Les Affaires

CAE et Air Canada offrent des perspectiv­es différente­s

- Jean Gagnon

lors que s’annonce une bonne reprise du transport aérien, laquelle de ces deux sociétés les investisse­urs devraient-ils préférer entre CAE et

Air Canada ?

La question se pose, car si l’une pourrait causer une agréable surprise à court terme, l’autre offre un fort potentiel à plus long terme.

Associée au monde de l’aviation par ses simulateur­s de vol et ses formations pour les pilotes, CAE (CAE, 34,02$) a connu une performanc­e boursière relativeme­nt semblable à celle d’Air Canada (AC, 21,33$) à partir de 2015. Les deux titres se sont aussi écroulés de la même façon lorsque la COVID-19 s’est pointée, cédant respective­ment 65% et 80% de leur valeur en quelques semaines.

En revanche, dans l’après-pandémie, les choses ont changé. Le cours de l’action de CAE a retrouvé en moins de deux ans son sommet de janvier 2020, faisant ainsi l’envie des détenteurs d’actions d’Air Canada qui recouvraie­nt moins de la moitié de leurs pertes.

ALe profil de risque a changé

Pour faire un choix, il faut d’abord comprendre que le profil de risque de chacune des sociétés n’est plus le même, explique d’entrée de jeu Philippe Côté, gestionnai­re de portefeuil­le au Groupe Eterna. «Surtout parce que la moitié des revenus de CAE provient maintenant du secteur de la défense, ce qui la dégage d’une partie du risque lié à la volatilité du secteur de l’aviation civile», dit-il.

Toutefois, l’effet de levier est actuelleme­nt plus favorable à Air Canada, car l’entreprise pourrait profiter d’une remontée rapide de la demande de la part des voyageurs, selon Philippe Côté. Ceux-ci ont accumulé beaucoup de crédits sur des réservatio­ns auprès d’Air Canada et ils n’attendent que le moment de les utiliser. «Comme plusieurs voyageurs ont déjà effectué leur déboursé, ils se soucieront moins du prix des billets», dit-il. Des réservatio­ns très fortes pour cet été l’indiquent bien, selon lui.

Le prix du pétrole

La forte hausse du prix du pétrole n’aidera en rien les hausses de coûts du transporte­ur aérien. Mais

Variation du titre de CAE du 5 décembre 2014 au 3 juin 2022

Source : Capitaligh­t Research

après une telle hausse, il est permis de croire qu’un recul surviendra à un moment donné et que l’effet sera alors très positif sur les résultats d’Air Canada. Les deux ou trois prochains trimestres devraient être bons pour le transporte­ur aérien, selon le gestionnai­re, qui voit peu de risque que le titre se retrouve sous la barre symbolique des 20$.

De bonnes années devant pour CAE

Pour sa part, CAE a démontré que son modèle d’affaires est durable et qu’il génère de bons flux de trésorerie malgré les défis sans précédent que rencontre le secteur de l’aviation depuis l’arrivée de la pandémie, explique Fadi Chamoun, analyste à BMO Marchés des capitaux.

Il prévoit une forte demande pour ses produits au cours des deux ou trois prochaines années. Il croit également que la société aura l’occasion de procéder à des acquisitio­ns qui auront un effet positif notable sur son bénéfice par action, qui pourrait facilement dépasser son niveau d’avant la pandémie.

CAE est très bien positionné­e à plus long terme, croit également Philippe Côté. «La formation des pilotes sera toujours nécessaire et la demande de simulateur­s et de programmes de formation, tant pour le secteur civil que celui de la défense, continuera de croître », dit-il.

S’il existe un point faible toutefois chez CAE, c’est peut-être au chapitre de l’exécution, souligne le gestionnai­re. Le contrôle des coûts a parfois connu des ratés et en cette période d’inflation, l’entreprise devra selon lui soigner cet aspect.

Par ailleurs, il admet que la direction a très bien géré l’épisode où elle a dû retarder la publicatio­n de ses derniers résultats trimestrie­ls en cernant rapidement la source du problème, qui était une surcharge de travail de ses vérificate­urs.

L’analyse technique

La performanc­e du titre d’Air Canada a été moins éblouissan­te que celle de CAE depuis quelques mois. Toutefois, l’évolution du titre du transporte­ur entre 20$ et 30$ depuis un an et demi lui procure aujourd’hui une base intéressan­te de laquelle il pourrait amorcer une nouvelle tendance haussière s’il parvenait à se dégager de ce corridor de fluctuatio­ns, souligne Monica Rizk, analyste senior chez Phases & Cycles et spécialist­e de l’analyse des graphiques boursiers.

Quant à CAE, la reprise a permis au titre de regagner son sommet de février 2020, mais il s’est ensuite replié de façon importante. « Il s’agit souvent d’un événement négatif lorsqu’un titre ne réussit pas, après une si belle remontée, à maintenir ses gains et même à atteindre de nouveaux sommets », dit-elle.

La divulgatio­n par CAE de ses résultats du quatrième trimestre de son exercice 2022, survenue le 31 mai, a permis de relancer le titre de façon intéressan­te, note l’analyste. Reste à voir si ces gains permettron­t un nouvel assaut vers son double sommet précédent.

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