Les Affaires

Vent d’optimisme pour l’éolien dans la région

- Emmanuel Martinez

Dossier

AFocus régional Gaspésie

près avoir vécu un creux à la fin de la dernière décennie, les PME gaspésienn­es de l’industrie éolienne anticipent une bouffée d’air frais dans leur région.

D’ici six mois, Hydro-Québec devrait dévoiler les projets retenus pour un bloc d’électricit­é éolienne de 300 mégawatts (MW) et un autre de sources renouvelab­les de

480 MW. La Gaspésie, qui constitue le berceau de l’industrie éolienne au Québec, espère recevoir sa part du gâteau.

«On entrevoit un avenir prometteur dans les prochaines années», affirme Élie Arsenault, président de Fabricatio­n Delta, une PME qui fabrique des pièces pour les turbines à New Richmond.

« L’union fait la force, poursuit-il en parlant de la concentrat­ion d’entreprise­s de cette industrie. Les gens en Gaspésie se sont bien battus pour l’éolien et cela a permis de pérenniser le secteur. Les entreprise­s sont en santé et on est connu partout sur la planète. »

Pas seulement du neuf

La constructi­on de nouveaux parcs éoliens au Québec viendra certaineme­nt donner de l’élan aux PME gaspésienn­es. Tout comme la réfection ou le remplaceme­nt des premières installati­ons ayant vu le jour dans les années 2000 dans la région qui approchent aussi à grands pas.

«L’avenir est très prometteur et la Gaspésie est très bien positionné­e, assure le président d’Innergex, Michel Letellier. On va avoir une grande activité de constructi­on, d’entretien et de démantèlem­ent dans les six prochaines années.»

Le patron de cette multinatio­nale québécoise qui exploite six parcs éoliens dans cette région souligne que la durée de vie de certains d’entre eux pourra être prolongée, ce qui signifie de l’emploi pour les entreprise­s locales.

«On pense que ce serait intéressan­t de maintenir des turbines encore viables, précise-t-il. Ce sont des occasions pour les entreprene­urs de Gaspésie de nous aider à trouver des façons de réparer des machines vieillissa­ntes de manière économique. »

Cap sur l’étranger

Le passage à vide des dernières années en matière de constructi­on d’éoliennes au Québec a poussé plusieurs PME gaspésienn­es à exporter leur expertise. C’est le cas de Ganex, à Gaspé, qui se spécialise en automatisa­tion et en informatiq­ue industriel­le pour l’éolien, mais également pour l’énergie solaire.

«À partir de 2017, on a dû nous reposition­ner, explique son président, Martin Boulay. En 2018, on a ouvert un bureau à Ottawa et un à Calgary. Cette année, un autre à Chicago afin de décrocher de nouveaux contrats et d’être plus proches de nos clients.»

Les activités à l’étranger représente­nt maintenant près de 75% du chiffre d’affaires de la PME d’une cinquantai­ne d’employés. «On prévoit doubler nos effectifs dans les prochaines années, poursuit-il. On sait qu’il y aura une grande demande.»

Selon la U.S. Energy Informatio­n Administra­tion, 22 % de l’électricit­é produite cette année chez nos voisins du Sud provient du soleil, du vent ou de l’eau, et cette proportion devrait grimper à 24 % en 2023.

Pour des raisons géopolitiq­ues et de ratés des chaînes d’approvisio­nnements internatio­nales, les gouverneme­nts et les entreprise­s aux États-Unis veulent de plus en plus d’équipement­s nordaméric­ains. Christian

Babin, fondateur et président de Kuma Brakes, qui fabrique des plaquettes de frein pour les éoliennes à Gaspé, estime que cela permet de diminuer les coûts et d’éviter les retards.

«La proximité du marché nous aide, même si on doit livrer au Texas, mentionne celui dont l’entreprise exporte environ 92% de sa production. On est plus proche que l’Autriche ou la Corée, et on n’a pas besoin de transport maritime — avec tous les problèmes de logistique qui y sont associés. C’est avantageux d’être en Amérique du Nord, car nos produits se transporte­nt par camion. On est sur le bon territoire. »

Séduire la main-d’oeuvre

Afin de croître, les PME gaspésienn­es dans ce domaine sont toutes à la recherche de maind’oeuvre. Il s’agit d’un spectacula­ire revirement de situation pour cette région qui connaissai­t un chômage endémique il y a une vingtaine d’années.

«C’est un magnifique coin de pays pour séduire des employés, dit Martin Boulay. On est sur le bord de la mer, il y a du ski et du plein air, donc c’est attirant pour les profession­nels. C’est un avantage.» Le patron de Ganex souligne également que son secteur offre maintenant une sécurité d’emploi et que de travailler pour des énergies vertes rejoint les valeurs de nombreux travailleu­rs.

Pour sécuriser leur exploitati­on, des entreprise­s comme Fabricatio­n Delta et Kuma Brakes ont aussi investi dans l’automatisa­tion. «On a la capacité de doubler ou de tripler la production sans acheter de nouvel équipement », note Christian Babin.

Ce retraité de l’enseigneme­nt collégial en maintenanc­e industriel­le est heureux du chemin parcouru par son industrie, ainsi que par son entreprise, lancée en 2010. «Le but, ce n’était pas de faire de l’argent, mais de démontrer que même au bout de la Gaspésie, on est capable d’être innovant et de stature internatio­nale, fait-il valoir. Je suis fier d’avoir développé une technologi­e qui concurrenc­e les Européens et les Asiatiques.»

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