Les Affaires

Ça va bien aller… si vous savez vous adapter

- Marine Thomas

«Ça va bien aller ». Ce slogan, entendu ad nauseam au point de perdre toute sa force au fil des vagues, serait-il enfin en voie de devenir réalité ?

Des avancées en ce sens semblent bel et bien avoir lieu. Le retour au bureau, déjà, même si c’est en mode hybride. La levée de nombreuses restrictio­ns contrôlant nos interactio­ns sociales.

D’une manière plus diffuse, mais tout aussi réelle, la peur du virus, qui semble moins omniprésen­te.

Autre signe qui ne trompe pas : le flot des réservatio­ns dans les hôtels, que rien ne semble ralentir (p. A-1). Grisés par les possibilit­és qui s’ouvrent à eux après deux ans démoralisa­nts, les Québécois semblent s’être donné le mot pour prendre d’assaut les infrastruc­tures touristiqu­es. Congrès, mariages et même partys de Noël : les organisate­urs partent à la recherche du temps perdu, tandis que cette industrie, l’une des plus marquées par la pandémie, panse tant bien que mal ses plaies pour tenter de répondre à cette soif inextingui­ble de retrouvail­les.

Ce sentiment d’urgence à vouloir en profiter tant qu’on peut n’est pas sans rappeler l’entre-deux-guerres, ces fameuses années folles, marquées par l’euphorie et l’insoucianc­e avant que ne frappe la prochaine grande catastroph­e mondiale. Or, comme le rappelle avec justesse notre journalist­e François Normand, historien de formation, l’histoire est un perpétuel recommence­ment (p. 22).

En effet, ce vent d’espoir printanier semble dangereuse­ment menacé par les nuages noirs (p. 04) qui planent à l’horizon: pénuries, inflation, guerre en Ukraine, spectre d’une récession… et sixième vague!

Même si nul ne peut prédire l’avenir, une chose est certaine : l’incertitud­e constante qui a commencé avec la pandémie est loin d’être finie. Nous allons devoir accepter de vivre avec encore longtemps. Qu’est-ce que cela signifie pour les entreprise­s ? Comment peuvent-elles faire la moindre planificat­ion stratégiqu­e dans ces circonstan­ces ?

La réponse nous vient peut-être du modèle de gestion « Pressentir, réagir et s’adapter », inspirée de la biologie cellulaire, qui aide les entreprise­s à être flexibles pour répondre rapidement aux changement­s. Présenté par Haeckel et Nolan en 1993, ce modèle est plus d’actualité que jamais.

On en retient notamment qu’au milieu du tourbillon, pour guider les grandes orientatio­ns de son entreprise, il faudra être attentif aux signaux faibles et s’appuyer sur les grandes tendances de fond (pensons ici développem­ent durable, inclusion, flexibilit­é…). Ensuite, avoir une structure interne qui permet aux flux d’informatio­n de circuler et de saisir les occasions que présente inévitable­ment chaque bouleverse­ment. Enfin, s’adapter, encore et toujours. L’adaptation sera la clé de la survie. En effet, comme le dit si bien Peter Drucker, considéré comme le père du management moderne, « le plus grand danger en période de turbulence, ce n’est pas la turbulence elle-même ; c’est d’agir avec la logique d’hier ».

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Rédactrice en chef

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