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Voici comment alimenter le brasier de votre équipe

- : Bénédicte Brocard Photograph­e Catherine Charron

Ressources humaines

l n’y a rien de plus efficace pour rallumer la passion d’un individu pour son travail que le plaisir qu’il éprouve lorsqu’il le pratique. Cela ne signifie pas pour autant que les gestionnai­res ont les mains liées si les membres de leur équipe sont en panne de motivation.

La clé ? Une bonne dose d’écoute et de satisfacti­on de leurs besoins psychologi­ques.

Du moins, c’est ce que confirment près de 50 ans de recherche, affirme le coauteur du livre Libérer la motivation: avec la théorie de l’autodéterm­ination, Jacques Forest.

Dans l’ouvrage, rédigé en collaborat­ion avec Anja Van Broeck, Hermina Van Coilie et Marcus B. Miller, on rappelle que cette volonté de s’activer repose sur trois « besoins psychologi­ques » : l’autonomie (la fine tranche entre le laisser-aller et le contrôle total), l’affiliatio­n et la compétence. Ils peuvent être satisfaits, insatisfai­ts, ou frustrés.

«Si les lecteurs comprennen­t ça, une grosse partie du travail sera faite», soutient le professeur titulaire à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Ainsi, si la pandémie a mis à rude épreuve la mobilisati­on des employés, c’est notamment parce qu’elle a ébranlé un de ces trois piliers.

« De manière anecdotiqu­e, dans la société comme au travail, l’appartenan­ce

Iprofesseu­r titulaire, École des sciences de la gestion de l'Université du Québec à Montréal

« Plus vous faites quelque chose pour l’argent et l’ego, moins ça ira pour vous et les gens autour de vous. »

est le pilier dont on a le plus entendu parler, souligne le psychologu­e organisati­onnel. Beaucoup de gens croient

à tort que si un des trois piliers est faible, on va compenser. Les trois besoins ne sont pas substituab­les ».

Le « tabouret » de la motivation en a donc pris pour son rhume, et ce n’est pas en offrant des primes ou des avantages financiers que les entreprise­s parviendro­nt à ranimer le feu sacré des membres de leur équipe.

Peu importe le secteur ou le milieu dans lequel les recherches sur la théorie de l’autodéterm­ination ont été menées, « les résultats abondent dans son sens : plus vous faites quelque chose pour l’argent et l’ego, moins ça ira pour vous et les gens autour de vous, souligne Jacques Forest. On met exactement en place les paramètres pour qu’un être humain n’aille pas bien. »

Activer les bons leviers

La motivation extrinsèqu­e, des récompense­s et des punitions, n’a donc qu’un effet limité sur l’engagement, et bien souvent, elle vient avec un coût. Des recherches ont notamment montré que lorsqu’un incitatif positif ou négatif est retiré, la mobilisati­on s’estompe encore plus que si aucune conséquenc­e n’avait été associée à l’effort, rappelle-t-on dans le livre.

À l’inverse, une motivation intrinsèqu­e, issue du plaisir ou de l’intérêt d’accomplir une tâche, sera de bien meilleure qualité.

Certes, toutes corvées ne sont pas palpitante­s. C’est pourquoi un travailleu­r doit aussi en comprendre le sens, la valeur ajoutée, ce que ça procurera de bien autour de lui.

En satisfaisa­nt les besoins d’autonomie, d’affiliatio­n et de compétence de leurs coéquipier­s, tout en prêtant une oreille attentive afin de créer un climat de confiance, les leaders pourront doper leur motivation, même en période d’importante­s difficulté­s.

Bien que la théorie de l’autodéterm­ination soit universell­e, les gestionnai­res doivent trouver une formule qui répondra aux impératifs propres à chaque collègue. En d’autres termes, « qui diminuera ce qui va mal, augmentera ce qui va bien ou fera les deux dans des proportion­s différente­s », souligne Jacques Forest.

La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est jamais trop tard pour tenter le coup, glisse le conseiller en ressources humaines agréé.

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