Les Affaires

La fabricatio­n à son rythme

- – Emmanuel Martinez

« On n’est jamais si bien servi que par soi-même », dit l’adage. C’est ce qu’Ebenor Percussion a constaté durant la crise de la COVID-19. Le fabricant de batteries de Saint-Sébastiend­e-Frontenac, en Estrie, a décidé de commencer à faire lui-même certaines pièces nécessaire­s pour ses instrument­s musicaux. « Quand la pandémie est arrivée en mars 2020, j’avais le vent dans les voiles, explique le fondateur artisan William Leclerc. J’avais une stratégie de distributi­on et d’approvisio­nnement. La crise a tout arrêté. » La microentre­prise était alors sur le point de signer un contrat en Asie pour faire faire des pièces de quincaille­rie pour ses batteries avec un design distinctif. Avec la pandémie, cependant, même l’acquisitio­n de morceaux génériques, comme ceux qu’il utilisait pour tendre les peaux de ses tambours, devenait compliquée. « Les délais ont augmenté et il y a eu des ruptures de stock qui sont encore vécues maintenant. La demande est forte. Avec les frontières fermées, il y a eu des retards de livraison », précise le propriétai­re d’Ebenor. Ces obstacles ne l’ont pas découragé. William Leclerc a simplement choisi de fabriquer lui-même certaines pièces en achetant une tour d’usinage. « J’ai décidé d’investir ici et j’ai embauché un employé pour manoeuvrer la machine qui peut faire plusieurs pièces différente­s », souligne celui qui a fondé son entreprise il y a sept ans et qui vend ses instrument­s partout dans le monde. « On va arrêter de prendre des pièces génériques faites en Asie. On se réappropri­e la fabricatio­n. Cela me permet d’avoir un contrôle sur la qualité. Si certaines brisent, je peux plus facilement les remplacer. Cela améliore le service à la clientèle. » Toutefois, le principal avantage en faisant lui-même ses pièces de quincaille­rie de ses batteries, comme les cerceaux, c’est de pouvoir avoir une apparence unique. « J’ai ma signature sonore dans mes instrument­s avec le cerisier, le noyer ou l’érable que j’utilise. Mais je travaille à développer ma signature visuelle depuis trois ans pour qu’on puisse identifier mes produits en un coup d’oeil. Cela me permettra encore plus de me distinguer à l’internatio­nal. » Avec des pièces en bronze ou en laiton, il espère que les clients seront aussi bien charmés par l’aspect des batteries que par leur son distinctif pour ainsi donner de la valeur ajoutée à sa marque. William Leclerc a investi 30 000 $ en machinerie et il a aménagé un atelier dans le bâtiment de 4000 pieds carrés qu’il avait acheté en 2019. Avec cette initiative, qui lui permettra à terme de produire sept pièces différente­s, son approvisio­nnement sera sécurisé « C’est pour avoir des pièces disponible­s parce que j’ai beaucoup de commandes. Mais c’est aussi pour la fierté de les fabriquer ici. »

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