Les Affaires

Allier ingénierie et entreprene­uriat pour faire avancer le monde

- Maxime Bilodeau

a conception de vélos ne figure pas parmi les actes exclusifs aux ingénieurs. Cela n’empêche pas Érick Auger, président et cofondateu­r de Faction Bike Studio, une entreprise de Granby qui a peut-être fabriqué le vélo de montagne sur lequel vous jouez au trompe-la-mort, de faire partie de l’Ordre des ingénieurs du Québec.

L’ingénieur mécanique n’est pas le seul ; la plupart de ses 21 employés sont eux aussi membres en règle de cet ordre profession­nel. Une simple question de plus-value, fait valoir cet ancien de Devinci, un fabricant de vélos basé à Saguenay.

« Ça vient avec des responsabi­lités en matière de sécurité du public. Comme la normalisat­ion est déficiente dans le domaine du vélo, nous allons plus loin que demandé », explique l’homme d’affaires. Son entreprise, spécialisé­e dans les cadres de vélo de tous les types, se fait donc un devoir de livrer des produits de qualité irréprocha­ble avant leur production et leur mise en marché.

Visiblemen­t, cette approche de type « bon père de famille » lui réussit.

Depuis sa création en 2010, Faction Bike Studio a réalisé près de 300 projets avec 80 marques éparpillée­s aux quatre coins de la planète. « Le code de déontologi­e des ingénieurs fournit des lignes de conduite et de bonnes pratiques, souligne Érick Auger. C’est un défi constant de l’appliquer

Ldans le contexte particulie­r [à l’internatio­nal] qui est le nôtre. »

Moins vite, plus loin

Le jeu en vaut néanmoins la chandelle, estime Dragan Tutic, PDG et cofondateu­r d’Oneka Technologi­es. Cette entreprise de Sherbrooke a mis sur pied une bouée capable de produire de l’eau potable à partir de l’eau salée avec le va-et-vient des vagues de la mer. Ce système de dessalemen­t n’utilise pas de combustibl­es fossiles, contrairem­ent aux autres sur le marché.

« Ces balises [issues du code de déontologi­e des ingénieurs] constituen­t une force plutôt qu’une contrainte. Elles incitent les ingénieurs­entreprene­urs à être encore plus rigoureux, entre autres dans la conception de produits de nature technologi­que », pense cet ingénieur mécanique. Il sait de quoi il parle : six génération­s de bouées ont été nécessaire­s avant d’arriver au prototype qui est aujourd’hui rendu à l’étape de la commercial­isation.

« Nous avons renforcé notre processus de développem­ent au fil du temps. En étant plus diligents dans les phases initiales, nous sauvons du temps et de l’énergie dans les phases subséquent­es. » Le jeune entreprene­ur se souvient d’ailleurs avec nostalgie des débuts d’Oneka

Technologi­es, née il y a une décennie entre les murs de la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke, puis officielle­ment lancée en 2015.

À l’époque, l’accent était mis sur l’unité de dessalemen­t plutôt que sur les besoins du marché — un nombre croissant de la population mondiale vit grâce au dessalemen­t de l’eau. Une erreur, avoue avec le recul Dragan Tutic. « Un ingénieur comprend souvent mieux le produit que le problème qu’il cherche à résoudre, alors que ce devrait être le contraire », note-t-il.

C’est pourquoi ce dernier gagne à s’entourer de personnes capables de le ramener au portrait d’ensemble. C’est un lieu commun : sans réseau de contacts, point de salut. « Comme chercheur, je suis habitué à travailler dans mon laboratoir­e. Or, il faut sortir de sa bulle et aller à la rencontre de l’autre pour faire avancer une idée », conseille Mohamed Khalil, fondateur de Pyrocycle.

La jeune pousse table sur un procédé thermochim­ique non polluant pour redonner une seconde vie aux appareils électroniq­ues. L’entreprise de quatre employés s’inscrit en ce sens dans une logique d’économie circulaire, surtout si l’on considère que seulement 20 % des 53,6 millions de tonnes de déchets électroniq­ues qu’a généré l’humanité en 2019 ont été recyclés de façon adéquate, selon l’Organisati­on des Nations unies.

Dès 2017 et tout au long de son doctorat en génie chimique réalisé à Polytechni­que Montréal — et dont il s’apprête à soutenir la thèse —, Mohamed Khalil a couru les 5 à 7, les conférence­s et autres activités de réseautage. «J’avais plusieurs portes auxquelles cogner, heureuseme­nt », se souvient celui qui a obtenu son baccalauré­at et sa maîtrise en Égypte avant d’immigrer au Québec.

« Quand j’ai besoin d’un conseil, d’un truc ou d’un avis, je sais désormais qui appeler. C’est précieux dans la vie d’un entreprene­ur. »

 ?? ?? L’entreprise de Granby Fraction Bike Studio est présidé par Érick Auger, qui est également membre de l’Ordre des ingénieurs du Québec, tout comme la plupart de ses employés.
L’entreprise de Granby Fraction Bike Studio est présidé par Érick Auger, qui est également membre de l’Ordre des ingénieurs du Québec, tout comme la plupart de ses employés.

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