Les Affaires

Miser sur sa valeur plutôt que sur son temps

- Emmanuel Martinez

acturer à l’heure est un piège pour les travailleu­rs autonomes, selon Alexandra Martel, qui préconise une autre approche dans son livre Ajoute un zéro.

Au lieu de vendre leur service en se basant sur le temps consacré à un mandat, les travailleu­rs autonomes auraient avantage à se faire payer en fonction de la valeur qu’ils fournissen­t à leur client, soutient celle qui se décrit sur son profil LinkedIn comme «la fille qui veut que tu charges plus cher».

FCertes simple, la tarificati­on horaire, très répandue dans le monde de la consultati­on, recèle de nombreuses faiblesses selon elle. S’appuyant sur son expérience de rédactrice marketing, l’autrice estime que cela débouche sur une sous-évaluation du travail effectué en plus de créer un conflit d’intérêts avec le client.

« Quand tu factures à l’heure, ton revenu dépend du temps que tu passes à travailler. Ça veut dire que plus tu prends de temps — plus t’es lent.e —, plus tu fais de l’argent. C’est dans ton intérêt de ne pas trop te presser », écrit-elle.

Alexandra Martel ajoute que tarifer à l’heure décourage l’expertise et l’expérience. « Plus tu es efficace, plus tu es pénalisé », car augmenter le taux horaire crée un engrenage de friction « où tu n’es pas récompensé pour être meilleur ».

Par conséquent, le problème fondamenta­l, selon elle, c’est que le travailleu­r autonome reproduit la relation employeur-employé en vendant son temps plutôt que son savoir-faire et des résultats de qualité. Ainsi, il sous-estime sa valeur réelle, ce qui lui faire perdre des revenus.

Par conséquent, lorsque vient le temps de déterminer sa valeur, il faut bien savoir pour qui le prix est fixé. Il est essentiel de connaître son client et d’être capable de lui expliquer en quoi il bénéficier­a de l’expertise apportée. Cela débouche sur des offres de services beaucoup plus persuasive­s.

« Tu as beau dire que ta valeur est tel prix, si elle n’est pas perçue par le client, il ne voudra pas te payer, dit-elle. Pour qu’il comprenne ta valeur, il faut une propositio­n convaincan­te. »

Devenir un allié

changé la perception qu’ils avaient de moi. Je n’étais plus une rédactrice exécutante. Je suis devenue une conseillèr­e, une alliée. »

« Mes clients se sont mis à me respecter davantage, poursuit-elle. C’était assez inattendu pour moi.

C’était une belle surprise et cela m’a permis de faire du meilleur travail. On me laissait plus de latitude à cause de cela. »

Cette transforma­tion vers une tarificati­on à la valeur demande un « gros travail », reconnaît Alexandra Martel. Ce changement d’approche n’est pas pour tout le monde. « Cela prend de l’audace, avoue-t-elle. Surtout dans les domaines où la facturatio­n est la norme. »

Néanmoins, avec un zéro de plus sur le chèque pour service rendu, elle croit que le jeu en vaut la chandelle.

Ajoute un zéro d’Alexandra Martel est publié chez Saint-Jean Éditeur.

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Alexandra Martel est d’avis que les travailleu­rs autonomes sous-estiment leur valeur réelle en vendant leur temps plutôt que leur savoir-faire et des résultats de qualité.

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