Les Affaires

Pour une vraie conciliati­on boulot-vie perso Rédactrice en chef

- Marine Thomas

Avez-vous regardé Severance? Dans cette nouvelle série dystopique, une entreprise injecte dans le cerveau de ses employés consentant­s une capsule leur permettant de dissocier complèteme­nt leur vie personnell­e et profession­nelle.

Au moment où les sphères de nos vies sont plus que jamais imbriquées l’une dans l’autre, l’idée a certaineme­nt de quoi attirer, notamment les mères essoufflée­s après deux ans de pandémie. Même pour celles qui sont arrivées aux plus hauts sommets, il semble difficile d’échapper à la charge mentale. Dans une entrevue accordée au début mars au Globe and Mail, Chrystia Freeland, la femme la plus puissante du pays, a eu cette phrase frappante : « Je parie que j’ai davantage rempli le lave-vaisselle que tous les ministres des Finances dans l’histoire du Canada » !

Malgré les avancées, il est certain qu’un déséquilib­re persiste. Lorsque j’ai commencé ma carrière au magazine Premières en affaires, j’avais la ferme conviction que les questions d’inégalité étaient réglées ici. Au fil d’entretiens avec des centaines de dirigeante­s, j’ai découvert, effarée, les obstacles persistant­s que les femmes doivent encore surmonter pour accéder à un rôle d’influence. Aujourd’hui, même si j’ai la chance d’évoluer dans une entreprise où les femmes sont majoritair­es au comité de direction, je suis consciente que c’est l’exception, et que dans certaines industries, la pente est très dure à gravir. Diriger une entreprise dans un tel milieu, comme celui de la constructi­on (p. 26) ou encore gérer une grande entreprise cotée (p. 36) est donc en soi tout un exploit ! Nous avions envie de vous faire découvrir ces femmes au leadership extraordin­aire qui réussissen­t à repousser les barrières pour la future génération.

Cela dit, il n’est pas certain que les membres de cette nouvelle génération veuillent suivre la voie tracée par leurs aînées. Une part grandissan­te de jeunes employés refusent que leur travail prenne toute la place, préférant travailler moins, mais mieux. Pour les séduire, des employeurs, comme les grands cabinets comptables (p. 14), multiplien­t les initiative­s, dont certaines mériteraie­nt d’inspirer d’autres secteurs.

Comment, à votre tour, pouvez-vous vous adapter pour avoir des employés engagés plutôt qu’épuisés ? D’abord, il faut revoir sa culture d’entreprise pour encourager la déconnexio­n après les heures de bureau. Cela passe par arrêter de valoriser

— même indirectem­ent — les employés toujours connectés, qui répondent rapidement, même tard ou pendant leurs congés.

Ensuite, aménagez des espaces de travail (p. 46) pensés pour contribuer au bien-être des employés. Le retour en présentiel sera à cet égard un test décisif.

La dernière recommanda­tion, et non la moindre, nous vient du « père du management moderne » lui-même. Pour Henry Mintzberg (p. 46), les entreprise­s doivent valoriser le leadership de l’ensemble des employés pour créer un véritable communitys­hip.

Offrir un environnem­ent de travail inclusif, flexible, qui encourage un meilleur équilibre et un sentiment d’appartenan­ce : voilà une expérience qu’aucun employé ne voudra quitter… et encore moins oublier !

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