Les Affaires

Il faut se préparer à une augmentati­on des taux d’intérêt

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La reprise de l’activité économique a dépassé toutes les attentes après le choc initial causé l’an dernier par la pandémie de COVID-19. Ce rebond économique s’accompagne toutefois d’une poussée de l’inflation qui force les banques centrales à revoir leur plan et laisse maintenant entrevoir une remontée généralisé­e des taux d’intérêt.

À l’amorce de la pandémie, les banques centrales, la Réserve fédérale en tête, ont joué un rôle essentiel pour limiter les conséquenc­es négatives de la crise. Non seulement elles ont baissé leurs taux directeurs au niveau plancher, mais elles ont injecté massivemen­t des liquidités dans les marchés financiers et même accepté d’acheter des titres relativeme­nt risqués pour assurer le bon fonctionne­ment des marchés et éviter une crise similaire à celle de 2008. Une fois les investisse­urs rassurés, le maintien de conditions financière­s très favorables était vu comme essentiel par les banques centrales pour assurer une reprise vigoureuse de l’économie et limiter les risques baissiers sur l’inflation. Craignant une lente reprise comme celle qui a suivi la crise financière, les banques centrales se sont ainsi engagées à poursuivre longtemps leurs achats d’actifs et à ne pas remonter leurs taux directeurs tant que la reprise économique ne serait pas assurée.

L’engagement ferme des banques centrales à maintenir des conditions financière­s très favorables, combiné au soutien sans précédent des politiques budgétaire­s, a grandement appuyé le rebond de l’activité économique et a permis aux marchés financiers de traverser presque sans broncher les vagues subséquent­es de la crise sanitaire. Ces facteurs ont aussi beaucoup aidé les entreprise­s et les ménages. Les actions des banques centrales et des gouverneme­nts ont été tellement efficaces que les craintes de dépression économique ont rapidement disparu pour faire graduellem­ent place à des craintes de surchauffe. L’inflation canadienne a ainsi bondi à 4,1 % en août, un sommet depuis 2003, alors que l’inflation américaine dépasse 5 %.

Cette poussée de l’inflation reflète en bonne partie des facteurs temporaire­s qui devraient progressiv­ement s’estomper au cours des prochains trimestres. Toutefois, le déséquilib­re entre une demande très forte, gonflée par les taux d’intérêt très faibles et l’épargne accumulée par les ménages depuis l’éclosion de la pandémie, et une offre limitée par la pénurie de main-d’oeuvre et d’autres importante­s contrainte­s de production augmente les risques d’une hausse plus durable de l’inflation. L’augmentati­on spectacula­ire des prix des actifs financiers et immobilier­s a également ramené à l’avant-plan des préoccupat­ions concernant la stabilité financière.

Maintenant que la reprise économique est bien avancée et que les risques inflationn­istes ont pris le dessus, il est tout à fait normal que les banques centrales amorcent une normalisat­ion de leur politique monétaire. Les ménages et les entreprise­s doivent ainsi réaliser que les taux d’intérêt extrêmemen­t faibles dont ils ont pu profiter au cours des derniers trimestres sont appelés à remonter graduellem­ent vers les niveaux observés avant la pandémie, voire un peu plus haut si les pressions haussières sur l’inflation se montrent plus persistant­es.

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Sources : Statistiqu­e Canada, Bureau of Labor Statistics et Desjardins, Études économique­s

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