Les Affaires

S’entourer pour bien performer

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Isabelle Delorme

Plus de la moitié des organismes de bienfaisan­ce croient qu’ils n’ont pas le financemen­t ni les compétence­s suffisante­s pour utiliser davantage les outils numériques, selon le récent sondage mené par la plateforme CanaDon sur les compétence­s numériques. Certaines aides existent, mais sont souvent méconnues. L’Autorité canadienne pour les enregistre­ments Internet (ACEI) a lancé en 2020 un sondage auprès des organismes qui travaillen­t à favoriser l’accès, la qualité et la fiabilité des services Internet, dans le cadre de l’étude « Sans connexion ». Les répondants ont déclaré que les subvention­s et programmes du gouverneme­nt pour le développem­ent numérique sont souvent inaccessib­les à la plupart des organismes sans but lucratif (OSBL) et de bienfaisan­ce. De nombreux OSBL québécois ignorent qu’ils ont accès à un programme en matière de ressources humaines qui s’intitule « Mesure de formation de la main-d’oeuvre », signale Daniel Lanteigne, consultant principal à la firme BNP Performanc­e philanthro­pique. Cette mesure vise à soutenir le développem­ent de compétence­s des personnes qui risquent de perdre leur emploi et peut aider à maintenir les expertises dans les organismes. L’aide financière peut atteindre jusqu’à 50 % des dépenses de formation. Rares sont les bailleurs de fonds qui soutiennen­t les OSBL pour leur transition technologi­que, selon Daniel Lanteigne, qui est aussi chargé de cours à l’Université de Montréal au sein du certificat en gestion philanthro­pique. C’est le cas de la Fondation McConnell, qui a mis sur pied le programme Innoweave ainsi que le Fonds d’innovation sociale. « Ce dernier a apporté récemment une contributi­on de 250 000 $ sur l’horizon 2021-2023 à l’organisme Équiterre pour moderniser ses approches numériques afin de mobiliser plus de monde », dit Jane Rabinowicz, cheffe des programmes de la Fondation, qui a soutenu 514 organismes en 2020. En 2019, elle avait apporté une autre contributi­on de 150 000 $ à l’initiative montréalai­se Powered by Data, qui vise à aider le secteur sans but lucratif à avoir plus d’impact à l’aide des données.

Des outils disponible­s

TechSoup permet à des OSBL et à des organismes de bienfaisan­ce d’obtenir des dons de logiciels pour des frais d’administra­tion très abordables grâce à des partenaire­s, notamment Microsoft, Adobe et Cisco. Il offre également des webinaires et d’autres ressources d’apprentiss­age. Google propose également des outils gratuits ou abordables pour travailler plus intelligem­ment ou pour toucher davantage de donateurs, comme Google Workplace. La plateforme CanaDon propose pour sa part aux organismes de bienfaisan­ce des outils numériques pour collecter des fonds et pour cultiver les relations avec les donateurs. Daniel Lanteigne encourage les organismes à se procurer du matériel à moindre coût auprès d’Ordinateur­s pour les écoles du Québec, qui est accessible aux OSBL. « Il ne faut pas hésiter à aborder des partenaire­s d’entreprise­s, qui se débarrasse­nt régulièrem­ent de leur parc informatiq­ue », poursuit celui qui reconnaît néanmoins qu’au manque de matériel s’ajoute souvent une question de capacité du personnel.

Du savoir-faire

Les 700 fonds philanthro­piques de la Fondation du Grand Montréal bénéficien­t de services numériques, incluant une page de dons personnali­sée sur le site web de la Fondation et l’émission de reçus de charité par les systèmes comptables. « Ces services sont probableme­nt sous-utilisés », estime Karel Mayrand, PDG de cette fondation communauta­ire. Un fonds peut être ouvert par des individus ou des organismes et doit lever un minimum de 10 000 $ dans les cinq ans. Daniel Lanteigne croit également que le pro bono est une excellente piste. « Le bénévolat de compétence est probableme­nt sous-utilisé », estime le consultant pour qui beaucoup de gens n’ont pas envie de siéger à un conseil d’administra­tion, mais sont partants pour partager leur savoir-faire. « La plateforme Simplyk propose d’ailleurs des maillages avec des bénévoles d’affaires », suggère-t-il.

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