Les Affaires

Le taux directeur et vos dettes

- Charles Poulin

« Habituelle­ment, ça prend environ six mois pour voir des effets concrets d’une hausse du taux directeur sur l’économie, sauf pour l’immobilier, où c’est plus rapide. » – Jules Boudreau,

es dernières hausses du taux directeur peuvent faire peur. Après tout, des augmentati­ons d’un demi-point de pourcentag­e ne s’étaient pas vues depuis le début des années 1990. Mais même si la Banque du Canada risque fortement de faire grimper son taux de nouveau en 2022, les répercussi­ons sur vos dettes personnell­es devraient demeurer gérables.

Commençons tout d’abord par le taux directeur lui-même.

Les experts interrogés par Les Affaires croient que la Banque du Canada le portera à 2,5 % (Banque Nationale) ou 3 % (Placements Mackenzie) d’ici la fin de l’année.

Quelles répercussi­ons cela aura-t-il sur vos dettes ? La Banque Nationale a fait le calcul de la part du revenu qui devra servir à couvrir les intérêts supplément­aires générés par les prochaines hausses de taux.

Le chef économiste adjoint de la Banque Nationale, Matthieu Arseneau, explique qu’avec un taux directeur à 2,5% à la fin de 2022, l’augmentati­on des intérêts payés sur les prêts à taux variables représente­rait 0,4% du revenu disponible d’une personne.

« C’est important, mais c’est gérable, estime-t-il. Évidemment, toutes les personnes ne seraient pas affectées de la même manière. »

Les personnes qui ont un prêt hypothécai­re à taux fixe et qui ne doivent pas le renouveler rapidement seront moins affectées. Celles qui ont une marge

Léconomist­e, Placements Mackenzie de crédit élevée et un taux hypothécai­re variable le seront beaucoup plus.

Vent contraire en immobilier

Une des conséquenc­es de la hausse des taux d’intérêt qui se fera sentir de plus en plus au cours des prochains mois sera le ralentisse­ment du marché immobilier. Les ventes ont baissé de 13% en avril, rappelle Matthieu Arseneau, et le marché devra affronter «un vent contraire» d’ici la fin de l’année.

Le vice-président senior aux relations courtiers, chez Multi-Prêts Hypothèque­s, John Fucale, remarque que le taux fixe 5 ans était à 3 % en janvier et à 4,14 % le jour de la dernière annonce de hausse de taux de la Banque du Canada.

« Il pourrait être à 4,79 % dans quatre mois, prévoit-il. Les acheteurs doivent absolument s’informer des meilleurs taux sur le marché et s’en faire réserver un. »

Les acheteurs devraient-ils renoncer aux taux variables dans la prochaine année? John Fucale affirme qu’il n’y a pas de réponse unique à la question.

« Chaque client a une situation différente, soutient-il. Il faut faire l’analyse des besoins à court, moyen et long terme. Le taux variable demeure un produit fort pour nous, mais ce n’est pas pour tout le monde. Le taux fixe offre une sécurité budgétaire aux gens. »

Inflation

L’inflation guette également votre portefeuil­le. Malheureus­ement, elle continuera probableme­nt de grimper un peu avant de redescendr­e en fin d’année.

« Habituelle­ment, ça prend environ six mois pour voir des effets concrets d’une hausse du taux directeur sur l’économie, sauf pour l’immobilier, où c’est plus rapide, explique Jules Boudreau, économiste chez Placements Mackenzie. Cet automne, nous devrions commencer à voir les effets tangibles des premières hausses. »

L’économiste prévoit que l’inflation, qui s’est chiffrée à 6,8 % en avril, diminuera autour de 4,15 % à la fin de l’année. La consommati­on restera solide pour quelques mois, car les Canadiens ont encore beaucoup d’économies qu’ils ont accumulées pendant la pandémie.

La meilleure façon de se protéger de l’inflation entretemps ? Pour ceux qui le peuvent, laisser sa voiture dans l’entrée. Le prix de l’essence compte pour environ le tiers de l’augmentati­on totale de l’inflation.

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