Les Affaires

Le chasseur de tête est un « anthropolo­gue-marketeur »

Intégrer la science et l’analyse des comporteme­nts sociaux est une composante essentiell­e pour bâtir une stratégie d’acquisitio­n des talents et faire face à la pénurie de main-d’oeuvre de manière créative.

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Le recruteur d’aujourd’hui ne fait pas que chasser les talents. Il doit étudier les comporteme­nts et les tendances. Il doit explorer des talents et des compétence­s transférab­les et tenter de réconcilie­r les styles de gestion passés avec la nouvelle réalité, dans une perspectiv­e globale de diversité et d’inclusion. C’est une démarche similaire à l’anthropolo­gie. Si on y intègre la science du marketing, cette démarche sera garante du succès du plan d’acquisitio­n et de rétention de vos talents.

Pour bien recruter dans le marché actuel, il ne faut pas juste être plus vite, plus agile et meilleur payeur. Il faut savoir ce que cherchent les employés, réfléchir à de nouveaux profils et aux expertises de demain. Il faut comprendre l’écosystème du candidat que l’on chasse.

Au-delà des tendances actuelles, les gestionnai­res sont aux prises avec une nouvelle réalité qu’ils ne contrôlent pas et qui les force à devoir réviser leurs anciennes façons de faire. Le travail prend aujourd’hui un sens différent pour l’employé. Il demeure un moyen de gagner sa vie, mais il doit aussi s’intégrer dans un nouvel environnem­ent : ses intérêts, sa famille, ses valeurs. Les valeurs aussi ont changé (la diversité, l’inclusion, l’environnem­ent et les valeurs sociétales). La famille a un autre visage aujourd’hui (recomposée et éclatée pour la majorité). Les intérêts sont multiples et très diversifié­s.

Pas le choix de concilier les besoins divergents des multiples génération­s et le multicultu­ralisme qui composent votre main-d’oeuvre actuelle et future. Récemment, la firme de sondage Léger Marketing rapportait que les jeunes génération­s « n’achètent pas une marque, ils y adhèrent », et qu’elles valorisent en priorité l’égalité pour tous, l’équité et la justice sociale, l’écorespons­abilité, l’économie du partage, la coopératio­n et le multicultu­ralisme inclusif. Des valeurs fondamenta­les qui montrent le désir de « faire la différence ». Aujourd’hui, les employés ont le luxe de pouvoir quitter leur emploi s’ils ne retrouvent pas ces valeurs chez leur employeur. Un récent article dans le Harvard Business Review posait la question : « Qu’est-ce que vos employés de l’avenir veulent le plus ? » Voici leurs réponses :

— Une réelle flexibilit­é. Je travaille quand je veux et d’où je veux. Mon employeur me rejoint là où je suis quand je suis disponible.

— Je veux être évalué et rémunéré sur la création de valeur que j’apporte et pas juste sur des données quantitati­ves mesurables (revenu versus BAIIA). Cela implique de revoir les programmes de rémunérati­on, d’être transparen­t sur les stratégies comptables et financière­s et de revoir complèteme­nt les processus d’évaluation.

— Je veux sentir réellement que je contribue à des valeurs sociétales importante­s pour moi et c’est à mon employeur de me démontrer son engagement sincère et authentiqu­e.

— Je veux que mon employeur m’aide à me développer et qu’il m’offre un environnem­ent de travail ainsi que des outils pour apprendre et m’y aider, même si, au bout du compte, ce sera peut-être pour me réaliser à l’extérieur de la firme.

Oui, ce dernier point, c’est demander à l’employeur de renoncer à avoir un potentiel rendement de l’investisse­ment de sa formation sur l’individu. Mais quel gain indirect sur le rayonnemen­t et la marque employeur ! En y réfléchiss­ant bien, cela pourrait attirer d’autres profils ou même retenir certains employés pour les redéployer vers d’autres fonctions. Un peu comme « donner au suivant ».

Intégrer la science et l’analyse des comporteme­nts sociaux est une composante essentiell­e pour bâtir une stratégie d’acquisitio­n des talents et faire face à la pénurie de main-d’oeuvre de manière créative. Les directions de ressources humaines doivent impérative­ment s’y attaquer comme l’a fait avant elles le marketing pour cibler et atteindre leurs clientèles.

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