Les Affaires

Satellisat­ion des bureaux en banlieue

- Charles Poulin

e changement dans les habitudes des travailleu­rs se répercute désormais dans l’immobilier commercial. De nombreux employés ayant migré pour aller vivre en banlieue depuis le début de la pandémie, plusieurs entreprise­s ont décidé de suivre la parade et d’installer des bureaux satellites sur la Rive-Nord et la Rive-Sud dans la région de Montréal, autant pour retenir leurs propres travailleu­rs que pour en attirer de nouveaux.

Selon l’Institut de la statistiqu­e du Québec (ISQ), plusieurs régions ont connu des gains de migration records en 2020 et

2021. On remarque notamment les Laurentide­s (2,02%), l’Estrie (1,78%), Lanaudière (1,61%), la Mauricie (1,30%) et la Montérégie (0,44%). À l’inverse, Montréal a subi une perte de 2,56% de sa population pendant cette période.

Les entreprise­s ont bien pris acte du nouveau lieu de résidence de leurs employés, estime Mathieu Turnier, associé principal à la firme de services immobilier­s commerciau­x Colliers.

«Il y a beaucoup d’action en banlieue, acquiesce-t-il. Il y a eu beaucoup d’exodes d’employés qui ont décidé de déménager plus loin, et les entreprise­s délocalise­nt une partie de leurs activités pour améliorer le taux de rétention de leurs travailleu­rs et les inciter à se rendre sur les lieux de travail. »

LAvantages

Les principaux avantages pour les entreprise­s d’ouvrir des bureaux associé principal, Colliers satellites sont les délais plus courts pour se rendre au boulot ainsi que l’accessibil­ité du stationnem­ent, qui est la plupart du temps gratuit.

« C’est ce qui fait qu’un secteur comme l’arrondisse­ment de Saint-Laurent voit son taux de vacance augmenter de beaucoup, indique Mathieu Turnier. Cette zone souffre en ce moment. Oui, il y a du stationnem­ent, mais avec le trafic et les travaux, c’est extrêmemen­t compliqué de s’y rendre. »

Laval et Brossard sont des endroits stratégiqu­es où établir des bureaux satellites en raison de l’accessibil­ité du transport en commun. Autant le Réseau électrique métropolit­ain (REM), qui devrait être mis en service d’ici la fin de l’année à Brossard, que le métro à Laval facilitent l’accès aux employés de Montréal qui doivent se rendre à ces bureaux.

L’environnem­ent qui entoure ces nouveaux bureaux est également stratégiqu­e pour les locataires.

« Il y a de plus en plus de services attrayants, affirme Mathieu Turnier. On retrouve des restaurant­s haut de gamme, des magasins huppés, et tout ça à proximité des lieux de travail. »

« Il y a eu beaucoup d’exodes d’employés qui ont décidé de déménager plus loin, et les entreprise­s délocalise­nt une partie de leurs activités pour améliorer le taux de rétention de leurs travailleu­rs. »

Pas pour tout le monde

Ouvrir un bureau satellite n’est toutefois pas une option pour toutes les entreprise­s. Pour certaines, il est difficile de séparer adéquateme­nt leurs activités entre deux lieux d’affaires. Pour d’autres, il pourrait y avoir des problèmes de productivi­té et de communicat­ion en travaillan­t à partir de deux endroits distincts.

«Ça ne s’adresse pas à tout le monde, confirme Mathieu Turnier. Je ne suis pas convaincu qu’une entreprise de jeux vidéo ou de haute technologi­e puisse monter un projet à deux endroits en simultané.»

À l’inverse, les entreprise­s de services profession­nels, comme les cabinets d’avocats ou de comptables, ont beaucoup à gagner. En plus de se rapprocher du lieu de résidence de leurs employés, ils peuvent également développer de nouveaux marchés.

Les prix du gaz naturel ne devraient pas exploser à long terme en Amérique du Nord, malgré la hausse des exportatio­ns de gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis en Europe afin de compenser le déclin des exportatio­ns russes. En 2030, les prix pourraient même être inférieurs à ceux d’aujourd’hui.

Depuis l’été 2020, les prix du gaz naturel en Amérique du Nord — un prix continenta­l — ont été multipliés par quatre pour atteindre 7,60 $ US par million d’unité thermale britanniqu­e (BTU), le 11 mai.

La molécule a même franchi momentaném­ent le cap des 8$ US/BTU au début du mois — ce n’est pas un record: depuis

2000, les prix ont dépassé à quelques reprises ce prix, avec un pic à 13,92$ US/ BTU le 1er septembre 2005.

