Les Affaires

Signaux forts

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par Pierre Cléroux

La troisième vague est à peine dans notre rétroviseu­r que la propagatio­n du variant Delta, beaucoup plus contagieux, entraîne une quatrième vague qui fait à nouveau peser des risques sur l’économie. Mais il n’y a pas lieu de craindre que cette nouvelle poussée du coronaviru­s fasse dérailler la reprise économique au pays. Les répercussi­ons économique­s du virus sont en effet moins fortes aujourd’hui grâce à l’endiguemen­t graduel de l’épidémie qui s’appuie désormais sur le succès de la campagne de vaccinatio­n. Le Canada affiche d’ailleurs un des meilleurs taux de vaccinatio­n parmi les pays du G7, les deux tiers de sa population étant totalement vaccinés au début de septembre. On ne s’attend d’ailleurs pas à ce que le gouverneme­nt renforce à nouveau les mesures sanitaires au cours des prochaines semaines. Les 18 derniers mois nous ont aussi démontré que les vagues se suivent, mais ne se ressemblen­t pas. Le ressac de chacune d’elles a toujours été de moins en moins ressenti, peut-on constater. L’économie canadienne devrait d’autant plus s’en sortir sans trop de séquelles qu’elle profitera d’une plus grande richesse des consommate­urs. À preuve : cette richesse a connu une forte croissance de 15 % depuis le début de la pandémie, et ce, pour trois raisons principale­s. L’augmentati­on effrénée du prix des maisons ces derniers mois a fait grimper les actifs immobilier­s de 15 % depuis le trimestre de 2020. Les actifs financiers des Canadiens ont également prospéré de 10 %. Malgré la forte dégringola­de des marchés boursiers au début de la crise sanitaire et économique au printemps 2020, les rendements boursiers ont rapidement retrouvé leur niveau prépandémi­e et ont même fortement progressé depuis plus d’un an. Enfin, les ménages ont également eu le plaisir de voir leur revenu disponible augmenter. Les différents programmes de soutien gouverneme­ntaux, rappelons-le, ont dans l’ensemble largement compensé les pertes de revenus ou d’emplois occasionné­s par la pandémie. Le soutien direct aux ménages s’est chiffré à environ 105 milliards de dollars (G$), soit 3 400 $ par Canadien de 15 ans ou plus, selon la Banque du Canada. En tenant compte des pertes de revenus de travail, qui ont totalisé en moyenne 1 600 $, le revenu disponible moyen a ainsi augmenté de 1 800 $ en 2020. Les Canadiens, qui plus est, ont dépensé environ 4 000 $ de moins l’an dernier. Ces fortes variations des revenus et des dépenses ont ainsi entraîné une hausse inédite de l’épargne au Canada, d’environ 180 G$ ou 5 800 $ par Canadien. En clair, il y a beaucoup d’argent qui dort dans les coffres des consommate­urs. La table est donc mise pour qu’ils soient les moteurs de la croissance au pays pour le reste de l’année et en 2022. Certes, le baromètre économique n’est plus tout à fait au beau fixe. L’économie canadienne se serait en effet contractée de 0,4 % en juillet, selon les premières estimation­s de Statistiqu­e Canada, et ce, après une baisse surprise du PIB de 1,1 % au deuxième trimestre. Mais la reprise économique se poursuit et devrait entraîner une croissance supérieure à 5 % en 2021.

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