourtant confinée pendant une grande partie du premier trimestre de 2021, a su résister à la deuxième vague de COVID-19, le PIB ayant crû au rythme annualisé de 5,6 % par rapport aux trois mois précédents. Plusieurs secteurs sont d’ailleurs revenus au même point d’avant la crise et ont récupéré la quasi-totalité de leurs emplois. Les secteurs qui peinent encore à se rétablir complèteme­nt, comme la restaurati­on ou les industries touristiqu­es et du divertisse­ment, qui subissent encore des restrictio­ns malgré la levée de certaines barrières, devraient connaître un

bel été et une meilleure fin d’année. Autre facteur d’espoir : le revenu disponible des ménages a poursuivi son ascension ces derniers mois et a contribué à faire grimper le taux d’épargne de 11,9 % à 13,1 % au premier trimestre. Nul doute que les consommate­urs seront au rendez-vous dans les prochains mois pour reprendre le temps perdu et stimuler l’activité économique.

Défis à relever

Voilà sans doute pourquoi une PME québécoise sur deux (51 %) estime pouvoir prendre de l’expansion au cours des 12 prochains mois et en ont même fait leur principale priorité, comparativ­ement à 35 % il y a un an, indique également le sondage. Elles auront quand même des défis à relever en cours de route. La pandémie a accentué le problème de rareté de main-d’oeuvre qui causait déjà beaucoup de soucis à un grand nombre de dirigeants d’entreprise­s. Plusieurs entreprise­s, faute de travailleu­rs, font aussi face à un épineux problème : l’incapacité de suffire à la demande. Cette situation est aussi attribuabl­e aux problèmes d’approvisio­nnement de certains intrants et produits de base, comme le bois, qui, par surcroît, ont entraîné une hausse importante des prix. La dette des entreprise­s demeure également très élevée et a évidemment fortement grimpé depuis le début de la pandémie. Elles profitent cependant de beaucoup de liquidités. Contrairem­ent à la dernière crise économique de 2008, où elles avaient alors chuté, les liquidités ont même augmenté cette fois. Les entreprise­s, semble-t-il, ont emprunté en guise de police d’assurance pour leur permettre de passer à travers la crise, mais n’ont pas eu besoin d’utiliser entièremen­t ces entrées d’argent. D’ailleurs, la plupart des entreprise­s québécoise­s (87 %) estiment que le paiement de leur dette ne posait pas de problèmes, comparativ­ement à 76 % au Canada. Enfin, les entreprise­s devront continuer à investir dans les technologi­es pour profiter de l’essor du commerce électroniq­ue et faciliter le travail à distance de leurs employés. Ces deux tendances, qui ont émergé ou se sont accélérées pendant la crise, devraient perdurer.

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Pierre Cléroux est vice-président à la recherche et économiste en chef de la Banque de développem­ent du Canada.
EXPERT INVITÉ Pierre Cléroux est vice-président à la recherche et économiste en chef de la Banque de développem­ent du Canada.

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