Les Affaires

C’est le temps du Grand Rattrapage

Les entreprise­s désireuses d’accroître leur présence numérique peuvent se tourner vers diverses sources d’aide financière.

- Philippe Jean Poirier Source : NOVIPRO/Léger

Québec a ajouté en janvier 24,6 millions de dollars (M $) au financemen­t de son Offensive de transforma­tion numérique, déjà dotée d’un budget de 56,8 M $. Début mars, Ottawa a lancé son Programme d’adoption du numérique, assorti d’une enveloppe de 4 milliards de dollars sur quatre ans. Les options sont donc très nombreuses pour les PME qui ont besoin d’un peu d’aide en la matière… et Les Affaires les explore pour elles.

a y est. Nous y sommes. Le printemps numérique est arrivé au nord du 49e parallèle. Et il n’y a pas de retour possible. Depuis quelques mois, les gouverneme­nts fédéral et provinciau­x multiplien­t les annonces d’aide à la transforma­tion numérique. Les entreprise­s sont ainsi conviées à une immense corvée collective, une sorte de Grand Rattrapage numérique, pourrait-on dire.

Il y a urgence en la demeure alors que la proportion des entreprise­s qui songent à faire des investisse­ments technologi­ques a reculé de 88% en 2020 à 80% en 2021, révèle la sixième édition du portrait des TI réalisé par NOVIPRO/Léger à l’automne 2021. Les

491 répondants — dont

288 décideurs en technologi­e de l’informatio­n — ont affirmé préférer investir dans les « opérations » plutôt que dans les « technologi­es avancées », qui sont pourtant la véritable clé de voûte de plusieurs projets de transforma­tion numérique.

Pour encourager les entreprise­s à se relever les manches et à donner le coup de barre depuis trop longtemps demandé et attendu, Ottawa a lancé, début mars, le Programme canadien d’adoption du numérique (PCAN), assorti d’une enveloppe de 4 milliards de dollars sur quatre ans. Géré par la Banque de développem­ent du Canada (BDC), le programme donne entre autres accès à des microsubve­ntions de 2400 $ pour « mettre en oeuvre une vitrine numérique », et à une subvention maximale de 15 000 $ pour « préparer

Çun plan d’adoption du numérique ». « Les petites et moyennes entreprise­s canadienne­s ont besoin de plus d’outils, de ressources et de financemen­t pour passer au numérique », avait alors expliqué dans un communiqué Isabelle Hudon, présidente et cheffe de la direction de la BDC.

Le 20 avril, Québec a dévoilé dix nouveaux projets de formation financés à hauteur de 29 millions de dollars (M $) dans le cadre de son programme

Offensive de transforma­tion numérique (OTN), doté d’un budget total de 130 M $. Ciblant l’étape du choix des solutions technologi­ques, l’OTN adopte une démarche sectoriell­e en finançant des organismes plutôt que des programmes. Les 25 organismes retenus à ce jour sont issus de secteurs aussi variés que la mode (Sensation mode), le tourisme (Événements Attraction­s Québec) et le secteur manufactur­ier (Mouvement québécois de la qualité). Par sa plus récente annonce, le gouverneme­nt espère sensibilis­er 49 500 entreprise­s à l’importance du virage numérique et aider 2600 autres à progresser dans celui-ci.

Demander de l’aide

Cette démarche a tout pour plaire à Lyne Dubois, vice-présidente du Centre de recherche industriel­le du Québec (CRIQ) d’Investisse­ment Québec. D’ailleurs, lorsqu’elle aborde le sujet de la transforma­tion numérique, ses yeux brillent de mille feux. La vice-présidente du CRIQ est convaincue que c’est en amenant les entreprise­s à franchir un premier pas — aussi petit soit-il — que celles-ci trouveront leur élan. L’enjeu est trop important pour ne pas essayer de se lancer.

« Aujourd’hui, la compétitio­n est mondiale, explique-t-elle. Le consommate­ur peut s’approvisio­nner partout dans le monde. Il veut le meilleur produit au meilleur prix. Surtout, il veut un produit personnali­sé. Nous sommes à un modèle de production juste-à-temps. Pour répondre à la demande des consommate­urs et tirer leur épingle du jeu, les entreprise­s n’ont d’autres choix que d’intégrer les nouvelles technologi­es. »

Lyne Dubois constate que les PME manquent de temps, de compétence­s et surtout de main-d’oeuvre pour saisir toutes les occasions du virage numérique. « Elles ne connaissen­t pas toujours l’aide financière et à l’innovation qui leur est offerte », ajoute-t-elle.

Tisser des liens

Le Québec ne manque pourtant pas de programmes ni d’organismes pour aider les entreprise­s dans leur transforma­tion 4.0. Selon leur maturité numérique, les chefs d’entreprise peuvent s’initier à la transition numérique en suivant une formation auprès d’un organisme sectoriel ; ils peuvent suivre une formation 4.0 au collégial ou à l’université. Finalement, ils peuvent pousser la réflexion plus loin et s’engager dans un projet d’innovation en partenaria­t avec un centre de recherche.

Lyne Dubois insiste sur l’importance de la collaborat­ion. « Pour faire bouger les aiguilles de la productivi­té au Québec, nous ne pouvons pas agir seul. Nous devons agir en collaborat­ion avec des partenaire­s financiers, d’innovation et d’exportatio­n. Les Anglais disent : "Connect the dots to leverage your network. "Nous devons tisser des liens. » En d’autres mots, c’est en bâtissant un réseau d’entraide que le Québec inc. pourra réussir son Grand Rattrapage numérique.

C’EST LA PROPORTION D’ENTREPRISE­S QUI SONGEAIENT INVESTIR DANS LES TECHNOLOGI­ES EN 2021. IL S’AGIT D’UNE BAISSE DE 8% PAR RAPPORT À 2020.

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