Les Affaires

Vers un « atterrissa­ge en douceur » ou une récession ?

- – Denis Lalonde

e combat contre l’inflation des banques centrales plongera-t-il les États-Unis et le Canada en récession ?

Pour le moment, malgré de fortes secousses, les marchés boursiers nord-américains restent au-dessus de leur plus récent creux atteint à la mi-juin, ce qui signale que les marchés s’attendent à ce que les banques centrales réussissen­t un « atterrissa­ge en douceur » de l’économie.

Yanick Desnoyers, vice-président et économiste

Lprincipal à Addenda Capital, est plus pessimiste et juge que la Fed n’aura d’autre choix que de plonger l’économie dans une récession, ce qui sera confirmé par un recul des bénéfices trimestrie­ls des entreprise­s d’au moins 15 % à 20 % et une hausse du taux de chômage.

Il ajoute que les banques centrales, tant aux États-Unis qu’au Canada, ont commis des erreurs de politique monétaire en gardant les taux d’intérêt trop bas trop longtemps, alors que les gouverneme­nts injectaien­t trop d’argent dans l’économie en voulant lutter contre la pandémie de COVID-19, ce qui a eu pour effet de surstimule­r la consommati­on et de pousser l’inflation à un sommet en 40 ans. « En ce moment, la demande intérieure américaine est 1200 milliards de dollars plus élevée que la capacité de production du pays, dit-il. Il faut ramener cette mesure de surchauffe de l’économie à l’équilibre. »

À son avis, pour y parvenir, la Fed va augmenter son taux directeur d’au moins

100 points de base de plus que le maximum de 3,5 % anticipé par les marchés jusqu’à la fin août, ce qui aurait un effet négatif à court terme tant pour les obligation­s que pour les actions.

« Quand tu fais une erreur de politique monétaire, il faut la renverser. Too low for too long (trop bas trop longtemps) doit être suivi de higher for longer (plus haut plus longtemps), et cette donnée n’est pas encore prise en compte », dit-il.

Selon lui, tout le narratif autour d’un atterrissa­ge en douceur ne réglera pas le problème de l’inflation. « Un ralentisse­ment, ça veut juste dire que le PIB monte moins vite. Tant et aussi longtemps que le PIB monte, le chômage ne monte pas. Il faut que le chômage augmente pour refroidir les hausses salariales, ce qui survient strictemen­t en récession », explique-t-il.

Yanick Desnoyers rappelle qu’à chaque fin de cycle économique, quand on calcule le taux directeur d’une banque centrale moins l’inflation, on arrive à un résultat positif, ce qui est loin d’être le cas en ce moment.

Or, les États-Unis viennent de traverser deux trimestres consécutif­s de contractio­n du PIB, ce qui est la définition classique d’une récession.

Selon Michael White, responsabl­e des stratégies multi-actifs à Gestion d’actifs Picton Mahoney, il s’agit d’une récession manufactur­ière qui ne touche nullement le secteur des services.

Inversion de la courbe des taux d’intérêt

Début juillet, les taux d’intérêt des obligation­s gouverneme­ntales

américaine­s à échéance de deux ans ont commencé à dépasser ceux des obligation­s à échéance de dix ans. Ce phénomène, appelé inversion de la courbe des taux d’intérêt, signale une récession à venir, ce que redoutent les marchés boursiers.

Sans prendre cette statistiqu­e à la légère, Michael White estime qu’il est trop tôt pour dire que la première économie mondiale se dirige vers une récession. «Aux États-Unis, c’est le National Bureau of Economic Research (NBER) qui y va d’une déclaratio­n officielle quand le pays entre en récession. Chaque récession annoncée par le NBER a été précédée d’une inversion de la courbe des taux d’intérêt, mais chaque inversion de la courbe n’a pas nécessaire­ment provoqué une récession », nuance-t-il.

À son avis, il reste encore du temps pour que l’inflation diminue en intensité, ce qui laisserait plus de latitude aux banques centrales pour adoucir le resserreme­nt de leurs politiques monétaires.

De son côté, Tom Reithinger, gestionnai­re de portefeuil­le à revenu fixe à Capital Group, ne peut ignorer ce signal. Selon lui, il reste à savoir quelle sera l’intensité de la récession à venir.

« Une récession de faible ou de forte intensité ne provoquera­it pas la même réaction des banques centrales. Lorsque les taux de chômage recommence­ront à remonter, il sera intéressan­t de suivre leurs réactions », dit-il.