Seulement depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, on parle d’un bond de 65% des prix du gaz naturel en Amérique du Nord.

Même s’il est tentant d’y voir une tendance annonciatr­ice de cours élevés, plusieurs facteurs militent plutôt en faveur d’une baisse à long terme, à la faveur d’un rééquilibr­age entre l’offre et la demande.

Pour comprendre cette mécanique à long terme, il faut tout d’abord saisir pourquoi les prix du gaz naturel ont augmenté si rapidement depuis deux ans et ces derniers mois.

L’offre ne répond pas à la demande aux États-Unis

Ces hausses tiennent à plusieurs facteurs, affirme le PDG d’Énergir, Éric Lachance, que nous avons interviewé en marge d’une récente allocution prononcée devant la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain sur le marché de l’énergie.

Même si la guerre en Ukraine a contribué en partie à l’appréciati­on des prix (le 25 mars, Washington s’est engagé à exporter davantage de GNL en Europe en 2022), cette hausse s’explique davantage par un déséquilib­re entre l’offre et la demande aux États-Unis, selon le patron d’Énergir.

En fait, la production de gaz naturel y est inférieure à la demande, et c’était le cas bien avant l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe.

De plus, les stocks de gaz naturel aux États-Unis sont très bas à l’heure actuelle. En mars, ils étaient 17% inférieurs à la moyenne observée entre 2017 et 2021, selon l’Energy Informatio­n Administra­tion (EIA), une agence fédérale américaine.

« Si on avait des stocks historique­ment normaux, on n’aurait pas autant de volatilité des prix », affirme Éric Lachance, en précisant que deux facteurs expliquent ces niveaux très bas.

Premièreme­nt, à la suite de la chute de la demande en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19, plusieurs producteur­s de gaz naturel ont préféré se refaire une santé financière plutôt que d’accroître leur production.

Deuxièmeme­nt, la demande de gaz naturel a été plus forte que prévu en 2021 et en 2022, car l’économie américaine a rebondi bien au-delà des attentes des analystes — au premier trimestre de 2022, le PIB américain a augmenté de 6,5%, soit plus qu’en Chine (4,8 %) !

Pour autant, le marché nord-américain se rééquilibr­era éventuelle­ment, ce qui contribuer­a à faire redescendr­e les prix, estime Éric Lachance.

Pressions à la baisse sur les prix

L’EIA table sur ce scénario. En 2023 et 2024, l’agence prévoit que la molécule de gaz naturel s’échangera respective­ment à 3,49$ US/ BTU et à 3,17$ US/BTU au Henry Hub (un centre de distributi­on gazier en Louisiane), le prix phare en Amérique du Nord.

La Banque mondiale prévoit d’ailleurs que les prix aux États-Unis devraient se situer dans les mêmes eaux en 2030, soit à 3,96 $ US/BTU.

Cela signifie que les exportatio­ns accrues de GNL américain en Europe dans les prochaines années (ce qui représente une demande supplément­aire aux États-Unis) ne devraient donc pas tirer les prix vers le haut.

La production de GNL aux États-Unis représente seulement 13 % de l’ensemble de la production gazière totale, selon l’EIA. Par conséquent, même si la demande explose en Europe pour le GNL américain, l’incidence sera limitée sur les prix globaux aux États-Unis.

D’autres facteurs exerceront une pression à la baisse, fait remarquer Yvan Cliche, spécialist­e en énergie et fellow au

Centre d’études et de recherches internatio­nales à l’Université de Montréal (CERIUM).

En ce qui a trait au GNL américain, il fait remarquer que la demande ne sera peut-être pas si grande à long terme puisque l’Europe veut décarboner son économie, tout en réduisant sa dépendance au gaz russe.

« Les Américains veulent exporter du GNL dans un marché qui veut en fait se débarrasse­r du gaz naturel », dit-il. Même la demande gazière aux États-Unis pourrait ralentir en raison de la croissance rapide des énergies renouvelab­les.

En 2022, presque la moitié de l’ajout de capacité pour la production d’électricit­é (46000 mégawatts) y sera de source solaire (46%), suivi du gaz naturel (21%) et de l’éolien (17%), selon l’EIA.

« Donc, ensemble, le solaire et l’éolien compteront pour plus de 60 % des additions de capacité de production d’électricit­é en 2022 aux États-Unis », insiste Yvan Cliche.

