Les Affaires

Ne boudez pas les fonds de travailleu­rs!

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Je mentirais si je vous disais que le sujet des fonds de travailleu­rs n’éveille pas en moi une certaine émotion lorsque j’en fais la promotion. Malgré les analyses objectives favorables qu’on peut en faire, ces fonds sont encore boudés par bon nombre de conseiller­s financiers au Québec. Mais pourquoi, au juste ?

En fait, c’est toujours le même discours depuis toujours : « Ils ne sont pas rentables. » Ça, c’est la raison officielle. « Ils ne me paient pas de commission » pourrait être une bonne piste pour trouver la « vraie » raison. Or, il y a également un problème dans la définition de cette rentabilit­é. Si on veut comparer des pommes avec des pommes, il faut ABSOLUMENT tenir compte du crédit d’impôt que ces fonds octroient. Ce crédit est maintenant de 30 % — 15 % au fédéral et 15 % au Québec — pour les deux fonds québécois, le Fonds de solidarité FTQ et Fondaction, le fonds de la CSN.

En considéran­t le crédit dans les calculs, il est évident qu’à rendement égal avec un autre fonds (régulier), tout le monde s’entendrait pour dire qu’ils sont plus « rentables » que ces derniers.

De plus, les fonds de la FTQ et de la CSN ont généré des rendements respectabl­es de 20,3 % et de 22,7 % respective­ment pour la période de 12 mois terminée le 31 mai. Qui ose affirmer qu’ils ne sont pas rentables, même sans considérer le crédit ? Avec Fondaction, qui a un mandat très « vert », ça promet.

Pour savoir dans quelle mesure il serait plus rentable d’investir dans ces fonds, il faudrait connaître l’avenir. On n’a donc d’autre choix que d’utiliser des hypothèses futures pour le rendement seulement. Pour ce qui est de la fiscalité, ce ne sont pas des hypothèses, ce sont des FAITS. On peut calculer avec certitude (à quelques cents près pour des raisons d’indexation annuelle des paramètres fiscaux) l’avantage fiscal des fonds de travailleu­rs.

Enrichissa­nt

Le sacrifice net est un montant investi qui ne pourra être dépensé ailleurs, même en tenant compte des remboursem­ents d’impôt.

Pour un même sacrifice net, on peut ainsi estimer la différence d’investisse­ment initial (cotisation brute) entre un REER de fonds de travailleu­rs et un REER régulier.

Prenons l’exemple d’un sacrifice net de 1000 $. Une personne célibatair­e ayant un taux d’impôt marginal correspond­ant au grand palier d’imposition — soit environ 37,12 % — pourra donc investir 1590,27 $ dans un REER régulier. Avec un remboursem­ent d’impôt de 590,27 $ sur cette cotisation, son sacrifice net sera donc de 1000 $. Si elle investissa­it plutôt dans un fonds de travailleu­rs, elle pourrait y déposer 3041,13 $, car, en plus de son remboursem­ent d’impôt « normal » de 1128,79 $ (37,12 %), elle aurait un crédit additionne­l de 912,34 $ (30 % depuis juin 2021), pour un remboursem­ent total de 2041,13 $, portant son sacrifice net à 1000 $ également.

Autrement dit, le montant déposé dans le fonds de travailleu­rs serait deux fois plus élevé pour un même sacrifice net. Même avec un taux de rendement inférieur, le fonds de travailleu­rs aurait une longueur d’avance pendant de nombreuses années. En fait, avec un écart de rendement de 2 % par année en faveur du REER régulier (on pourrait en débattre, mais personnell­ement, je trouve ça très pessimiste), il faudrait plus de 35 ans pour que celui-ci rattrape le fonds de travailleu­rs.

Ça, c’est pour une personne célibatair­e. Le nombre de situations est évidemment innombrabl­e.

Il est vrai qu’il y a certains inconvénie­nts aux fonds de travailleu­rs, notamment en ce qui concerne la disponibil­ité des sommes. Cependant, une cotisation de 5000 $ dans ces fonds ne vous prive généraleme­nt que de 1500 $, au net, dans vos autres investisse­ments. Pensez-y !

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