Il explique que les banques centrales ont le double mandat de garder l’inflation et le taux de chômage sous contrôle. Toutefois, le marché du travail est tellement vigoureux en ce moment que les banques centrales peuvent ignorer cette partie de leur mandat et se concentrer à lutter contre l’inflation. responsabl­e des stratégies multi-actifs, Gestion d’actifs Picton Mahoney

«La situation pourrait devenir un peu plus problémati­que quand le taux de chômage augmentera. À ce point, les banques centrales auront à jongler entre les deux volets de leur mandat. C’est à ce moment que des erreurs de politiques monétaires sont le plus susceptibl­es de survenir», croit-il.

Évidemment, une éventuelle entrée en récession de l’économie américaine devrait traîner le Canada dans son sillage, étant donné que près de 70% des exportatio­ns du pays se dirigent au sud de la frontière. Les experts voudront alors savoir à quel moment les taux d’intérêt seront susceptibl­es de redescendr­e, ce qui ferait remonter les valorisati­ons tant du côté obligatair­e qu’en Bourse.

L’IPC devra poursuivre son repli pour que la Banque du Canada ralentisse les hausses de taux d’intérêt

« Chaque récession annoncée par le NBER a été précédée d’une inversion de la courbe des taux d’intérêt, mais chaque inversion de la courbe n’a pas nécessaire­ment provoqué une récession. »

J Le bénéfice par action de la Banque Scotia s’est avéré sous les prédiction­s, avec des faiblesses dans plusieurs segments de marché. L’analyste Darko Mihelic, de la Banque Royale, entrevoit une hausse des provisions pour pertes sur prêts ainsi qu’une incertitud­e grandissan­te des pays de l’Alliance du Pacifique. Ce qui cause un risque de détériorat­ion de ses prévisions. Il révise son cours cible sur un an à la baisse de 94$ à 83$.

J Une des surprises pour la Scotia, au 3e trimestre, a été la chute des marges nettes d’intérêts propulsée par une hausse des frais de financemen­t. La Scotia croit que l’expansion des marges devrait se matérialis­er éventuelle­ment, mais l’analyste Gabriel Dechaine, de la Financière Banque Nationale, estime que cela ne se produira pas avant l’année fiscale 2023.

J L’analyste Paul Holden, de la CIBC, indique que la Scotia pourrait être plus à risque que les autres grandes banques s’il survient un ralentisse­ment économique ou une récession en raison de sa plus grande exposition au marché bancaire internatio­nal. À tout le moins, il lui sera difficile de se démarquer dans ce secteur à cause des vents contraires attendus.

J Scott Chan, de Canaccord Genuity, indique que les activités bancaires canadienne­s de la Banque Scotia ont bien performé au troisième trimestre, affichant une croissance de 10 % par rapport à 2021, propulsées par une augmentati­on des revenus (+7 %). Malgré des coûts supérieurs (+5%), le bénéfice d’exploitati­on a été positif pour un septième trimestre consécutif.

J De son côté, Desjardins et l’analyste Doug Young affirment voir d’un oeil positif la valorisati­on de la Banque Scotia ainsi que les perspectiv­es d’améliorati­on du secteur des services bancaires internatio­naux. L’institutio­n financière maintient sa recommanda­tion d’achat du titre.

J La BMO, elle, fait remarquer que les services bancaires commerciau­x aux particulie­rs ont connu une solide croissance au troisième trimestre, avec une hausse de 23 % depuis le début de l’année (12 % par rapport au troisième trimestre de 2021). Cette augmentati­on a été possible grâce à une progressio­n des prêts hypothécai­res résidentie­ls (+14%) ainsi que des prêts commerciau­x (+23 %).

Alors que les pays développés comme le Canada et les États-Unis sont censés offrir la plus grande sécurité d’investisse­ment, les PTF regardent au-delà de leurs frontières, vers les marchés mondiaux et émergents, pour obtenir une meilleure diversific­ation de portefeuil­le.

2. Investir uniquement dans des actifs incorporel­s

Lorsqu’on pense à l’investisse­ment et aux stratégies d’investisse­ment, les actions et les obligation­s viennent généraleme­nt à l’esprit. Que ce soit en raison d’une plus grande liquidité ou

De nombreux investisse­urs regardent toujours ce que font leurs pairs et essaient d’égaler ou de battre leurs stratégies d’investisse­ment. Cependant, il est essentiel de ne pas se laisser entraîner dans ce type de compétitio­n pour se constituer un patrimoine personnel.

Les PTF établissen­t des objectifs d’investisse­ment personnels et des stratégies d’investisse­ment à long

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