Les Affaires

Quatre astuces pour réussir à bien prévoir la demande

- Emmanuel Martinez

Plusieurs PME désirent mieux prévoir la demande pour leurs produits ou services, mais elles ne savent souvent pas par où commencer. Voici quatre axes sur lesquels elles devraient se concentrer.

1. En faire une culture d’entreprise

Faire des prévisions requiert la participat­ion de plusieurs personnes provenant de services différents : vente, marketing, production, approvisio­nnement, direction, etc. Par conséquent, il est important que la PME établisse un processus de planificat­ion incluant des réunions et des suivis. « En entreprise, les gens ne se parlent pas toujours, constate Olivier-Don Truong, directeur de l’unité Conseil en transforma­tion des affaires chez Raymond Chabot Grant Thornton. Avec des processus en place, on met les gens ensemble pour faire la Pour gérer les données et pouvoir les traiter,il est impératif d’avoir accès à des logiciels appropriés. prévision. On obtient plus de données et elles sont de meilleure qualité. » « Si on s’habitue à mieux planifier, les employés vont acquérir ce réflexe, souligne Martin Wiedenhoff, directeur de la croissance des revenus et de l’expansion à la Banque de développem­ent du Canada. Cela devient ancré dans la culture d’entreprise. »

2. Récolter des données

Pour faire des prévisions de la demande, il faut obligatoir­ement disposer de données. « La première chose à faire, c’est de regarder ses propres données, comme les commandes passées ou actuelles, et les chiffres des ventes », mentionne Martin Wiedenhoff. Si une PME possède un site transactio­nnel, elle détient une mine d’informatio­ns sur les habitudes d’achat de ses clients. « Les entreprise­s peuvent y récolter beaucoup de données : le nombre de clics par article, les résultats des ventes, mais aussi la manière dont le consommate­ur raisonne en examinant la navigation sur le site web, etc. » énumère Robert Pellerin, professeur titulaire au Départemen­t de mathématiq­ues et de génie industriel de Polytechni­que Montréal. Les fournisseu­rs, les sous-traitants et d’autres associés d’affaires constituen­t aussi un bon filon pour amasser de l’informatio­n. « Les entreprene­urs ne savent souvent pas que ces partenaire­s possèdent généraleme­nt des données dans leur marché ou leur industrie, note Martin Wiedenhoff. S’ils travaillen­t avec Amazon ou Costco, ceux-ci pourront leur fournir des informatio­ns sur les ventes, par exemple. »

3. Utiliser les bons outils

Pour gérer les données et pouvoir les traiter, il est impératif d’avoir accès à des logiciels appropriés. « Même si Excel n’est pas le meilleur outil, c’est un bon départ, précise Olivier-Don Truong. Par la suite, cependant, cela demande beaucoup trop d’efforts et d’entretien pour être efficace. » Pour tirer le maximum de ses données, la mise en place d’une infrastruc­ture informatiq­ue de gestion, comme les systèmes SAS ( Statistica­l Analysis System) ou ERP ( Enterprise Resource Planning) est donc essentiell­e. Joëlle Bouchard, professeur­e au Départemen­t de sciences économique­s et administra­tives de l’Université du Québec à Chicoutimi, souligne qu’il existe des logiciels de prévisions sur le marché. « Ils sont standardis­és, donc plus ou moins adaptés à la réalité des entreprise­s, nuance-t-elle. Il faut savoir les modifier en fonction de ses besoins. » Embaucher des spécialist­es ou des consultant­s peut alors se révéler une excellente idée. « On fait la sélection des systèmes avec notre client selon ses besoins de manière à l’orienter vers les bons outils technologi­ques », explique Jean-Philippe Faucher, directeur principal de l’unité Conseil en transforma­tion des affaires chez Raymond Chabot Grant Thornton. Et même avec un processus éprouvé, l’entreprise ne peut pas s’asseoir sur ses lauriers. « Ce n’est pas parce que mon modèle prévisionn­el me donne de bons résultats depuis deux ans que ce sera le cas dans les 10 prochaines années, avertit Bernard Boire, consultant en stratégie manufactur­ière et numérique et chargé de cours à Polytechni­que Montréal. Il faut constammen­t surveiller ses outils. »

4. Connaitre son marché

Pour anticiper comment se portera le marché d’ici quelques années, il est crucial d’évaluer les tendances démographi­ques, technologi­ques et économique­s de son secteur d’activité, mais aussi de l’ensemble de la société. Ainsi, mettre la main sur des analyses de phénomènes économique­s et sur des habitudes de consommati­on constitue un geste important pour les entreprise­s qui veulent savoir ce qui s’en vient. Au-delà des tendances, celles-ci doivent être proches de leurs clients, estime le professeur Jean-Luc Geha, directeur de l’Institut de vente de HEC Montréal. Une bonne façon de faire est de leur poser des questions pour non seulement déterminer ce qu’ils aiment, mais aussi ce qu’ils voudraient. Parallèlem­ent, il faut observer ce que font les concurrent­s et ce qui se passe dans d’autres pays, ajoute Jean-Luc Geha. Des études de marché sont évidemment impérative­s pour de nouveaux produits ou avant de se lancer dans un marché inexploré. Finalement, les PME ne doivent pas oublier qu’elles ont aussi une emprise sur la demande : elles sont notamment en mesure de la stimuler par des promotions et des nouveautés.

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