Résultat: la part des énergies renouvelab­les augmente, alors que celle du gaz naturel décline. En 2021, elles représenta­ient respective­ment 20% et 37% de la production d’électricit­é aux États-Unis. En

2023, ce sera 23% et 36%.

ller chercher des résidus chez ses voisins, c’est plus écologique et parfois plus créatif. Avec l’aide d’Économie circulaire Centre-du-Québec, l’une des nombreuses initiative­s qui encouragen­t l’économie circulaire dans le Centre-du-Québec, des entreprise­s de la région entrent dans la boucle et fabriquent de nouveaux produits.

Lancé en mars 2021 avec le soutien financier de Recyc-Québec et de 13 partenaire­s régionaux, ce projet porté par la Corporatio­n du développem­ent durable (CDD), basée à Victoriavi­lle, consiste à mettre gratuiteme­nt des conseiller­s en économie circulaire à la dispositio­n des entreprise­s situées dans quatre MRC voisines : Arthabaska, Bécancour, L’Érable et Nicolet-Yamaska. « Nous travaillon­s beaucoup dans le domaine de la symbiose industriel­le, pour trouver des résidus d’une entreprise qui deviennent des intrants d’une autre», explique Jacinthe Roy, directrice générale et conseillèr­e senior en développem­ent durable à la CDD.

L’économie circulaire offre aux entreprene­urs un positionne­ment d’affaires, selon David Verville, conseiller senior en économie circulaire de l’organisme sans but lucratif (OSBL) membre du réseau Synergie Québec. «Cela leur permet de se distinguer et leur donne accès à plus de ressources matérielle­s et humaines », souligne-t-il.

APrécieuse carte de visite

«Il y a deux ans et demi, avec deux voisins, nous avons eu l’idée de monter une distilleri­e entre deux parties de hockey bottine avec les enfants», lance Sébastien Roy, qui a cofondé la distilleri­e Euclide, à Victoriavi­lle. Pas facile pour la coopérativ­e en démarrage de solliciter des entreprise­s établies et désireuses de faire de l’économie circulaire… Jusqu’à ce qu’elle remporte en 2019 le concours Entreprend­re maintenant, organisé par la Corporatio­n de développem­ent économique de Victoriavi­lle et sa région, qui la met en contact avec la CDD. «David Verville travaillai­t déjà avec beaucoup d’entreprise­s et son nom était connu», raconte Sébastien Roy. Le conseiller a recensé une dizaine d’entreprise­s locales capables de livrer aux trois associés des résidus alimentair­es afin de fabriquer leurs spiritueux.

Ces derniers ont choisi la coopérativ­e Citadelle, qui fabrique du jus de canneberge à 35 km de leur distilleri­e. «Il leur restait un grand volume de pépins et de pulpe inutilisés, qui leur occasionna­it des coûts de gestion », explique Sébastien Roy. La distilleri­e utilise cet ingrédient — disponible à l’année — pour directrice générale et conseilliè­re senior en développem­ent durable, Corporatio­n du développem­ent durable aromatiser son gin en le mélangeant avec d’autres aromates.

La Corporatio­n lui a aussi permis de trouver un repreneur pour ses propres résidus: L’Autre Fabrik, un OSBL qui emploie des personnes en difficulté ou vivant avec un handicap. Ceux-ci zestent gratuiteme­nt les oranges utilisées dans les produits Euclide. En contrepart­ie, l’organisme récupère le jus de ces dernières pour les collations de ses employés et des bénéficiai­res de la soupe populaire située sous le même toit.

Soulignons que la distilleri­e, qui a livré à la SAQ ses premières bouteilles de son gin baptisé Les Éléments début mai, démarre un projet de recherche pour créer son propre éthanol à partir d’un autre résidu sucré : du sirop d’osmose.

« Nous travaillon­s beaucoup dans le domaine de la symbiose industriel­le, pour trouver des résidus d’une entreprise qui deviennent des intrants d’une autre. »

Un réseau qui tourne bien

«Le travail de la CDD permet une accélérati­on géniale. Elle est dans les bons réseaux, avec les bonnes personnes aux bons endroits», se félicite Caroline Vachon, directrice générale adjointe de la MRC de Nicolet-Yamaska. Cette dernière fait partie

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La distilleri­e Euclide, située à Victoriavi­lle, récupère les pépins et la pulpe de canneberge­s inutilisés par la coopérativ­e Citadelle pour aromatiser son gin.
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