Les Affaires

À quand l’expérience gestionnai­re ?

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a rareté de la maind’oeuvre pousse les employeurs à fidéliser leurs salariés en offrant une excellente expérience employé. La semaine de quatre jours, les tracances… Et en plus de toutes ces mesures, il faut continuer à croître, les clients attendent, les délais s’allongent et la surcharge se dessine à l’horizon. Or, l’expérience employé ne réglera pas tout et nous fait oublier une chose importante : l’expérience gestionnai­re.

Si vous n’avez jamais officielle­ment entendu parler de cette expression jusqu’à maintenant, c’est normal. L’expérience employé a fait couler beaucoup plus d’encre.

Or, le gestionnai­re n’y est pas explicitem­ent inclus. Perçu comme un levier, il contribue plutôt à ladite expérience du groupe. Selon moi, il faut remédier au fait d’omettre les gestionnai­res dans l’expérience et les y inclure définitive­ment.

Une étude du European Journal of Psychotrau­matology portant sur la santé mentale des gestionnai­res durant la pandémie de la COVID-19 a rapporté que 9,6% des participan­ts avaient vécu de l’anxiété de modérée à sévère, et que 10,7% avaient vécu des états de dépression de modérée à sévère.

Le groupe de chercheurs Dagenais-Desmarais, Forest, Crevier-Braud, Bergeron et Girouard souligne dans la revue Gestion d’HEC Montréal que les gestionnai­res sont des acteurs clés dans la satisfacti­on des besoins des employés. Ils doivent adopter des comporteme­nts et des attitudes qui

Lfavorisen­t le mieux-être au travail. S’ils montrent eux-mêmes des symptômes de problèmes de santé mentale, il leur sera difficile d’être à l’écoute des employés.

Un gestionnai­re peut également souffrir d’insatisfac­tion, de manque de ressources, d’un climat toxique, de perte de sens, etc. Pire encore, il peut se sentir isolé entre la haute direction et son équipe. Qu’advient-il alors de la qualité des relations et du travail s’il se sent épuisé ou désorienté ?

Aligner les expérience­s

Si vous voulez améliorer l’expérience employé, misez aussi sur l’expérience gestionnai­re. « L’expérience employé n’a de sens que si l’expérience gestionnai­re est positive, selon Denis Tremblay, président d’Alliance Management. C’est un écosystème et tout doit être cohérent. L’expérience se traduit par ce que les gens ressentent, vivent, constatent et apprennent au travail. Elle doit être bien alignée vers l’expérience employé et vers la haute direction. » Alors, comment enrichir l’expérience gestionnai­re ?

Impliquer

Le bien-être global peut devenir un projet commun où employés, cadres et haute direction unissent leurs talents. Il n’en résulterai­t donc pas simplement une « responsabi­lité » reposant sur les épaules d’un petit groupe.

Former

Un gestionnai­re qui débute dans son poste peut malencontr­eusement commettre des erreurs qui auront des répercussi­ons sur l’employé. Le salaire ne compensera pas longtemps pour un manque de respect ou une injustice, qu’elle soit intentionn­elle ou non. Les plans de développem­ent et la formation connaissen­t un franc succès auprès des gestionnai­res.

Valorisati­on 360

La valorisati­on des compétence­s, qu’elle provienne des employés, de la haute direction ou du CA, doit aussi être promue auprès des gestionnai­res, car elle contribue à une expérience agréable.

L’humain reste humain

L’expérience qu’offre un employeur ne doit pas se faire au détriment d’un groupe ni d’un statut. Il faut voir les membres de l’organisati­on comme étant importants, peu importe le rôle. Les mesures favorisant le bien-être ne peuvent pas uniquement être dirigées vers un petit groupe. C’est le « nous » qui compte.

Aujourd’hui, il n’est nullement question d’être « pro-boss » ou « pro-employé ». Il s’agit d’être un « nous » équilibré, puis aligné. C’est le groupe qui réussira ensemble à surmonter les défis de ce monde du travail.

Jenny Ouellette,

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