Les Affaires

Le CELI de Marie-Michèle Filion : la planche de salut

Pleins feux sur mon CELI est une rubrique où des investisse­urs individuel­s partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investisse­ment tout en soumettant leur portefeuil­le à l’analyse d’un pro.

- Jean Décary Titre Automotive Properties FPI Slate Grocery FPI BCE Emera Slate Office FPI Nutrien BTB FPI Power Corporatio­n du Canada Manulife Financial Labrador Iron Ore Royalty Inovalis FPI H&R FPI Algonquin Power & Utilities Atrium Mortgage Invt Cascade

a maladie qui a frappé son père, alors qu’elle n’avait que 12 ans, va fortement secouer le nid familial et la trajectoir­e de vie de cette jeune femme, originaire de Saint-Jérôme, dans les Laurentide­s. «Disons que nous avons dû nous serrer les coudes et apprendre à vivre très modestemen­t.» À tout juste 15 ans, elle va être confrontée à la réalité du marché du travail comme caissière dans un magasin à grande surface. Elle va en tirer d’importante­s leçons à la fois sur l’épargne et les dépenses.

Elle travailler­a donc pendant toutes ses études, où elle alternera entre l’analyse biomédical­e, la comptabili­té à l’Université du Québec à Montréal et la gestion des eaux, un cours d’études collégiale­s dont elle obtiendra l’attestatio­n. «Quand j’ai pris une pause de l’école dans tout ça, il m’arrivait régulièrem­ent de travailler sept jours sur sept. Je travaillai­s de jour dans un magasin et de soir dans un bar.» C’est dans ce dernier endroit qu’elle fait la rencontre d’un client qui l’initie au marché des valeurs mobilières.

Elle va ouvrir son compte de courtage et son CELI en 2017 et, sur les conseils de son nouveau mentor, investir dans Nouveau Monde Graphite (NOU.V, 6,54$), dans quelques titres de

Lfiducies immobilièr­es, dont le FPI Automotive Properties (APR-UN, 14,10$), qui occupe la part du lion de son portefeuil­le, avec 11%, et d’un autre titre de graphite, Great Lakes Graphite, qui sombrera dans l’abîme des titres spéculatif­s.

Plus confiante en ses moyens, elle profitera finalement des connaissan­ces acquises dans un cours de finance et de ses lectures pour se lancer seule à compter de 2018. Marie-Michèle Filion se dit investie à la Bourse pour le très long terme. Elle souhaite pouvoir vivre de ses investisse­ments.

Elle s’inspire en cela du mouvement FIRE (Financial Independen­ce, Retire Early). Leur philosophi­e prône, par un investisse­ment précoce et agressif, l’atteinte d’une liberté financière partielle (ou totale) offrant plus de latitude profession­nelle.

C’est pourquoi elle axe principale­ment sa stratégie vers les titres qui versent de généreux dividendes, comme les financière­s Power Corp (POW, 36,21$) et Manuvie (MFC, 18,49$), les compagnies de télécommun­ication BCE (BCE, 54,45$) et les fiducies immobilièr­es Slate Office (SOT-UN, 4,96$), H&R (HR-UN, 14,29 $), Inovalis (INO-UN, 7,85$), Primaris (PMZ-UN, 13,70$). Elle recherche des entreprise­s qui auront un avantage compétitif dans le temps. Elle essaie aussi, pour des raisons éthiques, d’éviter les entreprise­s actives dans l’industrie du pétrole. «Je suis une personne très écologique, ça se reflète dans mon travail, dans mes achats et aussi dans mes choix de placement.»

Dans l’oeil d’un pro

Andrew Kost, gestionnai­re de portefeuil­le chez Allard, Allard & associés, voit beaucoup de positif dans le

Portefeuil­le CELI de Marie-Michèle Filion

(Valeur approx. 79 261 $) cheminemen­t de cette nouvelle venue dans le monde des valeurs mobilières. «Elle est jeune et économe avec des idées d’investisse­ment qui vont l’aider à atteindre un jour ses objectifs financiers.» Il juge que l’atteinte de rendements de 8% serait un objectif réaliste.

Au vu de son parcours d’épargnante et d’investisse­use, le gestionnai­re de portefeuil­le se demande s’il n’y a pas lieu de bien reconsidér­er sa tolérance au risque. «Elle investissa­it auparavant dans des CPG et elle est maintenant investie 100% en actions. Si jamais son portefeuil­le baissait de plus de 30%, sera-t-elle aussi à l’aise? Ce sont des questions à se poser, de préférence plus tôt que tard. »

Il constate que le CELI met l’accent sur le revenu et les titres à dividende.

«C’est une stratégie qui se défend, mais le rendement du dividende en soi n’est pas garant de la qualité d’un titre. On ne peut se fier à cela pour construire un portefeuil­le. » Andrew Kost suggère à l’investisse­use d’examiner d’abord le bilan financier de l’entreprise afin de savoir s’il est solide et si le dividende peut être soutenable à long terme. Il n’est pas rare de voir des sociétés le diminuer, voire l’arrêter. «D’autant plus que nous traversons une période économique marquée par l’inflation, qui va affecter les marges des entreprise­s, avec une récession potentiell­e à nos portes. »

Sur le plan de la diversific­ation, il fait remarquer que le CELI est fortement exposé au secteur de l’immobilier (45%), avec les titres de fiducies immobilièr­es (REIT), et des services publics (11%). «Il faut faire attention. Ce sont des secteurs qui seront pénalisés par une hausse des taux d’intérêt. »

Le gestionnai­re de portefeuil­le aime que l’investisse­use soit intéressée à miser sur des entreprise­s qui ont un avantage compétitif durable. Dans le même ordre d’idées, il dit aimer le titre de Nutrien (7 % du portefeuil­le), lequel domine son secteur d’activité et possède d’importante­s barrières à l’entrée. « C’est cependant un titre cyclique et les niveaux de valorisati­on sont actuelleme­nt élevés. » Il lui suggère de profiter du bon rendement obtenu par l’action pour réduire quelque peu sa position et déployer son capital ailleurs.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada