Les Affaires

Naviguer « vert » la solution

- Marine Thomas Rédactrice en chef

Si vous deviez nommer une entreprise chef de file dans son secteur, cruciale pour l’économie mondiale et dont les services ont une influence autant sur la plupart des entreprise­s que chez les consommate­urs partout sur la planète, à qui penseriez-vous en premier ? Google, Amazon ou un autre géant de la techno, n’est-ce pas ? Combien de temps mettriez-vous pour citer Maersk ? La plupart d’entre nous n’ont même jamais entendu parler de cette entreprise danoise dont les revenus pour le premier trimestre 2021 seulement totalisent 12,4 milliards de dollars et dont la valeur boursière a triplé depuis le début de la pandémie. Pourtant, toutes les six minutes, un des 740 navires Maersk débarque dans un port quelque part dans le monde, déchargean­t ses conteneurs remplis de tous ces produits que nous consommons sans modération. Il faut dire que nous ne pensons pas souvent à la façon dont ces produits arrivent jusqu’à nous. Puis est arrivée la pandémie. C’est comme si on avait brutalemen­t tiré le rideau pour dévoiler sous nos yeux ébahis toute la mécanique complexe qui régit les chaînes logistique­s mondiales. Ensuite, lorsqu’un seul porteconte­neur bloqué dans le canal de Suez pendant près d’une semaine a retenu du même coup d’autres navires contenant 26 millions de tonnes de marchandis­es, nous avons découvert avec effarement l’incroyable fragilité du commerce maritime par lequel transitent la plupart des biens marchands. Même si la situation s’est calmée depuis, force est de constater qu’encore aujourd’hui, tout n’est pas réglé. Les problèmes d’approvisio­nnement restent importants, tout comme les ruptures de stock et les délais de livraison. Pour les entreprise­s d’ici, c’est un immense défi, surtout pour les plus petites. C’est peut-être aussi une occasion. Certaines en profitent pour revoir leurs méthodes de fabricatio­n ou changer de fournisseu­r, se tournant vers des solutions plus locales et répondant ainsi à une demande grandissan­te des consommate­urs. Ce virage vers l’approvisio­nnement local est évidemment une bonne nouvelle pour l’environnem­ent. Un sujet envers lequel l’industrie maritime n’est par ailleurs pas insensible. Maersk a déjà baissé de 42 % ses émissions totales en 2020 et vient tout juste d’annoncer la commande de huit navires au biométhano­l. C’est un signal fort qu’on peut être à la fois la source du problème et tenter de faire partie de la solution. Nous ne sommes pas encore arrivés à bon port, mais au moins, nous naviguons dans la bonne direction.

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