Les Affaires

Un concours pour stimuler l’approvisio­nnement local

- Isabelle Delorme

« Le "tout bleu" ou rien est un raccourci de communicat­ion facile. Il décourage certaines entreprise­s qui ne peuvent pas atteindre 100 % d’approvisio­nnement québécois. » – Manon Théberge,

a microbrass­erie La Flûte à bec, établie à Nicolet, a remporté le volet Faire affaire ensemble du Défi régional OSEntrepre­ndre dans le Centre-du-Québec en avril. L’objectif de ce volet de la compétitio­n provincial­e, qui en est à sa deuxième édition, est de faire connaître et de rassembler des entreprene­urs qui remplissen­t leurs carnets de commandes avec des fournisseu­rs québécois.

Dès leur arrivée à la tête de La Flûte à bec il y a

Lquelques mois, aux côtés de Martin Côté, Angélique Landry et son fils Zachary Fréchette ont mis plus de produits locaux au menu, comme les viennoiser­ies de la boulangeri­e Galoto, les légumes de la jeune ferme maraîchère La terre du coin et la viande des Délices du centre-ville, trois fournisseu­rs de Nicolet.

«Un tel changement est très risqué en restaurati­on, mais les clients répondent bien et cette récompense régionale est un encouragem­ent», se réjouit Zachary Fréchette, pour qui trop d’établissem­ents privilégie­nt les produits de grandes entreprise­s, moins chers. «Le prix, ce n’est pas

PDG, OSEntrepre­ndre juste l’argent, mais aussi la valeur», souligne le restaurate­ur, qui soutient aussi des artistes locaux en exposant leurs oeuvres.

Le volet Faire affaire ensemble du Défi annuel de l’organisme sans but lucratif OSEntrepre­ndre est d’ailleurs né d’une volonté de changement interne. « Nous avons revu notre politique d’achats en 2015 pour nous fournir auprès d’entreprise­s québécoise­s », raconte Manon Théberge, sa PDG. Après avoir pioché dans la liste des participan­ts à ses activités depuis près de 25 ans, l’équipe a cherché au Québec les prestatair­es qui manquaient. « Nous avons changé presque toutes nos lignes de fournisseu­rs », se réjouit-elle.

Pour inciter les entreprise­s à rendre leur carnet d’approvisio­nnement plus local, en plus d’encourager les PME dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas 50 millions de dollars à poser leur candidatur­e à son nouveau prix, OSEntrepre­ndre a mis des outils à leur dispositio­n sur son site web : un répertoire de plus de

7000 entreprise­s et un « carrefour » contenant une vingtaine d’articles et une cinquantai­ne d’« histoires » inspirante­s.

Cheminer pas à pas

Autre preuve que le restaurant qui sert des bières est un terreau fertile à l’approvisio­nnement local : le gagnant national du volet Faire affaire ensemble l’an dernier est la microbrass­erie St-Pancrace, de Baie-Comeau. « Cette récompense est venue confirmer que nos actions vont dans la bonne direction », se félicite son directeur de production, André Morin.

Il a procédé par étapes pour « peindre en bleu » son carnet de commandes, en commençant par acheter localement les petits fruits qui se retrouvent dans ses bières. « On a éliminé tous ceux qui viennent d’autres pays, précise-t-il. On utilise seulement des fruits québécois, principale­ment nord-côtiers, donc ça nous donne des arômes différents. » Pensez chicoutai, argousier, airelle et camerise, entre autres.

Aujourd’hui, la PME compte presque 100 % de fournisseu­rs québécois pour ses matières premières et 90 % pour les autres produits et les services. Cette proximité lui a permis de passer « d’une approche d’acheteur à celle de partenaire » avec ses fournisseu­rs, explique André Morin, afin de développer de nouvelles saveurs et croître ensemble.

L’approche pas à pas est très pertinente, affirme Manon Théberge, qui estime que chaque décision menant à « faire affaire ensemble » a des retombées tangibles. « Le "tout bleu" ou rien est un raccourci de communicat­ion facile, se désole-t-elle. Il décourage certaines entreprise­s qui ne peuvent pas atteindre 100 % d’approvisio­nnement québécois. » Selon elle, « il faut y aller progressiv­ement, ligne par ligne, selon ses produits ou services ». Une entreprise de vêtements bon marché qui se heurte à des contrainte­s de prix pour produire localement peut par exemple commencer par ses emballages et ses étiquettes, illustre-t-elle.

Un concours et une communauté

Les candidatur­es au volet Faire affaire ensemble sont examinées selon plusieurs critères, indique la PDG d’OSEntrepre­ndre. « Nous veillons à ce que l’orientatio­n de l’entreprise en matière d’approvisio­nnement soit alignée sur des éléments réalistes, durables et adaptés à son domaine d’activité. » Le cheminemen­t, les partenaria­ts, la valorisati­on de l’achat local (auprès des employés, des pairs, etc.)

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